Être mère est une étape très importante pour la femme. Mais, porter une grossesse n’est pas une chose facile car plusieurs facteurs entrent en jeu. Stress, angoisse, émotion, humeur peuvent influencer le déroulement de la grossesse et impacter la vie. Karidja Sinka Dramé, psychologue, consultante et promotrice Perfect média communication, dans cet entretien du mardi 30 avril 2024, explique l’impact psychologique de la grossesse sur la femme.
D’abord, dès qu’on annonce à la femme ou la jeune fille qu’elle est enceinte, comment réagit-elle ?
En général, les humains réagissent en fonction de ce qu’il y a d’inné en eux. A l’adolescence, l’être humain commence à réfléchir et prendre lui-même ses marques parce qu’avec la vitalité que possède la jeunesse, la jeune fille a envie de devenir femme. Ainsi, si elle tombe enceinte sa réaction va être peut être de trois ou quatre types.
Ça va être une bonne réaction si elle estime qu’elle attend cette grossesse avec bonheur. Mais, ça va être une réaction de panique où de peur, parce qu’elle se dit ne pas être prête face à cette situation même si elle sait qu’elle a fait quelque chose qui est à l’origine de la grossesse.
Le fait de paniquer, d’être choquée ou d’être heureuse influence-t-il son mental ? Comment ?
Lorsqu’on est choqué parce qu’on est en grossesse, ça déclenche beaucoup de facultés psychologiques. C’est-à-dire que l’humain est fait de tel sorte qu’au moment où la femme tombe enceinte, les premiers moments de 0 à trois mois sont des moments très sensibles parce que c’est à partir du 21e jour de la fécondation que la grossesse cherche un endroit pour se nicher au sein de l’utérus.
C’est une période tellement sensible. Si par exemple, on a une forte diarrhée, cela peut faire couler la grossesse. Mais lorsqu’il y a déjà eu la nidation, tout ce qu’il y a comme émotion dans la mère traverse l’enfant. Les émotions fortes font souvent que la grossesse n’arrive pas à rester dans la nidation. Donc, les effets de l’émotion sont très importants et psychologiquement utiles pour nous qui avons étudié l’humain.
Cette situation émotionnelle peut-elle affecter le bébé ?
En réalité, le système est fait de telle sorte que l’enfant tire tout de sa mère à partir du cordon ombilical. Des nutriments que la mère consomme, il y a un flot sanguin qui va se créer entre la mère et l’enfant, pour que le sang enrichi soit transmis à l’enfant directement par le cordon ombilical qui le nourrit et qui le fait grandir.
Donc, cette évolution du corps dépend également du partage des émotions que la mère traverse dans la journée. Si les gens crient beaucoup sur la mère, l’enfant entend et si cette voix effraie, elle effraie aussi l’enfant. Donc, ceux qui comprennent la psychologie profonde font l’effort de garder les femmes dans la paix , la bienveillance.
S’il arrive que la femme soit dans les émotions pas trop bonnes, comment prévenir ces risques pour éviter de tomber dans la dépression ?
Je ne pense pas qu’on puisse parler de la dépression en tant que telle. Ce n’est pas le seul mal psychologique qui existe. Lorsqu’une personne panique tout de suite, vu que la thyroïde commande l’équilibre intérieur depuis le cerveau, ces émotions vont faire battre le cœur. Ce qui peut provoquer une accélération du rythme cardiaque et l’accélération de la tension artérielle qui, à son tour va amener la sudation. Ce qui va faire augmenter la température et amener une diarrhée si la personne ne mange pas quelque chose de lourd. Vous voyez donc jusqu’où une simple panique peut amener un corps dans des difficultés. Le physique et le physiologique sont étroitement liés. Maintenant pour éviter tout ça, c’est de mettre une barrière psychologique en se disant, je suis dans un état de grossesse, j’ai intérêt à garder mon calme. C’est à dire que la femme doit faire des efforts pour se maintenir dans une ambiance agréable et paisible. Pour se faire, elle peut écouter des musiques douces, tendres et affectueuses.
Quelle peut être la contribution de l’homme à apaiser la situation ?
L’homme qui accompagne une telle fille ou femme doit être la personne qui porte la grossesse psychologique mais, pas la grossesse réelle. Ça veut dire qu’il sait qu’il a mis une femme enceinte et il partage les charges mentales de cette réalité. Donc, il veille sur elle, il lui donne à manger suffisamment s’il y a lieu, ou il veille à ce que les conditions autour d’elle soient réunies. De temps en temps, il l’encourage avec les mots du genre ‘’ Tiens, bon ! Nous aurons notre bébé. C’est toi qui porte mais, je me sens avec toi et sache que je t’aime et j’aime mon futur bébé !’’
La femme est très auditive. Donc, avec de telles paroles, ça la prépare mentalement et émotionnellement à la venue d’un enfant apaisé, positif, aimé de papa et maman. Au cas où il n’est pas à côté, il peut le faire au téléphone parce que c’est l’effet psychologique qui est recherché.
Aussi, le monsieur doit si possible, venir accueillir le bébé le jour de l’accouchement en portant les gants. C’est scientifiquement montré que les papas qui accueillent leur bébé au premier contact lorsque l’enfant vient au monde, l’enfant s’attache beaucoup à son papa et cela permet de soulager la maman. Elle vient d’accoucher et il faut souvent au moins 40 jours pour qu’elle retrouve une certaine plénitude.
Sinon souvent, même à 8 ou 9 mois après l’accouchement, on ne trouve pas de position adéquate pour dormir.
Aussi, il ne faut pas s’abstenir de faire les rapports sexuels parce que ça aide le bébé. Un bébé dont les parents ont eu des rapports sexuels pendant la grossesse, le bébé est vigoureux.
Les rapports sexuels n’impactent- ils pas la grossesse ?
La grossesse à partir de trois mois est viable. Cela veut dire qu’à partir des trois mois, vous pouvez faire les rapports sexuels jusqu’à neuf mois ou la veille de la grossesse. En réalité, il faut chercher la position appropriée. En général, les hommes prennent la femme de dos et font l’amour. Et lorsque la femme jouit, la grossesse bénéficie de cette jouissance. C’est vraiment un mécanisme utile car ça fortifie l’enfant. Ça le rend vigoureux depuis le ventre de sa mère et les bébés vigoureux naissent facilement par rapport aux autres.
Quel comportement la femme doit-elle adopter pour minimiser le poids psychologique des épreuves de la vie courante sur sa grossesse ?
Comme astuce médicale, de zéro à trois mois, elle doit rester calme pour la plupart du temps. Ensuite, commencer la pesée. C’est-à-dire le suivi médical de la mère et de l’enfant. Mais, il faut garder psychologiquement la paix, l’entente, l’harmonie dans le milieu où vit la personne. S’il n’y en a pas, c’est à elle de créer cela comme environnement intérieur à travers les bonnes personnes qui la côtoient et qui l’encouragent. Aussi, il ne faut pas arrêter de travailler lorsqu’on est en grossesse. Tout être humain doit travailler 8h du temps.
C’est souvent vers la fin de la grossesse, autour de 07 mois, qu’elle doit arrêter les tâches trop physiques. Elle doit se préparer mentalement et émotionnellement à l’accouchement. Ne pas avoir peur de l’accouchement ! Si elle a un mécanisme clair dans sa tête, elle se prépare à le vivre dans son corps. Si ce n’est pas le cas, elle aura peur et elle sera dans la turbulence le jour de l’accouchement. Et ça peut souvent créer d’autres désagréments.
Entretien réalisé par Abdoulaye Ouédraogo