Le 26 avril 2023, le président de l’université Joseph Ki-Zerbo procédait à la pose de la première pierre d’une crèche maternelle au profit des filles-mères et du personnel de l’université. L’infrastructure qui devait être prête trois mois après, se fait toujours attendre.
Il est 15 h 00 lorsque nous arrivons au sein de l’université Joseph Ki-Zerbo ce jeudi 28 mars 2024 afin de visiter la crèche maternelle et le préscolaire dont la pose de la première pierre a eu lieu, le 26 avril 2023, à quelques mètres de l’entrée Sud.
A notre grande surprise, aucune infrastructure au lieu indiqué. Même pas une trace de travaux de construction. Nous croyons nous tromper de cadre et pourtant, nous sommes bel et bien au bon endroit.
On aperçoit juste de part et d’autres du sable et des gravillons, de part et d’autres, soutenus par des bus en stationnement, des motos et vélos anarchiquement garés, des morceaux de tôles, à terre… Et pourtant c’est le décor cet espace était censé abrité la crèche, pour le bonheur des tout-petits.
Face à cette situation, une question se pose. Où en est-on avec le projet de crèche d’un coût global de 500 millions FCFA, bâtiment de type R+3, d’une capacité de 160 places ?
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Si nombreux sont les personnes réticentes à nous répondre, c’est tout le contraire chez cet homme qui travaille depuis plus d’une vingtaine d’années dans cette université. Pour cet employé qui a requis l’anonymat, la réalisation du projet n’est plus valable au même endroit. « J’ai appris que l’espace choisi pour la construction de la crèche n’est pas approprié parce qu’il y a une antenne de télécommunication juste à côté et ce n’est pas bien pour les enfants. Donc, si le projet doit porter fruit ici, c’est l’antenne qu’il faut dégager d’abord de là », nous confie-t-il.
Tout comme son prédécesseur, Issaka, nom d’emprunt évoque des problèmes techniques. « Les techniciens ont déconseillé la construction de la crèche parce que c’est à côté d’un canal. Avoir des femmes et enfants ici, auprès des eaux usées, c’est toute une pollution et ce n’est pas du tout simple », soutient-il.
Des propos qui, selon une dame rencontrée sur place, ne suffisent pas à justifier le retard dans l’exécution des travaux. « J’ai entendu qu’ils ne vont plus faire construire la crèche ici à cause de l’antenne. C’est faux. Ils sont venus déplacer le parking pour rien. Au début, j’ai même trouvé le cadre restreint pour un tel projet. Mais, je ne pouvais rien faire », s’est-elle indignée.
La crèche, une nécessité absolue
Dans le milieu estudiantin, les compositions et les devoirs se font régulièrement. Chaque jour est une opportunité de rappeler le besoin crucial de la crèche afin de permettre aux étudiantes mères de pouvoir vaquer sereinement à leurs obligations.
Le cas du témoignage de Sallia, une étudiante donne froid dans le dos. « Des femmes viennent avec leurs nouveau-nés pour composer et certains surveillants leur refusent l’accès à la salle avec les enfants. J’ai déjà vu ça de mes propres yeux. Nous étions en train de composer et le surveillant a demandé à la dame de laisser son enfant, dehors. Le bébé ne pleurait pas. Mais, il a quand même exigé qu’elle le fasse sortir. Elle est sortie remettre son enfant à une fille inconnue. Donc, elle était obligée de sortir vérifier à chaque dix minutes. La fille pouvait s’en aller avec l’enfant sans qu’elle ne le sache », déplore-t-elle.
Les étudiantes-mères se voient alors, obligées de prendre des risques au point de mettre la vie de leurs enfants en danger. Pour cette dernière, ces faits sont des parfaites illustrations de l’ultime importance de la crèche, un endroit de sécurité pour les enfants et de soutien pour les mamans.
A l’en croire, si la crèche n’est toujours pas construite, il y a peut-être un défaut de moyen quelque part. « Vous pouvez souvent avoir des projets et un problème surgit à la dernière minute puis, vous empêche d’évoluer », estime-t-elle.
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En réalité, le projet de la crèche n’est pas seulement important, il est aussi un remède à un mal qui ronge depuis un certain temps, les universités du Burkina, mettant en péril, l’avenir estudiantin de nombreuses jeunes filles et femmes.
Si ce problème n’est pas résolu dans un futur proche, l’on peut dire que la lutte pour la cause de la femme demeure négligée. Elle n’est pas prioritaire aux yeux de nos gouvernants.
Abdoulaye Ouédraogo
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