Première cause de la mortalité maternelle au Burkina Faso, l’hémorragie après accouchement ou hémorragie du post-partum (EPP) met en péril la vie de nombreuses femmes. Dans l’optique d’améliorer la situation et de sauver plus de vies, la Société des Gynécologues et Obstétriciens du Burkina (SOGOB) en partenariat avec les laboratoires Ferring a réuni les acteurs du domaine, ce samedi 15 juin 2024 à Ouagadougou. L’atelier national de restitution a porté sur l’étude pilote de la prise en charge par la carbetocine thermostable (CTS).
Gynécologues, obstétriciens et infirmiers sont au cœur de la rencontre de ce jour. Pr Jean Lankoandé, gynécologue obstétricien a indiqué que d’une part, les participants sont réunis pour un Enseignement post-universitaire (EPU) axé sur l’introduction d’une nouvelle molécule, la carbetocine. La carbetocine a fait ses preuves sur le plan mondial en matière de prévention de l’hémorragie après accouchement. D’autre part, l’atelier consiste à renforcer les capacités des gynécologues, des sages-femmes et des étudiants inscrits dans la spécialité de gynécologie. Les infirmiers sont également pris en compte dans la formation. La SOGOB entend ainsi sensibiliser les prestataires sur l’utilisation de la molécule CTS.
CTS, une molécule d’avenir
Aux dires de l’agent de santé publique, Pr Moussa Dadjoari, la carbetocine est un composé résistant, largement utilisé pour la prévention des hémorragies après accouchement principalement, par césarienne. Elle a été approuvée pour la 1re fois en 1997 et agréée dans plus de 20 pays.
L’exposition cumulée après commercialisation, révèle que plus de 12 millions de femmes en ont bénéficié dans le cadre des césariennes et par voie intraveineuse, en février 2016.
Son profil de sécurité est similaire à celui de l’ocytocine mais, avec des effets secondaires minimes et une absence de contre-indications. De plus, la nouvelle formule a une stabilité thermique caractérisée et conserve sa puissance lorsqu’elle est stockée à 30°C pendant 48 mois.
« Dans certaines conditions, pour conserver l’ocytocine, ce n’est pas évident à cause de la péremption due à la chaleur, à la rupture de la chaîne de froid notamment la coupure d’électricité. Il y a également des zones où il n’y a pas d’électricité pour conserver l’ocytocine. L’OMS a donc fait des recommandations pour qu’on puisse remplacer l’ocytocine par la carbetocine dans les zones où on n’a pas l’électricité en continu. L’ocytocine a également la même efficacité que la carbetocine. Donc, nous pensons que c’est une molécule d’avenir pour notre pays. D’ici là, on pourra l’utiliser. Tout est fin prêt », a-t-il convaincu.
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Rendre la molécule disponible à grande échelle
Dans le souci de faciliter l’introduction de cette molécule, il est mis en place un processus qui vise à familiariser les acteurs, c’est-à-dire, les prestataires de terrain à l’utilisation et la manipulation de cette nouvelle molécule. De ce fait, le protocole a été modifié.
Il a fallu donc, élaborer des algorithmes. « C’est un ensemble de gestes qu’il faut rapidement rassembler pour gérer efficacement l’hémorragie parce que l’hémorragie ne prévient pas et quand elle survient, elle n’attend pas. Il faut rapidement la maîtriser et sauver la femme. Pour cela, il faut élaborer des documents pour afficher dans les différentes salles d’accouchements afin que les prestataires ne puissent pas trop réfléchir devant un cas d’hémorragie. A ce moment, ça devient des réflexes », a précisé Hyacinthe Zamané, gynécologue obstétricien en service à l’hôpital Yalgado Ouédraogo.
Parlant des algorithmes, il s’agit de la prévention, la prise en charge en milieu CSPS (Centre de Santé et de Promotion sociale) et la prise en charge en milieu CHU (Centre hospitalier universitaire).
Selon le point focal de la SOGOB, Yacinthe Zamané, cette molécule a déjà été expérimentée dans le contexte du Burkina. Il s’agit, à présent, de la rendre disponible à grande échelle. Cependant, tout va dépendre du ministère de la santé et cela ne saurait tarder.
Françoise Tougry
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