Surnommée Jamy la biscuitière ou Jamy la timide, Jamina Niamba Sawadogo est une passionnée de l’art culinaire. A 31 ans déjà, elle fait parler d’elle grâce à créativité dans la pâtisserie. Très tôt, elle réalise que le monde d’aujourd’hui, a besoin d’ouvriers qualifiés pour des produits et services remarquables. Pour ce faire, elle met un point d’honneur sur son travail.
Épouse exceptionnelle, très discrète et compréhensive. Une entrepreneure déterminée, engagée et très talentueuse. Elle aime ce qu’elle fait et fait ce qu’elle aime. C’est ainsi que Ulrich Niamba, cadre dans une ONG de la place décrit son épouse, Jamina Sawadogo, promotrice de Jamy Multiservices.
Née d’un médecin et d’une infirmière, elle perd son père, à l’âge de 12 ans. Jamina Sawadogo, la petite orpheline se rend compte très tôt que pour réussir, il faut se battre. Ayant appris de ses parents que l’école classique à elle seule, ne suffit pas pour faire d’elle, la femme qu’elle rêve d’être, elle s’est vite lancée dans le commerce et la transformation agroalimentaire.
C’est d’ailleurs dans la cour familiale située à Kossodo qu’elle mène son activité. En effet, c’est auprès de son père qu’elle apprend à faire les achats au marché. Ce dernier a également une collection de livres dans lesquels, il tire des recettes et les week-ends, ils font ensemble, la cuisine surtout les desserts (gâteaux, crèmes) et les soupes. « J’ai aimé la cuisine depuis l’enfance et même quand j’ai eu le bac, j’avais décidé de faire l’hôtellerie. Mais, mes parents ont refusé sans me donner de raisons. C’était mon rêve », clarifie la jeune femme.
Après l’obtention de son BAC D, elle poursuit ses études en comptabilité jusqu’à la licence. Puis, elle s’inscrit en master contrôle-audit. Aux termes de différents stages, Jamina Sawadogo décroche un poste de téléactrice dans une entreprise de télécommunication. Elle oriente alors, les clients au téléphone, en fonction de leurs besoins. Elle assume cette fonction 7jrs/7, pendant environ trois ans. Les week-ends, elle fait un service traiteur de repas qu’elle apporte à ses collègues.
Convaincue qu’elle a de l’avenir dans la restauration, elle manifeste le désir de quitter son poste. Son époux Ulrich Niamba, conseiller plaidoyer-communicateur pour le compte du projet Plurielles basé dans la sous-région, tente de la dissuader quant aux risques qu’elle est en train de prendre. « Jamy, on ne quitte pas un emploi pour se lancer dans l’entrepreneuriat avec peu de ressources », avertit-il.
Cependant, ses conseils tombent dans l’oreille d’un sourd. Trois mois plus tard, en mai 2019, elle saisit son congé de maternité et démissionne malgré tout, pour se lancer dans l’entrepreneuriat.
Au regard de sa témérité, Ulrich Niamba décide de la soutenir. « Ce que j’apprécie beaucoup en elle en tant qu’entrepreneure, c’est qu’elle n’a cessé de se former et par moments, à des coûts très élevés pour une jeune pâtissière de son état. C’est une femme de vision et elle met tout en œuvre pour l’atteindre. Depuis lors, je n’ai cessé de lui envoyer de l’énergie positive dans l’atteinte de ses objectifs », déclare-t-il.
Ayant évolué dans des ONG où une place prépondérante est accordée à la femme, à son autonomisation et celle de la jeune fille, c’est tout naturellement qu’Ulrich Niamba aide sa moitié. « Quand la femme est autonome, elle est épanouie. Et cela se ressent sur les enfants et sur l’époux. Ne pas permettre cela à la femme est une injustice et l’injustice est une maladie qu’il faut combattre. C’est pourquoi depuis lors, j’essaie de lui apporter soins et soutiens pour la bonne marche de ses activités », confie-t-il avec fierté. En fait, « Jamy Multiservices m’emploie à mes temps libres comme rédacteur de contenu, livreur, secrétaire, agent commercial, etc. », renchérit le mari collaborateur.
