Devant autorités, parents, amis, et connaissances, Jeanne Somé/Dombwa, ancienne secrétaire d’État chargée de l’Alphabétisation, à la retraite, a procédé ce dimanche 5 janvier 2025, à Ouagadougou, à la dédicace de son œuvre « Bohan ou la fille des Rochers » . A travers cette cérémonie, Jeanne Somé reçoit à 82 ans son baptême de femme de lettres et entre dans la communauté des auteurs .
Bohan ou la fille des Rochers est une œuvre autobiographique qui retrace la vie d’une femme, celle de Jeanne Somé /Dombwa. A travers ce livre, l’auteur donne un enseignement aux générations montantes sur les valeurs sociétales et d’honnêteté au travail.
La foi chrétienne au cœur du récit
Dans la présentation faite par le Professeur Yves Dakouo, par ailleurs préfacier du livre, il retrace la vision et la philosophie de l’auteure. « La fille des rochers n’est pas une œuvre de fiction, ce n’est pas un roman, c’est un écrit qui est organisé autour du réel, autour de l’expérience de la personne qui se met en position d’écrivain », a-t-il indiqué avant de préciser que l’ouvrage est structuré en deux grands tableaux : le premier tableau est dominé par la foi de Jeanne Somé et qui fait à peu près 200 pages et le 2e tableau est un recueil de 70 témoignages de personnes très diversifiées qui donnent leurs opinions sur Jeanne Dombwa.
Quatre grandes valeurs ressortent à travers ce récit selon Yves Dakouo,: la foi religieuse, l’amour, le dévouement pour l’intérêt public et l’attachement à un terroir.
La foi chrétienne, est la principale clé qui permet de comprendre la personnalité de l’auteure. Fille de catéchiste, elle a grandi dans une famille chrétienne vivant au rythme des prières quotidiennes et des fêtes religieuses. Le fait de grandir dans des lycées catholiques, le fait d’enseigner dans des lycées catholiques, son engagement au sein de l’Eglise catholique, le pèlerinage en terre sainte sont des aspects qui montrent que la vie de l’auteure repose sur la foi. Ce livre est considéré comme un acte de reconnaissance pour tous les bienfaits du créateur à l’endroit de Jeanne Somé.
« une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds »
Selon le présentateur Yves Dakouo, il se dégage dans l’ouvrage la personnalité d’une femme au caractère bien trempé, une femme qui ne mâche pas ses mots et une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Ce qui lui a valu le surnom de dame de fer.
Le récit laisse transparaître également une femme de rigueur et une femme d’initiative, titulaire de deux médailles de commandeur : commandeur de l’Ordre académique et commandeur de l’Ordre national. Des questions d’importance sociales y sont également abordées comme la dimension historique et la dimension culturelle. L’histoire des pratiques pédagogiques, la préparation à la vie sociale, la structuration du ministère de l’éducation, le rôle social qu’elle a eu à jouer…
Dans son témoignage, l’auteure Jeanne Somé a fait ressortir que ses premiers mots doivent aller à l’auteur de la vie, le seigneur. Elle a traduit aussi sa reconnaissance envers ses parents et son époux, tous rappelés à Dieu. « J’ai bricolé quelque chose parce que les enfants me demandaient et j’ai dit je vais m’y mettre. J’avoue que ça n’a pas été facile. A un moment j’ai failli tout laissé tomber. Mais il y a eu des gens qui m’ont encouragé. Quand je me suis adressée à mon neveu, le Professeur Yves, il a trouvé que c’était une excellente idée et qu’on allait s’accompagner », a-t-elle indiqué.
A travers ce récit autobiographique, Jeanne Somé a voulu retracer sa vie d’enfance jusqu’à l’âge adulte dans un jeu d’équilibre. Unique fille d’une fratrie de 6 enfants, sa naissance a procuré une grande joie à son père qui attendait une fille après tant de garçons. « Bohan c’est mon nom traditionnel. J’ai voulu que les gens connaissent mon nom traditionnel. Bohan c’est la fille des rochers. J’ai été éduquée dans le sens qu’il faut se battre dans la vie. On ne réussit pas quelque chose en s’asseyant les bras croisés et en comptant sur les autres. Il faut se battre », conseille-t-elle.
Au-delà de l’histoire personnelle et familiale, la fille des rochers a une valeur anthropologique selon le Pr Yves Dakouo. L’ouvrage compte cinq parties évoquant les moments importants de la vie de Jeanne Somé Dombwa : son enfance, l’adolescence, les études supérieures, la carrière professionnelle, le mariage et la vie de famille, la vie sociale et culturelle, la vie de foi. Il est paru aux Éditions Céprodif, compte 298 pages et disponible au prix de 5000FCFA.
A propos de l’auteure
Jeanne Somé/Dombwa est née à la frontière ouest du Burkina Faso avec le Mali en 1943. Elle a été inscrite à l’école primaire de la mission catholique de Mandiakuy au Mali en 1952. Après le CEPE, elle s’est retrouvée au collège de jeunes filles de Tounouma à Bobo Dioulasso (dans l’ex Haute Volta) où elle a décroché le BEPC en 1962. Envoyée ensuite au collège de jeunes filles de Kologh-Naba (Ouagadougou), elle réussit au Baccalauréat en juin 1965. Elle a fréquenté l’université d’Abidjan à la rentrée scolaire 1965. En juin 1967, elle arrêta les études supérieures et se retrouva enseignante au collège de jeunes filles de Tounouma (Bobo Dioulasso). En 1974, elle entre dans la fonction publique et est affectée au Lycée Ouezzin Coulibaly comme professeur. En 1980, elle passe le concours des inspecteurs de l’enseignement du premier degré et rejoint l’école des cadres IPB (Institut Pédagogique du Burkina) d’où elle sort en 1982 munie de son diplôme d’inspecteur de l’enseignement du premier degré.
Jeanne Somé/Dombwa a occupé de nombreux postes de direction dans son ministère. Elle a été conseiller technique du ministre de l’Enseignement de base, puis secrétaire d’État chargée de l’Alphabétisation. Elle a aussi été membre du conseil constitutionnel. En 2008, elle prend définitivement sa retraite.
Assétou Maiga
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