« Une opportunité, ça se saisit vite ou ça ne se saisit pas », disait Serges Uzzan. Rasmata Segda épouse Kouanda a fait sienne cette philosophie. Face aux difficultés rencontrées dans les études, cette assistante de direction de formation s’est tournée vers le e-commerce qu’elle exerce depuis trois ans, avec satisfaction. Nous l’avons rencontrée, le mardi 06 février 2024, à Ouagadougou.
Rasmata Segda est la promotrice de la poissonnerie, la Téranga. Cette jeune dame très accueillante au teint clair et de taille moyenne, propose, entre autres, aux client.e.s, du poisson surgelé, du poisson fumé et du placali.
Sa passion pour le commerce est née, il y a trois ans alors qu’elle est étudiante en année de licence technique administrative, spécialité assistante de direction, à l’université Norbert Zongo de Koudougou.
A la même période, elle déménage à Ouagadougou avec son époux. Cette situation rend difficile, son projet de mémoire car Rasmata Segda se voit obligée de faire la navette entre les deux villes afin de finaliser son document. Et tout ça, avec deux enfants dont une fille qu’elle a eu en première année et un garçon dans sa troisième année.
N’ayant aucune alternative à ces contraintes, elle abandonne ses études. « C’était compliqué et cela m’a découragée. Je me suis alors vite ressaisie et j’ai opté pour ma passion qui est le commerce. J’ai commencé avec le charbon du bois. Mais avec l’insécurité, je n’arrivais plus à avoir de marchandises », rappelle-t-elle.
Le e-commerce, une porte de sortie
Il ne suffit pas de vouloir faire du commerce pour réussir. Il faut aussi la bonne marchandise et le bon circuit pour l’écoulement de son produit. Consciente de cette réalité, Rasmata Segda participe à des renforcements de capacités sur la vente en ligne après avoir, maintes fois, essayé de se démarquer dans le domaine, sans succès.
« J’ai dans un premier temps essayé de poster les photos de mes produits. Après, j’ai vu une annonce qui concerne une formation sur la vente en ligne et je ne m’y connaissais pas trop. Donc, je me suis inscrite à la formation et ça m’a un peu motivée. Du coup, au lieu de poster une photo par semaine, j’ai commencé à poster régulièrement comme nous l’a recommandé notre formateur », clarifie-t-elle.
Grâce à sa page facebook, elle reçoit de nombreuses commandes et assure les livraisons. « Je ne fais pas plus de quatre livraisons par jours, moi-même. Si ça va au-delà et que c’est loin aussi, je me fais aider par une société de livraison », précise-t-elle.
Même si dame Rasmata est passionnée de commerce, elle n’oublie pas ses responsabilités familiales, mère et femme au foyer. Ce qui l’a amenée à employer une gérante qui l’épaule. « Elle est permanamment à la boutique sauf le jour de son repos. Ça me permet de faire mes courses surtout et d’être aussi une bonne mère à la maison », explique-t-elle.
Pour elle, mener une activité est une source d’épanouissement car cela lui permet d’être financièrement autonome, de gagner sa vie et d’apporter sa contribution dans les charges familiales.
En ce qui concerne la poursuite de ses études, Rasmata Segda affirme avoir d’autres priorités. « Ça va peut-être se faire plus tard. Mais, pour l’instant, je concentre mon énergie dans la construction de ma boutique. Je le ferai quand je vais me stabiliser parce que je suis pour le moment en manque de temps », affirme-t-elle.
« Il y aura des gens pour se moquer de toi »
Aujourd’hui, Rasmata Segda est mère de trois enfants dont une fille et deux garçons. Face au problème d’emploi que l’on rencontre, elle invite la jeune génération en particulier les filles, à ne pas sous-estimer les portes qui s’ouvrent à elles.
« Ceux qui ont un niveau d’étude un peu élevé, une catégorie de personnes ne se sent pas forcement à l’aise de revenir faire de petits boulots. Alors qu’il n’y a pas de honte, à exercer un métier qui permet de gagner son pain. Il y aura des gens pour se moquer de toi, certes. Mais, il ne faut surtout pas regarder les gens pour vivre », conseille-t-elle.
Son rêve est d’achever sa boutique dont la construction est en cours et d’élargir son champ d’actions. « Un client heureux est une grande publicité. Personne ne doit se complexer et vouloir forcement travailler dans un bureau », lance-t-elle.
Abdoulaye Ouédraogo