Quelques années en arrière, les femmes humoristes au Burkina se comptaient du bout des doigts contrairement aux hommes. Aujourd’hui, elles investissent les scènes et dévoilent leurs talents. Sauf qu’elles sont confrontées à de nombreuses difficultés qui, selon l’humoriste Eric Gaégo Nazindingouba, portent préjudices à leur carrière.
Une ou deux artistes humoristes à l’image de Eudoxie Gnoula, Oliva Ouédraogo… sont les précurseurs de cet art au Burkina Faso. Toutes comédiennes de formation à la base, elles étaient beaucoup plus sollicitées pour des créations théâtrales. Telle est l’analyse de Eric Gaégo dit Mister 100%, artiste comédien, humoriste et interprète en langue de signes. Ce qui faisait selon lui, qu’elles n’avaient pas le temps pour se consacrer entièrement à l’humour.
Mais juste après est arrivée, la génération des Philomaine Nanema, Adèle Badolo et bien d’autres… Cette génération a été et est toujours présente sur les planches. Elles inspirent et continuent d’inspirer beaucoup de femmes côté humour aux plans national et international.
A en croire cet homme qui a une dizaine d’années d’expérience dans le domaine, plusieurs facteurs peuvent bloquer la carrière professionnelle des femmes artistes.
On note d’abord le manque de cadres d’expression. Les scènes sont devenues rares au Faso surtout avec la crise sécuritaire. Ensuite, on enregistre le désintérêt des managers à faire la promotion des humoristes femmes. En d’autres mots, les managers s’intéressent moins aux humoristes de façon générale au Burkina. « Les raisons, je n’en sais pas trop. Peut-être parce qu’ils ne maîtrisent pas notre domaine. Et pour finir, il y a trop de préjugés sur les femmes artistes », a précisé l’artiste comédien.
Pour Eric Gaégo, malgré ce constat peu reluisant de la situation des femmes humoristes, il y a tout de même de l’espoir. « Elles commencent à être nombreuses, les femmes qui se démarquent, de plus en plus, par leurs performances. Je peux citer entre autres, Philomaine Nanema, Adèle Badolo… et comme étoiles montantes, Noélie la conseillère conjugale, Adja apoutchou… », a-t-il indiqué
Au regard du travail que les femmes humoristes abattent sur le terrain même s’il leur reste beaucoup de chemin à parcourir, Eric Gaégo les félicite déjà pour leur audace et leur engagement. « Un conseil : pour réussir dans ce milieu, c’est de briller par son travail, d’être humble et reconnaissant. Dieu fera le reste. », a-t-il souligné.
Françoise Tougry