« Ingénieuse, créative et méticuleuse »
La procédure de fabrication de certains menus rares et originaux est longue et compliquée. Aussi, le coût des matières premières et le temps mis pour la réalisation, influencent du coup, le prix proposé à la clientèle. « Par exemple, quand j’ai une commande, je paie les arachides ou la patate douce pour 5000 francs CFA au marché. La dame épluche, on sèche et quand c’est en quantité, je pars au moulin. On transforme en farine et j’utilise pour la pâtisserie. En petite quantité, j’utilise le mixeur. Je joue aussi avec les couleurs et les goûts. Donc, quand je fais, le prix est assez élevé », relève-t-elle.
Ce facteur économique n’empêche pas Jamina Sawadogo de valoriser ses créations dans les cérémonies notamment les biscuits personnalisés à base de pâte sablé, les biscuits de mariage musulmans ou catholiques décorés avec des effigies religieuses, les macarons de poudre d’amende et bien d’autres menus.
Ulrich Niamba dit être parfois étonné des merveilles que Jamina Sawadogo réalise. Il lui arrive souvent de lui demander si réellement, c’est elle qui les a faites. Ses amis et collègues, la plupart des expatriés apprécient également les recettes de la pâtissière.
Et ils ne sont pas les seuls à être séduits par les exploits de Jamina Sawadogo. « Jamina Niamba Sawadogo est une pâtissière férue, passionnée. Elle est ingénieuse, créative et méticuleuse quant à la réalisation de ses petits fours », mentionne Fatym Sanou, chargée clientèle dans une compagnie aérienne de la place.
Suite à une publication sur Facebook, il y a deux ans, dame Fatym a lancé une commande avec elle. « J’ai eu à commander des plateaux salés, composés de petits fours, des plateaux sucrés, des mini-hamburgers, des mini-pizzas, des neems, des crêpes, des pastels », explique-t-elle.
Cette dernière est tout de suite satisfaite du résultat. Depuis ce jour, elle s’est attachée les services de Jamina pour toutes les fêtes de noël et de pâques. « Elle m’a fait goûter sa dernière réalisation, il y a un mois. Des toffees, des bonbons au lait et des biscuits. Je lui dis merci pour le respect qu’elle a, à mon égard. Qu’elle continue dans cette lancée ! Elle ira loin », indique-t-elle.
« Sa passion pour les douceurs a pris le dessus sur sa formation initiale »
Le président de l’Association des Restaurateurs, Acteurs des Métiers de Bouche et Transformateurs alimentaires (ARAMBTA), maître Benjamin Lucien Kiswendsida Compaoré confie avoir détecté en Jamina Sawadogo, une jeune dame talentueuse qui fait des prouesses en termes de gourmandise. « J’ai voulu d’abord vérifier l’authenticité des merveilles que je voyais en photos sur Facebook et franchement, je n’ai pas regretté. Quand j’ai initié le projet d’association, ce fut une des premières personnes à qui j’ai fait appel dans l’option de mettre en lumière le riche potentiel professionnel dont elle regorge. Sa passion pour les douceurs a pris le dessus sur sa formation initiale », dit l’expert en audit hôtelier.
Son talent et son savoir-faire lui valent en octobre 2023, deux médailles au Carrefour international de Gastronomie du Faso (CIGAF). Maître Lucien Compaoré affirme ne pas être surpris de cette distinction car jusqu’à présent, elle est, selon lui, l’unique à exceller dans son domaine. En effet, elle utilise de la matière locale burkinabè pour produire des douceurs modernes qui n’ont rien à envier aux produits des industries étrangères.
A l’en croire, elle a largement mérité ces prix parce que ses créations sont originales. Elles allient beauté, sensation et glamour. Les dosages sont simplement parfaits et bien équilibrés. « Certes, des gens commandent et font de l’usurpation. Mais, avec une promotion soutenue par les autorités et les médias comme vous, Jamy et ces douceurs devraient pouvoir se faire une place dans le concours des professionnels de la confiserie-biscuiterie », souligne-t-il.
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Dans le désir de propulser son entreprise, Jamina Sawadogo ne dort pas sur ses lauriers. Elle espère acquérir de nouvelles machines afin de pouvoir mettre en place, une grande pâtisserie consacrée particulièrement aux produits locaux, une entreprise qui fera d’elle, l’une des plus grandes pâtissières du Burkina. « Pour ma part, je n’hésiterai pas à recommander les merveilles de Jamy et à exhiber ces créations dans tous les festivals et foires de l’alimentation », promet Lucien Compaoré président directeur de la Fédération mondiale des Restaurants de Sports (WFRS).
Françoise Tougry
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