S’il y a une restauratrice qui marque de plus en plus, son territoire à Ouagadougou, c’est bel et bien Dona Nadia Drabo. Titulaire d’une maîtrise en communication, elle a jeté son dévolu sur la restauration après plusieurs tentatives infructueuses de recherche d’emploi. Grâce à sa détermination et à sa créativité, elle a su transformer des obstacles en opportunités.
Blouse de cuisine, chapeau de protection blanc, c’est ainsi qu’elle nous accueille dans son restaurant situé à la Patte d’Oie, dans la cour familiale. Du haut de ses 1,74 m, elle impressionne par sa jovialité et sa complicité avec ses employés.
Née d’une mère moaga et d’un père samo, Dona Nadia Drabo a eu un parcours scolaire exemplaire. En 2018, elle obtient son baccalauréat G1 au lycée LTPAD de Ouagadougou. Elle poursuit ses études à l’Université Libre du Burkina (ULB) où elle obtient sa maîtrise en communication en 2021, avec pour ambition d’être financièrement stable. « Ça n’a pas été facile. J’ai fait beaucoup de stages, et puis je n’ai pas aimé la communication. J’ai trouvé que le milieu ne rapportait pas financièrement comme je le souhaitais. Pourtant, j’aime l’argent ! (rires) », explique-t-elle, souriante.
Fatiguée de tourner en rond après de multiples stages, Dona s’offre une boutique d’Orange Money. Malheureusement, cette entreprise ne sera opérationnelle que brièvement. Après deux ans, elle abandonne et se tourne vers sa passion pour la cuisine. C’est le déclic d’un projet de restauration pour le cordon-bleu qu’elle est.
« J’ai commencé avec 15 000 FCFA »
« Je voulais un métier où je pouvais vaquer à d’autres occupations. Je ne me voyais pas dans un bureau 6 jours sur 7. Je voulais être autonome et faire ce que j’aimais le plus », confie-t-elle.
Son entreprise, Radis Service Traiteur, est spécialisée dans la cuisine du riz cantonais, poisson braisé, pastels, neems, salade composée, babenda, etc.
Autodidacte, Dona Nadia Drabo a été soutenue par ses parents. Elle a appris les bases de la cuisine auprès de sa mère, qu’elle considère comme le pilier de Radis Service Traiteur. « J’ai commencé avec 15 000 FCFA en utilisant le matériel de ma maman. Avec le temps, j’ai fait des tontines matérielles. Ma mère est le pilier parce qu’elle soit là ou pas, elle donne des idées pour améliorer la qualité du repas », clarifie-t-elle.
En 2021, alors que son activité commençait à décoller, Dona Nadia Drabo a envisagé de prendre un local pour s’installer plus confortablement. Son père, craignant les mauvais yeux, a refusé. « Il m’a dit d’aménager ce cadre pour faire ce que je voulais », avoue-t-elle.
Contrairement à son père, sa mère espérait toujours un retour de sa fille dans la communication. « Au début, ma mère m’aidait tout en pensant que j’allais chercher du boulot. Mais avec le temps, elle voyait que je m’accrochais. Ça n’a pas été simple pour elle », laisse-t-elle entendre.
« C’est parti de rien. Mon mari et moi, nous n’étions pas préparés pour ça. Elle a un diplôme en journalisme et je ne m’attendais pas à ce qu’elle vire de ce côté-là », explique Rakiéta Kaboré Drabo, mère de Dona Nadia Drabo.
Âgée de 35 ans, Dona est également une mère aimante de trois enfants. Son fils Mohamed Sawadogo, âgé de 13 ans, ne se fait pas prier pour vanter les mérites de sa mère.
Selon ses proches, Dona est de nature impulsive, un défaut souligné par Minata Ilboudo, cuisinière et employée depuis plus de deux ans. « Quand elle est fâchée, on ne se place pas à côté d’elle car elle peut vous lapider avec tout ce qu’elle trouve », dit-elle.
Cependant, Minata reste éblouie par la générosité et la gentillesse de sa patronne. « Ça me fait du bien de travailler avec elle. Quand elle fait un travail, elle le fait très bien. La collaboration se passe bien et je remercie Dieu », reconnaît Minata Ilboudo.
Rakiéta Kaboré Drabo renchérit : « Ce que j’apprécie de plus, chez elle, c’est son côté humain. Quand ses agents ont un baptême ou un mariage, elle dépense et n’évalue même pas l’impact financier ».
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La « Présidente des Concombreuses »
Dona Nadia Drabo utilise aussi les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp, TikTok) pour commercialiser ses plats. « J’ai une amie qui m’a parlé de Facebook, c’est comme ça que j’ai créé mon profil. J’ai commencé à publier mes plats. Mais aujourd’hui, ça marche plus par le bouche-à-oreille », confie-t-elle.
Surnommée la « Présidente des Concombreuses » sur Facebook, elle anime une communauté attachée à ses histoires amusantes. « Beaucoup pensent que j’utilise les concombres pour autre chose. Pourtant, on est là juste pour s’amuser », explique-t-elle.
Aujourd’hui, Dona Nadia Drabo emploie quatre cuisinières et quatre livreurs pour Radis Service Traiteur. À mi-parcours de son objectif, elle se frotte les mains. « Pour le bénéfice dans la semaine, je m’en sors très bien », indique-t-elle.
En plus du service traiteur, elle organise des formations pour les tout-petits pendant les vacances. « J’avais promis offrir un livret de cuisine pour les recettes africaines et européennes aux enfants de ma dernière formation. D’où, le livret de cuisine que je fais sortir », rassure-t-elle. Malgré son succès, Dona Nadia Drabo rêve grand. Sa prochaine mission est d’ouvrir une école de formation pour les tout-petits.
Abdoulaye Ouédraogo
Monique Savadogo
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