L’expression femme battante est redondant mais c’est le moins que l’on puisse dire de Safoura Sinna. Dynamique, engagée et formatrice en saponification, Safoura Sinna fait partie des femmes entrepreneurs qui attirent l’attention au Burkina Faso.
Du haut de ses 1m70, Safoura Sinna, originaire de la province de Koulpélogo, plus précisément dans la commune de Comin-yanga est une femme joviale. Il n’en faut pas longtemps pour la remarquer tant son sourire est l’une de ses qualités. De teint noir, avec la trentaine qui s’annonce, Safoura Sinna, célibataire et mère d’une fille, a fait ses premiers pas d’écolière, à Cinkansé, à la frontière entre le Burkina et le Togo. Donc, elle quittait son village situé à 10km de l’école pour aller étudier.. A la fin de l’année 2012, elle décroche son BEPC.
En 2013, après le décès de sa mère, Safoura s’inscrit à l’école de santé Sainte Edwidge, au Burkina Faso où elle reste jusqu’en 2015.
« Après Sainte Edwige, j’ai passé une première fois l’intégration qui a échoué et une deuxième fois. Mais, avant ça, j’avais fait des stages dans différents centres de santé », se remémore-t-elle.
Ces échecs à l’intégration, poussent la jeune Safoura, en son temps, à enterrer ses espoirs et à chercher un travail dans des services privés de santé.
Mais, ce n’est que le début de ses difficultés dans ce domaine. En effet, Safoura conduite par le destin à Houndé va travailler dans une clinique.
« Après que mon patron m’ait jeté à la figure une somme de 5000f pour 4 mois de travail, en guise de carburant, l’idée d’entreprendre a pris le dessus en moi », explique-t-elle, toute revoltée.
C’est le déclic de son parcours entrepreneurial. Dans un esprit revanchard, Safoura Sinna n’a plus qu’un seul objectif. Être entrepreneur afin de se démarquer en tant que femme autonome. Surtout que la santé n’est pas pour elle, une passion.
Il n’y a pas de sot métier, a-t-on pour habitude de dire et le parcours de Safoura Sinna est une parfaite incarnation de ce dicton.
A peine, a-t-elle quitté la santé, Safoura Sinna s’est lancée dans la vente du Donkounou, une spécialité togolaise avec la somme de 10 000.
Elle vit l’expérience pendant huit mois et réussit à économiser. Avec l’aide de sa sœur, Safoura inaugure un salon de coiffure à Houndé en début d’année 2019.
《 Quand j’ai inauguré le salon, j’ai commencé à me former en cosmétique et saponification 》, clarifie-t-elle.
Et ce n’est pas tout. Elle crée plus tard, l’association des coiffeuses de Houndé, qui regroupe aujourd’hui, plus de cinquante membres.
Plus de 7000 personnes formées
Safoura, avec un plus grand rêve, s’installe à Ouagadougou et élargit son champ entrepreneurial en proposant des formations en saponification, toujours en 2019.
« De 2019 à nos jours, j’ai eu à former plus de 7000 personnes dans les différentes provinces, régions et communes rurales au Burkina et dans d’autres pays comme la Côte d’ivoire et le Togo », affirme-t-elle.
En tant que formatrice, la jeune dame a vu naître plusieurs entreprises, coopératives et associations grâce à ses services offerts.
Promotrice de l’entreprise Myriam cosmétique et bio ainsi que Karipur au Burkina Faso, Safoura tire sa passion entrepreneuriale, de sa mère.
《Depuis toute petite, j’ai toujours voulu entreprendre. Vu que ma mère était entrepreneure, j’avais voulu emboîter ses pas», explique-t-elle.
Avec plus de 5 ans d’expérience dans le domaine de la cosmétique, Safoura Sinna apporte sa contribution à la lutte contre la dépigmentation en sa qualité d’agent itinérant de santé et d’hygiène communautaire. Cela, en fournissant des produits de cosmétiques bio de qualité accessibles à tous.
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Alors qu’elle rêve d’un monde d’équité où les femmes sont autonomes et jouissent de leurs droits, Safoura Sinna soutient la dynamique de l’autonomisation économique des jeunes filles et femmes.
Elle accorde une attention particulière aux femmes démunies dont les veuves, les déplacées internes, celles victimes de fistules obstétricales et VBG.
《Pour ce faire, j’assure la formation en saponification et en cosmétique à base de nos matières premières », clarifie-t-elle.
Selon l’intéressée, le domaine de la saponification et la cosmétique est plus que rentable et permet de lutter contre le chômage.
《 Grâce à ce métier, j’arrive à subvenir à mes besoins, à faire des réalisations et à payer la scolarité de mon enfant. Aussi, je paie mes employés et aide également certaines personnes, nous confie-Safoura Sinna.
Une femme ambitieuse
Malgré tout ce que l’on a pu constater sur elle, Safoura aspire plus à impacter la société burkinabè. Pour ce faire, elle entend poursuivre ses recherches, se former davantage en entrepreneuriat afin de pouvoir toucher plus de personnes dans le monde entier.
Quand on parle d’ambitions, Safoura en a une tonne. Déterminée à les concrétiser, elle souhaite développer une marque unique, créer une identité forte et reconnaissable, mettre en avant des valeurs comme le naturel, la durabilité ou l’innovation et se différencier par l’innovation.
Au regard de ce qu’elle propose, Safoura rêve de distribuer ses produits dans des magasins spécialisés, pharmacies ou grandes surfaces, collaborer avec des salons de beauté et des spas et internationaliser son activité.
De l’autre côté, soutenir des causes sociales ou environnementales est une envie manifeste de Safoura Sinna.
Abdoulaye Ouédraogo