Le 6 février marque la commémoration de la Journée internationale « Tolérance zéro aux Mutilations génitales féminines (MGF) », une occasion de réaffirmer l’engagement du Burkina Faso dans la lutte contre cette pratique néfaste. Dans son message, la ministre de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale, le Commandant Passorwendé Pélagie Kabré Kaboré, met en avant les progrès réalisés tout en soulignant la nécessité d’accélérer le rythme pour atteindre l’objectif d’éradication totale d’ici 2030. Un appel est lancé à l’ensemble des acteurs pour renforcer les alliances et intensifier les efforts en faveur des droits des filles et des femmes. L’intégralité du message dans les lignes qui suivent.
La communauté internationale commémore le 06 février de chaque année, la Journée Internationale « Tolérance zéro aux Mutilations génitales féminines » (MGF).
En rappel, c’est le 06 février 2003 que Madame Stella Obasanjo (ex Première Dame du Nigéria), porte-parole de la Campagne contre les MGF a institutionnalisé la Journée internationale « Tolérance zéro aux mutilations génitales féminines » lors de la conférence organisée par le Comité Inter-Africain sur les pratiques traditionnelles ayant un effet sur la santé des femmes et des enfants en Afrique (CI AF).
Pour cette 23ème édition, le thème retenu par les Nations Unies est : « Accélérer le rythme. Renforcer les alliances et créer des mouvements pour mettre fin aux MGF ». Ce thème nous interpelle tous, à prendre à bras le corps la question de l’élimination des MGF afin que notre pays soit au rendez-vous en 2030, échéance fixée pour l’élimination totale de la pratique au Burkina Faso.
Les Mutilations Génitales Féminines sont une pratique qui porte atteinte aux droits fondamentaux de millions de femmes et de jeunes filles à travers le monde. Plus de 200 millions de filles et de femmes ont déjà subi les MGF dans le monde et plus de 500 millions de filles de moins de 15 ans risquent d’être soumises à cette pratique préjudiciable et irréversible d’ici à 2030 si nous n’accélérons pas la lutte à travers une synergie d’actions de l’ensemble des acteurs.
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Après trois décennies de lutte contre les MGF, le Burkina Faso a engrangé de nombreux acquis au titre desquels on peut mentionner entre autres :
- L’engagement de plus de 6000 communautés villageoises à abandonner la pratique de l’excision à travers l’organisation de cérémonies de déclarations publiques ;
- Le rôle de plus en plus actif des leaders coutumiers et religieux dans la lutte contre les attitudes négatives et les normes sociales qui perpétuent la pratique de l’excision ;
- L’existence d’une multitude d’acteurs de la société civile œuvrant de façon active sur le terrain dans la promotion de l’élimination des MGF aux cotés des structures étatiques ;
- Une augmentation progressive des agents de santé formés pour la prise en charge des complications et séquelles de l’excision, et plus de 600 agents repartis sur toute l’étendue du territoire national ;
- L’intégration de modules sur les MGF dans les curricula d’enseignement du primaire, du secondaire et dans les écoles professionnelles de santé ;
- La création d’un numéro vert (80 00 11 12) pour les dénonciations anonymes des tentatives ou cas de pratique de MGF ;
- Les jugements des auteurs et complices de pratiques de MGF ;
- La prise en charge médicale de plus de quatre mille six cent (4600) filles et femmes victimes d’excision ; etc…
Tous ces efforts conjugués ont entrainé une baisse significative de la prévalence des MGF dans notre pays. A titre d’exemple, la prévalence de l’excision parmi les femmes dont l’âge est compris entre 15 et 49 ans est passé de 76% en 2010 (EDS IV) à 56% en 2021 (EDS V). Pour les filles de 0 à 14 ans, la prévalence est passée de 13% en 2010 à 9% en 2021 selon la même source.
Nonobstant l’engagement des différents acteurs et l’existence d’une législation punitive en la matière, des enfants et des jeunes filles continuent à subir cette pratique. A titre illustratif, il a été enregistré de 2023 à 2024, plus de quatre-vingt victimes d’excision dans plusieurs localités du pays.
Les jeunes filles, les femmes y compris les victimes, ainsi que les hommes et les jeunes garçons, à travers les associations, les alliances et les mouvements ont donc un grand rôle à jouer en tant qu’acteurs pour l’abandon de cette pratique.
C’est pourquoi, il est plus qu’important que nous puissions agir à tous les niveaux et avec détermination afin de lever toute équivoque et tout amalgame sur certains arguments inventés par les adeptes de la pratique des MGF, tendant à justifier son retour à partir de l’instauration de la journée des coutumes et des traditions au Burkina Faso.
L’excision demeure bel et bien une pratique néfaste interdite et punie par la loi au Burkina Faso, et tout contrevenant s’expose à la rigueur de la loi en vigueur. Je reste convaincu qu’ensemble, nous réaliserons notre objectif « Tolérance zéro aux Mutilations génitales féminines » d’ici à 2030.
Bonne commémoration de la Journée Internationale « Tolérance zéro aux MGF » à toutes et à tous !