Originaire de Koudougou, au secteur 8 du quartier Issouka, madame Yaro, née Yaméogo Nicole, a embrassé la soudure dès l’âge de 17 ans. Depuis lors, elle fait face aux stéréotypes de genre ou des préjugés et même au refus de certains hommes de travailler avec une femme. Mais tel le métal qu’elle façonne, elle s’est forgée un mental d’acier qui lui permet de s’imposer lentement mais surement dans ce domaine traditionnellement masculin. Rien ne l’arrête.
C’est en rendant visite à son frère, un soudeur, pendant les vacances, que Nicole Yaro découvre la soudure. Elle est immédiatement séduite par la fusion des métaux et la création d’objets solides à partir de simples morceaux de fer. Afin de s’adonner à sa nouvelle passion, elle profite d’un appel à formation de l’Agence nationale pour l’Emploi (ANPE) pour se perfectionner.
Aujourd’hui installée à son propre compte, Nicole est fière du chemin parcouru. Elle participe à la formation d’autres jeunes filles qu’elles reçoit dans son atelier. Selon elle, il n’existe pas de sot métier. Tout travail honnête qui permet de gagner sa vie et de contribuer à la société est bon à prendre. Elle rejette fermement l’idée que certains métiers seraient réservés aux hommes ou aux femmes
Malgré sa passion et son talent, elle doit faire face à des défis. Les marchés sont rares, et certains clients hésitent parfois à confier leurs projets à une femme soudeuse.
La confiance en soi et la résilience
Malgré ces difficulté, dame Yaro ne se laisse pas décourager. Elle gère les commentaires négatifs avec grâce et professionnalisme. Comme certains hommes refusent de travailler avec elle, elle dit se concentrer sur ceux qui lui font confiance en honorant ses engagements et en livrant des produits de qualité à ses clients.
Quant à Benjamin Yaméogo, son époux, il est fier de sa femme. Il la décrit comme une soudeuse talentueuse et méticuleuse. « Elle établit des devis avec soin, en utilisant du fer de qualité, et ses réalisations sont impeccables. Lorsqu’elle exécute une commande, les clients ne se plaignent jamais », déclare-t-il. Mais ce qui impressionne le plus monsieur Yaméogo, c’est la force physique de sa femme. Il raconte avec humour : “Sincèrement, ma femme peut soulever cette lourde porte, mais moi je ne peux pas. Toutefois, elle, je peux la prendre.”
Aux autres femmes, le message de Nicole est clair : “Nous ne pourrons pas nous en sortir si l’on veut tenir compte des opinions des uns et des autres pour exercer un métier. Nous serons toujours derrière les hommes. Pourtant, nous voulons aussi être à côté d’eux.” Elle encourage les femmes à suivre leur passion, à briser les barrières et à ne pas se laisser décourager par les préjugés. Selon elle, la détermination et la compétence sont les clés du succès, peu importe le genre.
Madame Yaro et son époux forment un duo puissant, ou règnent la confiance et le respect mutuel . Leur histoire inspire et rappelle que derrière chaque femme forte se trouve souvent un homme qui la soutient dans l’ombre.
FSO