C’est ici dans une salle d’hospitalisation du Centre hospitalier universitaire de Bogodogo, à Ouagadougou que journalistes et influenceurs se sont entretenus avec une patiente qui vient de subir une Interruption sécurisée de la Grossesse selon la loi (ISG), gratuitement. Elle dit avoir la sauve et prend un nouveau départ dans sa vie.
Couchée sur un matelas, le visage couvert, poche de perfusion toujours en main, c’est une dame convalescente qui nous relate avec courage ce qu’elle a traversé.
« Ma grossesse me fatiguait trop au point où j’ai cru que ce’ n’était pas un seul bébé. Mon mari étant en déplacement, il a délégué son grand frère qui m’a accompagnée pour que j’aille faire une échographie. L’échographie a révélé que la tête du bébé n’est pas normale. Je n’ai pas fait l’écho très tôt, mais plutôt vers le 7e mois. Voilà pourquoi, on n’a pas su à temps, qu’il y a malformation grave », témoigne-t-elle.
Ce dernier a appelé son petit frère qui est le mari de la femme pour l’informer des résultats de l’échographie. Avec l’accord de son mari, ils ont entamé les démarches afin d’obtenir une interruption sécurisée de la grossesse selon la loi.
La patiente est internée depuis quatre jours. « On m’a donné un médicament que j’ai pris avant hier et quatre autres, que j’ai pris, hier. Ça a déclenché une sorte de travail avec des douleurs comme celles d’un accouchement suivi d’une sensation de froid. Puis, le bébé malformé de huit mois est sorti par voie basse, hier nuit vers 21h30. », souligne-t-elle.
Elle affirme que tout s’est bien passé et remercie les agents de santé qui se sont bien occupés d’elle. Ce qui lui a permis d’avoir la vie sauve.
Cette mère de trois enfants, est optimiste quant à l’idée d’en avoir d’autres.
Les hommes doivent accompagner leur femmes
Selon Pr Charlemagne Ouédraogo, Chef du service gynécologie obstétrique et médecine de la santé de reproduction, l’interruption sécurisée de grossesse selon la loi est une disposition qui permet au corps médical d’aider une femme en difficulté, à se débarrasser d’une grossesse dont l’évolution pourrait poser problème.
Seules les femmes vivant dans des cas similaires peuvent bénéficier de l’interruption sécurisée de grossesse selon la loi : lorsqu’une femme est victime d’un viol établi par l’appareil judiciaire (la grossesse ne doit pas dépasser 14 semaines), dans un cas d’inceste (la grossesse ne doit pas dépasser 14 semaines également), lorsque l’évolution d’une grossesse peut compromettre la santé de la mère, lorsque l’enfant à naître est atteint d’une malformation grave lors du diagnostic.
Face à de telles situations, la loi autorise l’agent de santé, à permettre à la femme d’accéder à une interruption sécurisée de la grossesse en utilisant les moyens médicamenteux mécaniques, au niveau du plateau technique.
Selon Pr Charlemagne, bénéficier de l’interruption sécurisée selon la loi est une histoire de couple. Cependant, quand la femme décide de faire la démarche seule, nous sommes autorisés à la recevoir, nous ne la renvoyons pas, précise-t-il. Ce qui est souhaitable, les hommes doivent accompagner leur femmes. Mais, ce n’est pas évident car l’homme est souvent manquant dans le processus pour diverses raisons.
En plus, ce n’est pas parce qu’il n’est pas là, que nous ne faisons pas la prise en charge, ajoute-t-il. A travers l’interrogatoire, on essaie de comprendre le climat relationnel qui existe au sein du couple pour s’assurer que le mari est au courant de la démarche que la femme est en train de mener
« Le personnel est disponible 24h/24. C’est une grosse équipe de plus de 100 personnes. Nous assurons des gardes et des permanences. Le service est offert de façon continue. Des gynécologues obstétriciens assurent régulièrement le service, à tour de rôle. Il y a un calendrier de garde et tout le monde est tenu de le suivre », déclare Pr Charlemagne Ouédraogo, président de la Société des Gynécologues et Obstétriciens du Burkina (SOGOB).
La méthode contraceptive, l’autre maillon de l’ISG
Généralement, aux termes de l’ISG, il est proposé des méthodes contraceptives à chaque patiente qui fait librement son choix. Dans la mesure où son état de santé l’impose, c’est le corps médical qui procède au choix.
Lorsqu’il n’y a pas de contre-indications en raison de son état de santé, l’agent de santé est tenu d’expliquer toutes les méthodes, avantages et inconvénients, mécanismes d’actions, etc. Ensuite, on lui explique comment la méthode choisie doit être utilisée.
Pr Charlemagne rappelle avec véhémence que les gynécologues obstétriciens ne font pas la promotion de l’avortement mais, sensibilisent au contraire, sur les dispositions prises par l’État en matière de santé afin de réduire la mortalité maternelle et infantile.
C’est pourquoi, la SOGOB et ses partenaires multiplient également les formations appelées clarification des valeurs pour obtenir une conformation des aptitudes des uns et des autres, face à l’interruption sécurisée de grossesse selon la loi car beaucoup de gens ne comprennent pas cette disposition y compris certains agents de santé. D’autres personnes ignorent jusqu’à présent que cette loi existe.
Françoise Tougry
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