La communauté musulmane du Burkina Faso a entamé, ce lundi 11 mars 2024, le mois du ramadan, considéré comme le mois le plus béni de l’année en islam. Alors qu’à Ouagadougou, la restauration fait partie des activités phare des femmes, celles-ci connaissent un sérieux manque de client, rien qu’en trois jours de jeûne. Nous sommes allés à la rencontre de restauratrices respectivement à Tanghin et à Nimninwéogo.
En ce mois du ramadan 2024, Awa Sawadogo et Fatimata Yéda, ces restauratrices peinent à combler le vide laissé par la clientèle depuis que le carême est lancé. Awa Sawadogo qui propose du tô, du riz, du thé et du nescafé à ses clients depuis un an et demi trouve encore plus difficile, le jeun de cette année. « Il n’y a pas de marché et je ne fais que me débrouiller. Depuis le début du mois de ramadan, j’ai réduit la quantité du riz que j’avais habitude de préparer. Je préparais 12 kg par jour. Maintenant, je ne propose que 4 à 5 kg par jour. Ce qui veut dire que je perds en matière de rentabilité », regrette la restauratrice.
Awa Sawadogo se contente du peu qu’elle gagne et fait de son mieux pour maintenir ses clientes. Pour elle, cette méthode va lui permettre de les récupérer à la fin du mois du carême. « Je leur dis un grand merci pour leur fidélité et les invite à me renouveler leur confiance », a-t-elle déclaré.
Tout comme Awa Sawadogo, la situation est loin d’être rose chez Fatimata Yéda, vendeuse de haricot, atiéké, riz depuis 10 ans. « Pour être honnête, avec l’expérience que j’ai, le Ramadan 2024 est beaucoup plus pauvre en matière de clientèle. Cette année, les carêmes des musulmans et les catholiques se sont croisés et cela a alourdi la situation », nous explique-t-elle avec un air de regret même si elle rend grâce à dieux de ne pas repartir à la maison, bredouille.
Le revenu journalier de Fatimata Yéda varie entre 35 000 FCFA et 40 000 FCFA avant le ramadan. Aujourd’hui, avec le ramadan, elle peine à avoir 10 000 francs. Des propos confirmés par sa cliente Fatimata Simporé depuis plus de cinq ans. « J’ai souvent du mal à me faire servir ici quand je viens chercher à manger. Pendant que certains veulent manger sur place, d’autres veulent emporter. En cette période de ramadan, c’est difficile pour elle. Mais, elle comprend car sa clientèle est majoritairement composée de musulmans et elle n’a pas à s’inquiéter », a-t-elle rassuré.
Fatimata Yéda compte tout de même, garder le sourire jusqu’au bout. « S’il y a la santé, rien n’est perdu car il ne reste plus que tout au plus 25 jours », a-t-elle clamé.
Le ramadan, considéré comme mois béni chez les musulmans et quatrième des cinq piliers de l’islam, recommande entre autres, de s’abstenir de manger, de boire, de fumer, d’entretenir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil.
Abdoulaye Ouédraogo