Des projets, il y en plein dans les tiroirs. Portés par des associations ou ONG, il n’est pas évident de les conduire à termes. Souvent en manque de stratégies pour la recherche de financement, la gestion et l’atteinte des résultats, ces structures peinent à trouver le droit chemin et les moyens qu’il faut pour tenir afin d’impacter. Combien de projets ont abouti ? Pour ceux qui ont pu voir le jour, combien méritent d’être financés sur le long terme ? Le consultant Ambroise Tapsoba a bien voulu expliquer la Gestion axée sur les Résultats (GAR) aux femmes, présentes à Feminin Bloom, tenue le 27 juillet dernier.
« Lorsque vous avez des obstacles ou des situations d’opportunités, la Gestion axée sur les Résultats (GAR) en matière de projet permet de faire des ajustements et d’atteindre les résultats dans le délai », c’est en ces termes que le consultant Ambroise Tapsoba a introduit sa communication avant d’expliquer ce qu’il faut entendre par projet.
Tout d’abord, un projet, est un ensemble cohérent et organisé d’activités menées collectivement. Ce n’est pas une seule personne qui mène un projet et il est limité aussi bien dans le temps que dans l’espace. C’est-à-dire, qu’il est situé dans une zone géographique bien déterminée et nécessite de mobiliser des moyens humains, des moyens financiers et des moyens matériels avec pour objectif principal, l’amélioration de la situation d’un groupe donné.
Tout projet fonctionne selon une certaine dynamique qui est le cycle de vie. Ce cycle consiste à faire de l’identification diagnostic, planifier et mettre en œuvre, faire le pilotage et le suivi-évaluation. En d’autres mots, ces éléments sont des occasions pour appliquer la Gestion axée sur les Résultats.
Sachez aussi qu’un programme est un ensemble de projets qui a un seul objectif global!
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La nécessité de présenter des projets convaincants
Pour maîtriser la gestion axée sur les résultats, il faut surtout, mettre l’accent sur deux points très importants quand vous présentez des projets. Il s’agit de la phase de réflexion (conception) et celle de la mise en œuvre.
A en croire les explications, vous devez tout faire pour maîtriser la chaîne des valeurs. Pour cela, il faut les cinq outils suivants, les connecteurs logiques, le cadre logique, la théorie du changement, l’impact des mesures de résultats et de la nécessité des risques.
Que retenir ? Il faut présenter des projets convaincants, a-t-il conseillé. Sinon, vous verrez que les bailleurs vont changer d’attitude envers vous parce que vous n’avez pas adopté la GAR. Par conséquent, votre projet ne sera pas apprécié. Vous avez de fortes chances de voir votre dossier, rejeté.
Savoir écrire un projet ne suffit pas, il est nécessaire de bien le structurer car il y a des mécanismes qui seront mis en place tels que les appels à projets. « De plus en plus, on demande aux ONG nationales de participer à la mise en œuvre des politiques nationales, de participer à des rencontres de concertations en termes de forces vives pour pouvoir suivre les projets. Si vous ne respectez pas la GAR, vous risquez de ne pas pouvoir mobiliser les ressources auprès des différents partenaires techniques et financiers », a prévenu le consultant.
Au niveau des ONG locales, il a tenu à relever aussi, la faible maîtrise des outils de planification. Un Gap de capacités à combler. Il y a également l’assujettissement de ces ONG face aux financements extérieurs. Être dépendant des financements extérieurs peut vous obliger, dit-il, à quitter vos objectifs principaux pour d’autres objectifs à cause de certaines valeurs culturelles des bailleurs qui ne sont pas adaptées aux vôtres.
« Comme ce sont des conditions, souvent, vous êtes désarmés face à ces demandes », a-t-il déploré.
Les différentes facettes de la GAR
Selon l’Agence de Coopération internationale et de Développement du Canada, la GAR est un moyen d’améliorer l’efficacité et la responsabilité de la gestion en faisant participer les principaux intervenants à la définition des résultats escomptés, en évaluant les risques, en suivant les projets et l’atteinte des résultats intégrant les leçons apprises dans les décisions de gestion et dans les rapports durables. « C’est cette définition que vous devez prendre en compte », a-t-il recommandé.
Pour le PNUD, la GAR est une stratégie ou une méthode de gestion adoptée par une organisation pour veiller à ce que les produits, les services contribuent à la réalisation des résultats clairement définis.
Quant à la déclaration de Paris, elle précise que, axer la gestion sur les résultats signifie gérer et mettre en œuvre l’aide, en se concentrant sur les résultats souhaités et en utilisant les données disponibles en vue d’améliorer les processus de décisions.
Pour une compréhension plus claire, Ambroise a pris l’exemple ci-après. Si on vous donne de l’argent pour aller soutenir les élèves qui sont dans les écoles formelles, vous arrivez et vous trouvez que toutes les écoles sont fermées. Vous mettez quand même en œuvre des activités de formation des enseignants et bien d’autres choses, et au final, vous n’avez enseigné aucun élève parce que les élèves sont partis, cela veut dire que vous n’avez pas atteint les objectifs, ni les résultats. Mais, vous avez quand même mis en œuvre, votre projet. La Gestion axée sur les Résultats veut éviter cette façon de faire. Ça veut dire que vous devez réfléchir à tout moment, sur les résultats attendus d’une organisation, d’un projet ou d’un programme avant de vous lancer.
Il faut forcément impliquer et responsabiliser toutes les parties prenantes en optimisant l’utilisation des ressources humaines, financières et valoriser l’apprentissage. Il ne faut pas faire la GAR au bureau, a-t-il indiqué. La GAR, c’est aller surtout, sur le terrain et discuter avec les bénéficiaires pour que vous puissiez vous entendre sur les résultats.
Il rappelle qu’avant, certains consultants et experts sont restés dans les bureaux climatisés et ont écrit des documents qui ont été appréciés par les bailleurs. Cependant, une fois sur le terrain, ils réalisent que la compréhension du résultat n’est pas pareille à celui du paysan qui vit une autre réalité. La GAR exige de sortir de sa zone de confort pour aller sur le terrain et discuter avec les acteurs. « Quand on veut faire un projet, la GAR veut qu’on réunisse tout le monde. Qu’on s’asseye ensemble et qu’on dise, qui va faire quoi et pour quel résultat! C’est simplement ça, la GAR », a-t-il martelé.
Françoise Tougry
Latifa Esther stagiaire
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