Après huit ans, Donald Trump est de retour à la maison blanche. Daouda Émile Ouédraogo, journaliste et coordonnateur international de l’ONG Stand for Life and Liberty, vivant aux États-Unis, nous livre son analyse sur cette élection et les raisons du retour de Trump à la Maison Blanche. Entre déception face à l’administration Biden et stratégie de communication inefficace, découvrez les raisons de la défaite de Kamala Harris, celle qu’on attendait pour enfin briser le plafond de verre aux États Unis.
Quelle lecture fais-tu du déroulement de la campagne présidentielle aux USA
La lecture que je fais du déroulement de la campagne électorale aux États-Unis prend en compte tous les aspects de sécurité que les États-Unis savent mettre en œuvre lors des campagnes électorales. Chacun y va de sa capacité de mobilisation et de proposition d’idées. Lorsqu’on lance une campagne électorale aux États-Unis, chacun y va d’abord pour prouver son élection, ce qui est différent des États africains. Aux États-Unis, il n’y a pas de limite dans la propension de la campagne électorale. Chacun y va de sa manière. En même temps, ils ont défini des règles qu’il ne faut pas franchir, des règles relatives au blanchiment d’argent. Sinon, ils sont très regardants dans la conduite de leur élection.
Trump de retour. Pourquoi cela alors que l’on croyait que les Américains n’avaient pas apprécié son premier mandat ?
L’Amérique en avait marre de ce qui se passait sous l’administration de Biden. Le retour de Trump s’explique par la mauvaise gestion des démocrates. Je vais prendre seulement deux aspects : l’économie et l’immigration.
Sur le plan économique, il y a eu une inflation énorme. Aujourd’hui, je vous donne un exemple concret parce que je ne suis jamais allé sur le terrain pour demander aux Américains ce qu’ils en pensent. Un Américain moyen pouvait dépenser 25 à 30 dollars par semaine, c’est-à-dire l’équivalent de 15 000 à 20 000 francs CFA, pour s’acheter de la nourriture à préparer à la maison pour une semaine. Mais, maintenant avec l’avènement de Biden, cela n’était plus possible et les Américains ont commencé à se plaindre.
Le deuxième aspect, c’est que sous l’ère de Trump, les Américains avaient compris qu’ils avaient la possibilité de s’imposer et de s’expliquer devant le monde. Et là, Biden n’a pas fait ça. L’administration de Biden et de Kamala Harris, il faut prendre les deux ensembles, ont commencé à imposer des décisions sans donner l’opportunité aux gens de comprendre ce qui se passait. Et c’est ce qui a fait que les gens ont commencé à se déconnecter de Biden. Ensuite, il y a eu la crise de l’immigration où Biden avait la possibilité de stopper cela mais ne l’a pas fait. Il s’est assis tranquillement dans son bureau et les gens lui ont rendu compte. Il n’a pas pu prendre la relève de la situation et c’est ce qui explique aujourd’hui cette débâcle des démocrates.
Je prendrai deux points pour expliquer les manquements de la campagne de Harris. D’abord, j’analyse sur le plan de la communication et sur le plan de la communication politique.
Kamala Harris n’avait pas de ressources internes propres à elle pour pouvoir avancer
Il y a eu deux aspects qui ont manqué à Harris. Le premier aspect, c’est qu’elle a été prise de court. On lui a donné des responsabilités sans la préparer adéquatement. Elle devait répondre à l’appel de la nation sans avoir une connaissance approfondie du terrain.
Le deuxième point qui lui a manqué, c’est le fait de ne pas avoir la latitude de pouvoir aller aussi loin et revenir aussi près. Cela veut dire que lorsque tu analyses une situation et que tu sais que tu n’es pas préparé, tu prends la peine d’avoir des ressources internes. Kamala Harris n’avait pas de ressources internes propres à elle pour pouvoir avancer. C’est ce qui a été sa fragilité.
Pour la deuxième fois, les USA manquent l’occasion d’avoir une femme à la Maison Blanche. Est-ce que cela veut dire que les Américains ne sont pas prêts à voir une femme présidente ?
Il faut comprendre l’histoire des États-Unis. L’histoire des États-Unis se fonde sur la culture de l’identité. Et lorsque vous posez votre question en partant du fait que les États-Unis ne veulent pas avoir une femme comme présidente, je pense que ce n’est pas bien pesé. Les États-Unis sont prêts à avoir une femme comme présidente. Mais, la manière dont on s’y prend n’est pas la bonne. Je vous donne un exemple. Les États-Unis sont un peuple qui a l’amour de la patrie. Et l’amour de la patrie se construit en partant de l’identité. Les États-Unis ont une identité, c’est le premier aspect. Deuxièmement, les États-Unis ont cette propension à comprendre comment cultiver les cultures. Et partant de cela, quand ils savent comment cultiver les cultures, ils ont été formatés dans cet aspect. Troisièmement, les États-Unis sont un peuple où on accepte tout le monde. Où on a une ouverture d’esprit. On ne fait pas de distinction entre ceux qui viennent d’ailleurs et ceux qui sont nés ici, c’est le troisième aspect que je voulais souligner. Le quatrième aspect, c’est que les États-Unis sont une communauté. Et quand on dit communauté, on dit partage. Quand on dit partage, on dit ne pas enfreindre aux règles de l’autre.
Elle devait répondre à l’appel de la nation sans avoir une connaissance approfondie du terrain.
Pour me résumer, je pense que les États-Unis sont un État, même si c’est plus de cinquante états, qui peuvent faire grandir le monde et c’est ce qui fait que les gens aiment les États-Unis. Ce n’est pas parce que Trump a gagné, ce n’est pas parce que Harris n’a pas été à la hauteur. Mais, je pense que les États-Unis veulent une communauté. L’élection de Trump est la réalité de ce que les États-Unis veulent. Parce que j’ai été sur le terrain, j’ai écouté les gens, j’ai parlé avec les gens et je sais qu’ils veulent que Trump soit président parce qu’il a été franc et s’est assumé dans ses réponses. Les États-Unis veulent toujours quelqu’un qui s’assume. Et c’est ça, le
Cependant, ce que je voulais avoir comme analyse qui va au-delà de vos questions, c’est l’appréhension. Comment Donald Trump a réussi à capter l’électorat des États-Unis. Partant d’un point, il a fait en sorte que l’électorat soit des réseaux sociaux, et c’est là que Donald Trump a pu battre ses adversaires. Il faut analyser une chose, les médias occidentaux avaient été « fagocités » par le même stream. Mais à côté de ça, dès que Donald Trump a eu le support d’Elon Musk qui a 200 millions de followers, il a déjà eu une grande part. Elon Musk est l’homme le plus riche du monde.
Ensuite, il a donné un entretien avec Joe Rogan, qui n’a pas moins de 300 millions de followers.
Entretien réalisé en ligne par la Rédaction de Queen Mafa