« Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion ». Cette citation de Hegel est une parfaite incarnation de Adeline Aho Hien. Âgée de 32 ans, elle fait de la décoration murale et la fabrication des accessoires avec des objets recyclés. Immense est son talent.
Décoration événementielle, hôtellerie et fabrication d’accessoires, rien de tous ces métiers ne résiste à Adeline Aho Hien. Au cours de l’année scolaire 2017-2018, Adeline Aho Hien se forme au National pour le Development (SND) dans le Secrétariat. En 2018, bien qu’elle ait décroché son diplôme de BEPC, elle décide de ne pas poursuivre ses études jetant son dévolu sur les petits métiers.
Dans un hôtel de la place, la jeune fille obtient un poste communément appelé Extras. Cela consiste à travailler dans la cuisine, à servir le repas, à s’occuper de la buanderie, nettoyer les étages. Malgré l’intensité de toutes ces taches, Adeline est payée par heure. Vues les conditions de travail, Adeline quitte cet emploi et se lance définitivement dans la confection des accessoires en 2023.
« Je fais de la décoration pendant mes temps libres. Ce métier est ma passion. J’aime l’art. Je n’ai pas bénéficié de formation en décoration. Je me suis formée sur YouTube. Ce qui veut dire que je suis autodidacte », clarifie-t-elle.
« La mariée était étonnée »
Depuis un an, Adeline fait de la décoration murale (à base de pagne traditionnel, pagne tissé, bouteilles, fourchettes, miroirs) et la fabrication d’accessoires, son gagne-pain. Le domicile familial est son refuge pour le recyclage.
Comme matériel de travail, elle recycle les bouteilles dans les caves de vin et profite conserver les bouteilles consommées dans le cadre familial.
Par sa créativité, Adeline impressionne. « J’ai été à une cérémonie de mariage et après la cérémonie, j’ai ramassé les cuillères jetables pour en faire des objets de décoration. Après, je suis allée remettre à la mariée qui était étonnée de voir ça », se remémore-t-elle.
Les prix de vente varient en fonction de la forme et de la taille des marchandises à l’image des pots de fleur qui vont de 3500fcfa à 18 000FCFA.
Quant à la décoration murale, ses services sont mis à la disposition de la clientèle à partir de 2 000 FCFA jusqu’à 10 000 FCFA. Le plus gros montant encaissé dans ce milieu est 35 000 FCFA, une création commandée depuis le Togo, pays voisin du Burkina.
« Il n’y a pas de formation en fabrication d’accessoires »
Des rêves, Adeline en nourrit. En effet, elle ambitionne d’ouvrir un atelier afin de faire de son art, un métier et faire des formations. « Les gens veulent apprendre surtout, les filles. Même si ce n’est pas pour commercialiser, tu peux embellir ta maison. Donc, il y a de l’intérêt de part et d’autre », souligne-t-elle.
Afin de relever les défis, Adeline se perfectionne grâce aux tutoriels. « Ici, à ce que je sache, il n’y a pas de formation en décoration et fabrication d’accessoires. Donc, je me suis contentée des vidéos YouTube », explique-t-elle.
Domaine très peu connu au Burkina Faso, la décoration d’accessoires prend son envol même s’il y a encore beaucoup de choses à faire. « Maintenant, les gens s’intéressent de plus en plus à ce domaine. Ce qu’il y a, ce sont les formations événementielles telles que la décoration des cérémonies de baptêmes, de fiançailles, de mariage, etc… », soutient-elle.
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Valoriser l’art au-delà de nos frontières
Grace aux fruits de ses efforts, elle acquiert une certaine autonomie financière, sollicitant parfois l’appui de ses parents pour faire face à certaines charges.
« J’expose mon art sur les réseaux sociaux ( Facebook, WhatsApp, tiktok) et les gens me contactent pour passer leur commande », dit-elle.
Adeline veut à l’avenir, commercialiser ses créations et faire la promotion de son art, à l’extérieur du Burkina Faso.
Cependant, les difficultés ne manquent pas. « J’ai eu à me renseigner pour la participation aux différents foires. Mais, le coût était élevé par rapport à mon budget », regrette-t-elle.
Aussi, l’instabilité du coût du matériel utilisé pour la fabrication des accessoires fait partie des difficultés. « Ça varie et il faut à chaque fois, aller vérifier le prix sur le marché avant de prendre la commande. Aussi, ce que je fais doit vite sortir. Sinon, ça se gâte. Il y a la poussière qui est un inconvénient. J’utilise la colle et si on manipule trop, ça se décolle », admet-elle.
Adeline ne compte pas abandonner malgré les difficultés. Elle ambitionne mettre en place, une boutique qui répond aux normes professionnelles et commerciales, créant ainsi de l’emploi pour d’autres personnes.
Abdoulaye Ouédraogo
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