De nombreuses personnes, particulièrement les jeunes filles et garçons tentent de rejoindre l’Europe au péril de leur vie et au risque de vivre dans la précarité. Fort de ce constat, les jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE) ont pensé à une journée d’information et de sensibilisation des journalistes et influenceurs sur les réalités de la migration irrégulière et les opportunités d’insertion professionnelle, disponibles au Burkina Faso. Ils sont mis à contribution pour faire passer le message.
Au cours de l’année 2023, plus de 350 mille personnes sont rentrées irrégulièrement dans l’Union européenne. Plus de 8 500 migrants particulièrement, de la région sahélienne ont perdu la vie en traversant la Méditerranée, selon un rapport de l’Observatoire international de la Migration (OIM). Ces chiffres tirent la sonnette d’alarme sur les enjeux de la migration. L’autre argument est le manque d’information par rapport aux opportunités d’emploi, aux opportunités d’insertion professionnelle et aux initiatives promues par le Burkina, le Mali, le Niger et autres acteurs.
Le projet « L’épanouissement personnel comme alternative à la migration » financé à l’OIM par le Fonds Afrique du Ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale s’inscrit dans la dynamique de lutte contre ce phénomène.
Il vise spécifiquement le renforcement des capacités, les possibilités d’insertion professionnelle et d’emploi, les Activités génératrices de Revenus (AGR) au plan local, la création d’entreprises et l’épanouissement personnel, de façon générale.
« On parle de ces trois pays, Burkina Faso, Mali et Niger, non pas dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES), mais plutôt, du fait que leurs contextes présentent des similarités en termes de migration pour les jeunes notamment vers les pays du Maghreb », a indiqué Wendpayangdé Simporé, coordonnateur du projet.
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Peu de besoins en faveur du développement rural
Jean Thierry Somda, expert en promotion pour le développement des entreprises et en marketing a dévoilé la cartographie des opportunités d’emplois, d’accès aux formations et d’accompagnement de projets dans les trois pays.
De sa cartographie, on relève qu’au Burkina, il y a 191 établissements privés d’enseignement technique et professionnel à l’image du Centre de Formation professionnelle de Référence de Ziniaré (CFPR-Z) qui forme en 14 métiers ou encore le Centre de Formation féminine et artisanale (CFFA)… Le Burkina est également riche de 48 offres de formations professionnelles contre 16 au Mali.
Le Niger enregistre 80 établissements privés de formation tandis que le Mali, lui regorge 2000 structures de formation générale, professionnelle et technique.
En matière d’insertion professionnelle au Burkina, une autre évidence est que, les jeunes préfèrent les métiers suivants au détriment des autres métiers qui existent. Il s’agit de l’agro business, le commerce, la construction bâtiment, la couture, la cuisine et restauration, l’électricité-bâtiment, l’élevage amélioré, la mécanique auto et la menuiserie.
Sont également inclus dans la catégorie des métiers que les jeunes aiment, le numérique, la peinture automobile, la peinture bâtiment, la plomberie sanitaire et la transformation agroalimentaire.
Il faut souligner que le Fonds d’appui au Secteur informel (FASI), le Fonds d’Appui aux Initiatives des Jeunes (FAIJ) et le Fonds d’Appui à la Formation professionnelle et de l’Apprentissage (FAFPA) sont dissous au profit du fonds Kuna Wili.
Jean Thierry Somda a expliqué que la fonction publique offre une stabilité d’emploi, une rémunération compétitive, des possibilités d’avancement professionnel, une sécurité sociale et d’autres avantages tels que des congés payés et des régimes de retraite avantageux. Ce qui pourrait justifier un engouement pour la fonction publique. Cependant, les postes offerts exigent le niveau minimum de 12 années de scolarisation pour une jeunesse majoritairement analphabète ou semi alphabétisée. En outre, les besoins sont très peu en faveur du développement rural.
Se référant aux domaines porteurs, les jeunes ont la possibilité de se tourner vers ces secteurs d’activités pour pouvoir gagner leur pain et bâtir leur avenir. C’est par exemple, l’apiculture, l’aviculture (traditionnelle améliorée, moderne et production de poulets de chair), la boulangerie pâtisserie, la broderie et la couture.
Et la liste s’allonge. Ils peuvent aussi choisir d’entreprendre dans la conception et réalisation de meubles en bois, la construction-maçonnerie, le dessin-bâtiment, mécanique automobile cycle motocycles et agricole…
« Les formations n’étaient pas forcément adaptées »
Concernant la question spécifique des jeunes en situation de migration, le consultant a précisé qu’il n’y a pas une structure spécifique qui leur est dédié.
Des jeunes de retour mènent des activités mais, ne sont pas informés des opportunités qui existent pour les accompagner avec les moyens financiers, les formations, le suivi-évaluation de leurs projets.
A la lumière des chiffres précédents, il urge de proposer des formations en phase avec les besoins du marché en vue de pallier les insuffisances. « On a vu que les formations n’étaient pas forcément adaptées et qu’il y avait un manque de personnel qualifié pour certaines activités, certains postes, etc. Le jeune peut être informé des mécanismes qu’il y a mais, il peut se dire que ça ne lui est pas adressé », a-t-il signifié.
Il poursuit « Au niveau des jeunes, la recommandation, c’est de les former, les sensibiliser, les mobiliser à fréquenter, à tester, à expérimenter ces mécanismes par rapport à l’accompagnement et à la formation liée à l’insertion professionnelle ».
En rappel, le projet « L’épanouissement personnel comme alternative à la migration » entre en droite ligne de la continuité du projet « Redemption Song : Maximiser les gains de la migration et minimiser ses coûts sociaux en Afrique de l’Ouest ».
Françoise Tougry
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