La marque Donaa a fait son entrée sur le marché des accessoires de mode et de beauté au Burkina. Les articles dont des sacs à main et bijoux, particulièrement dédiés aux femmes ont été dévoilés, ce vendredi 26 juillet 2024, à Ouagadougou. La promotrice Florence Sermé se dit optimiste quant à l’accueil qui sera réservé à ses créations.
Petite de taille, sourire captivant, le sac en main, Florence Sermé, fait son entrée et illumine la salle en cette soirée du 26 juillet 2024. Un jour qui voit son rêve, se concrétiser avec le lancement de sa marque Donaa.
« Elle avait un an pour créer ses bijoux. Et comme vous le constatez, on a dépassé un an. Elle a pleuré, elle s’est découragée. Elle n’avait plus confiance en elle, j’ai crié sur elle. Je l’ai même fait partir dans mon village. Elle est restée deux semaines toute seule, dans un environnement qu’elle ne connaissait pas parce qu’il fallait absolument que je l’aide à comprendre. Ça a été un processus extrêmement difficile », mentionne Appoline Traoré, son mentor.
Une révélation
Selon Florence Sermé, évoluer dans le domaine de la maroquinerie a bien une raison. « C’est un domaine que j’apprécie beaucoup. Depuis toute petite, lorsqu’on confectionnait mes robes, mes jupes, mes tenues, je prenais les morceaux qui restent et j’habillais mes sacs, mes chaussures usagés », explique-t-elle avant de renchérir « Lors de mon baptême, je n’ai pas eu à acheter de nouvelles chaussures ni de nouveaux sacs, c’était les morceaux du pagne qui ont servi à coudre ma robe que j’ai utilisés pour habiller mon petit sac à main, ma chaussure également pour ma cousine. C’est avec ça qu’on est allé à l’église », relate-t-elle.
Cette petite touche d’apparence banale a tapé dans l’œil d’autres personnes qui, fascinées voulaient avoir la même chose qu’elle.
D’années en années, ce talent commence à peser lourd sur la balance des études. Elle s’efforce quand même, de se convaincre que son avenir est dans les bureaux plutôt que dans l’artisanat. Elle se focalise alors sur ses études en faculté d’anglais à l’université de Ouagadougou et décroche sa licence. Satisfaite, mais pas comblée !
Cependant avec le temps, elle voyait dans ses rêves, des images de sacs qu’elle n’a jamais vues, nulle part ailleurs. Ce message, elle le considère comme une révélation et répond à l’appel de la providence en lançant sa marque Donaa.
D’origine samo, Donaa signifie un enfant spécial. C’est également un hommage à ses parents, à toutes les personnes spéciales.
Une marque aux couleurs de la résilience
Dénommée Résilience, la collection compte 20 sacs à main faits avec du cuir, du Faso dan Fani, du Koko Donda, des perles et bien d’autres matières locales et africaines. Quant aux bijoux, il y a 30 boîtes. Les prix des deux catégories vont de 10 mille à 30 mille FCFA.
« Les gens ne doivent pas avoir peur de payer nos articles. Sinon, on perd notre identité culturelle. On perd tout ce qui nous appartient », insiste-t-elle.
En créant Donaa, la jeune entrepreneure entend contribuer à l’édification de la nation grâce à la création de main d’œuvre et une participation résiliente.
Ses créations tirées de la crise sécuritaire et humanitaire sont profondes de sens. « Chaque boucle d’oreille a une histoire », dit-elle.
Florence Sermé travaille également avec les pierres qui viennent du Niger, de la Mauritanie et du Madagascar. On note aussi, une collaboration avec les artisans du Burkina Faso auprès desquels, elle renforce ses capacités. « Je faisais uniquement avec la colle et je n’avais pas la machine pour pouvoir coudre. Donc, il me fallait évoluer dans ce domaine et je suis partie vers les artisans », lance-t-elle.
Lire aussi : Mode : Oumou Compaoré, une jeune styliste au destin prometteur
La promotrice a remercié la marraine Apolline Traoré sans qui, elle ne serait pas à ce stade car à un certain moment, elle a failli jeter l’éponge vu que le processus de création est très long et difficile. « Mais, elle m’a redonné du courage, elle m’a considérée. Elle était vraiment disponible pour moi », dit-elle.
Selon la mère de Florence Sermé, Célestine Nyamba, ce qu’elle voit ce soir est au-delà de ses attentes. « Je suis très contente. Merci à la marraine madame Apolline Traoré et tous ceux qui ont fait le déplacement pour venir regarder le travail de ma fille. Que Dieu lui donne la santé pour pouvoir progresser plus que ça ! », bénit-elle, toute émue.
Ce parcours a permis à Florence de mesurer les défis et de comprendre les enjeux de l’entrepreneuriat, en particulier dans le domaine de l’artisanat. A présent, elle est prête à prendre son envol.
Cependant, Appoline Traoré interpelle sur le fait que la création n’est pas donnée à tout le monde. En donnant à sa filleule, la possibilité de découvrir son propre potentiel, elle lui a donné la confiance en soi.
Un sentiment de fierté
« Ce que tu as fait est magnifique. Aujourd’hui, je suis extrêmement fière de toi parce que tu as tenu. Je souhaite que ta création continue et que demain, tu ouvres ta boutique comme tu l’as toujours voulu! Que tu sois une grande créatrice de boucles d’oreilles, de chaussures, des sacs et de tout ce que tu veux ! J’espère que tu comprends qu’il faut se battre pour vendre », notifie le mentor.
Il n’y a pas que le mentor qui soit satisfait de Florence Sermé. Chez son père travaillant à Orodora, la surprise est totale. En fait, c’est ce soir même que j’ai su, précise-t-il, quel métier, ma fille exerce.
Mais, ses parents savaient qu’elle a participé à une activité qui a réuni près de 1000 filles et qu’une femme a choisi deux personnes avec qui, elle va voyager. Confiants, ils l’ont autorisée à y aller.
« Il y a quelques temps, elle est venue nous informer qu’elle faisait une exposition, ici. Je lui ai dit que je devais voyager. Mais, j’allais annuler pour être présent. Je suis donc, venu. J’ai vu et les mots me manquent. Je suis vraiment très heureux !», se réjouit le papa.
Décidée à poursuivre son rêve
Pour la plupart des jeunes, annoncer à la famille, son envie de se lancer dans l’entrepreneuriat, c’est courir le risque de ne pas se faire comprendre. Mais, dans la famille Sermé, la nouvelle a été bien accueillie par la force des choses.
« Tu as fini les études ? Tu ne fais pas de concours ? Est-ce que tu es sûre de ce que tu veux faire ? Il y avait un peu tous ces doutes et j’ai dû les convaincre petit-à-petit jusqu’à ce que nous en soyons là, aujourd’hui », détaille-t-elle.
Le rêve de Florence est de voir sa marque connue à l’international. « Nous voulons faire quelque chose de beau, de luxueux à des prix abordables », déclare-t-elle.
Françoise Tougry
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.