La Société de Gynécologues Obstétriciens du Burkina (SOGOB) a initié une rencontre d’échanges avec les autorités coutumières et religieuses, influenceurs et journalistes. Réunis à Ziniaré du 29 au 31 juillet 2024, les participant.es ont été outillé.es sur la santé sexuelle et reproductive en particulier, l’Interruption sécurisée de Grossesse (ISG). La cérémonie a été clôturée par le Pr Charlemagne Ouédraogo, président de la SOGOB.
« Aucune ethnie ni aucune coutume du Burkina, ne fait la promotion de l’avortement », a soutenu Pr Charlemagne Ouédraogo lors de la clôture. Cependant, souvent, pour des situations d’incestes, certaines familles ont privilégié l’avortement clandestin qui malheureusement, a endeuillé ces familles. De plus, il y a des enfants qui ont déjà près de 100 fractures des os étant dans le ventre de leur mère. Si ces derniers naissent, ils ne peuvent pas vivre. Par exemple, pour le cas des femmes et jeunes filles violées par les terroristes et qui se sont rendues compte plus tard qu’elles sont enceintes, si c’est avéré et prouvé avec la contribution du ministère public qui est le procureur, les agents de santé sont autorisés à interrompre cette grossesse.
Selon le gynécologue, l’État n’oblige pas ces femmes et jeunes filles à avorter. Elles choisissent librement de le faire. Si elles veulent garder l’enfant, l’État ne s’y oppose absolument pas.
Il a précisé et insisté que l’avortement doit se faire avant 14 semaines conformément aux exigences de la loi et selon les conditions bien définies comme le viol, l’inceste, la malformation du fœtus ou en cas de situation de santé grave qui met en péril la vie de la mère. Il s’agit uniquement de ces cas-là et non, lorsqu’une personne décide, sur un coup de tête, de se débarrasser de sa grossesse, juste parce qu’elle n’en veut pas. Cette personne sera alors, poursuivie par la justice parce que c’est interdit par loi d’agir ainsi.
« Nous travaillons dans les règles de respect de la règlementation pour que chacun puisse trouver son compte. L’objectif final, c’est qu’aucune femme ne meurt en voulant donner la vie », a-t-il clarifié.
Difficile d’aborder le sujet
En termes de bilan, le représentant de la SOGOB a déclaré que les gynécologues obstétriciens par sa voix sont très contents de l’évolution des choses car ils sentent que les résistances et les barrières sont presque levées. Il y a quatre ans, c’était très difficile, d’aborder la question de l’Interruption sécurisée de Grossesse. « Aucun média n’allait accepter vous interviewer. Mais, aujourd’hui, nous le faisons sur invitation même des médias et nous sommes très peu, victimes de stigmatisation », a-t-il relevé.
L’atelier d’échanges a duré trois jours. Aux termes de cette activité, les participants ont bénéficié de plus de connaissances sur les services liés à la santé sexuelle et reproductive.
Les religieux, les coutumiers, la société civile, ont compris le message qui doit être porté aux populations. C’est-à-dire, les dispositions de la loi permettant sous certaines conditions aux populations d’accéder à une ISG qui n’a rien à voir avec l’interdiction de l’Interruption volontaire de Grossesse (IVG) sur convenance personnelle.
Cette disposition reste de vigueur depuis l’ancien code pénal, le nouveau code pénal, dans le code de santé publique et dans la loi consacrée à la santé sexuelle et reproductive en vigueur depuis 2005.
Beaucoup de choses sont faites. Mais, ne sont pas connues de la population. La SOGOB entend poursuivre ce plaidoyer et cette campagne d’information dans l’Est et l’Ouest du Burkina pour accompagner le ministère de la santé dans la mise œuvre de la politique sanitaire notamment la santé sexuelle et reproductive.
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Pr Charlemagne Ouédraogo a, au nom de la SOGOB et des formatrices remercié les participant.e.s pour la présence, l’assiduité et les différentes contributions qui ont rendu les échanges fructueux. « Nous souhaitons vivement que vous soyez des ambassadeurs de la SOGOB sur cette thématique et de tout ce que vous avez appris, auprès de vos structures faitières et d’autres personnes qui n’ont pas eu la chance d’être briefées sur cette thématique, pour que vous puissiez leur donner l’information exacte et juste », a-t-il exhorté.
Françoise Tougry
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