Le journaliste et éditorialiste burkinabè Aristide Ouédraogo vient d’enrichir la liste de ses œuvres littéraires avec la sortie de son nouveau roman intitulé “Le sortilège et la fille du roi“. Ce roman raconte une histoire qui allie traditionalisme et modernisme. L’auteur est également le secrétaire permanent de la commission africaine de la session alternative de la condition de la femme, expert en communication Genre.
“Le sortilège et la fille du roi“ est un récit plein de sens qui retrace la vie quotidienne dans le village de « Ramong-tinga ». Ce roman permet de comprendre le fonctionnement de la chefferie coutumière et celui de la chefferie traditionnelle en faisant ressortir les différences et similitudes entre les deux. Véritable enseignement, cette œuvre est un retour aux sources. Elle enseigne que chaque prénom a une signification.
Les jumeaux lorsqu’il s’agit d’une fille et d’un garçon s’appellent “Raogo“ et “Poko“. Leurs petits frères ou sœurs “Kouka“ ou “Kirsi“. Ceux qui s’en suivent “Kogbila“, “Kogpoko“, “Kirbila“, “Kirpoko“, “Kirsyamba“.
Lorsque dans le foyer, des couples ont des difficultés pour concevoir un enfant, ils peuvent se donner le droit d’aller tisser une alliance avec un fétiche de fécondité. Les aînés de cette alliance s’appellent Tenga, Tanga ou Tiiiga. Leurs cadets sont Timbila, Tibila, Tiboko, Tiraogo. Il y a aussi des prénoms pour honorer le “Naam“ (la chefferie en langue Mooré). La plupart de ces prénoms commencent par “Rim“ qui signifie “Naam“ ou chefferie comme Rimpazagdé ou Rimpayimdi.
Une thématique riche et variée
Cette œuvre de Aristide Ouédraogo évoque l’importance de l’éducation du jeune garçon et de la jeune fille. Tout a un sens. Les codes vestimentaires, les salutations, les préséances et les interdits, aucun écart n’est toléré.
La connaissance des interdits et des totems de son milieu, permet de vivre en harmonie avec les autres. Voilà pourquoi, les sujets comme le rôle de la femme dans la société moaga et la justice traditionnelle ont été abordé en long et en large.
Pour y arriver, Aristide Ouédraogo a mené des enquêtes auprès des garants de la tradition pour obtenir certaines informations.
Le « poug poussoum », est une expression en langue mooré qui désigne le mariage à l’état traditionnel. Cette pratique symbolique résiste au temps et à la modernité se présentant comme fondamental de l’union entre deux personnes pour la famille. L’âge pour se marier était aussi apprécié par les anciens. Il montre qu’on devient adulte dans le mariage. Le mariage se dit “Kãandem“. C’est dans la vie du couple que le mot adulte prend son sens.
L’auteur a mentionné dans son œuvre que le garçon appelé en mooré Bi-ribla (jeune bois/bois flexible) devient à partir de la circoncision un Ra-sãnga (bois brillant au sens de la beauté du corps). Il est donc appelé ainsi jusqu’à 28 ans. Après cet âge, on le désigne par Ra-kõnre (bois nu, bois sans écorce). Il est appelé ainsi jusqu’au jour où il se marie. C’est après l’acte du mariage qu’il perd son titre de Ra-kõnre pour devenir Rawa qui est une déformation de Raogo (Bois rigide, source de rigidité).
Quant à la jeune fille appelée en mooré Bi-pougla (enfant couronné), elle devient à partir de 14 ans une Pok-saale/Pok-sada (écorce lisse, écorce brillante).
Pour rappel, Aristide Ouédraogo est auteur de plusieurs œuvres dont Genre et Communication avec “Puiser dans les ressources du passé pour bâtir demain“, des romans “comme Chez Yvette“, “La délirante histoire“, les recueils de poèmes tels que “Djibo“, “le vin du diable“, “fafanga“, “le règne totalitaire des reptiles“.
Monique Savadogo
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