Hémorragie légère ou abondante, le saignement du nez encore appelé épistaxis peut survenir à tout âge. La fréquence de l’écoulement du sang peut baisser ou s’arrêter définitivement au fur et à mesure que l’enfant grandit. Les parents souvent très inquiets ne savent plus à quel saint se vouer lorsque le phénomène perdure. Dr Isabelle Gnakadja Fafadji Boncoungou, médecin ORL et chirurgienne cervico-faciale vous explique davantage le saignement du nez chez l’enfant.
Comment se manifeste le saignement du nez chez l’enfant ?
Le saignement du nez peut-être très minime chez l’enfant. C’est-à-dire, pas très important soit une petite abondance. Ça peut aussi être moyennement abondant (écoulement un peu plus important) ou de grande abondance. Cet écoulement peut venir d’une seule narine. Ce qui est appelé épistaxis unilatérale ou bien des deux narines.
L’écoulement peut être antérieur. C’est-à-dire que ça sort par les narines ou bien au contraire, un écoulement postérieur. C’est-à-dire que l’enfant sent l’écoulement à l’arrière du nez. Donc, ça descend dans la gorge et là, il a tendance à cracher le sang. Ce sang ne crée pas de problème parce que ce sang est habituellement rejeté dans les selles.
Comment agir quand le saignement du nez survient ?
La première chose, c’est de ne pas paniquer parce que si l’entourage panique, ça panique un peu plus l’enfant. Selon l’importance de l’écoulement, votre action va en dépendre aussi.
S’il s’agit juste d’un écoulement minime, la première chose à faire c’est de compresser le nez pendant que l’enfant respire par la bouche et vous penchez sa tête en avant tout en gardant la compression pendant 5 à 10 minutes. Ensuite, il faut faire un lavage du nez. Pour cela, vous pouvez utiliser de l’eau salée pour pomper dans le nez et l’enfant se mouche.
L’autre méthode, c’est de faire sucer de la glace à l’enfant. Ce sont des méthodes qui peuvent permettre de faire arrêter l’écoulement quand il est minime. Mais, il faut toujours aller consulter pour voir le médecin qui va investiguer pour voir, si c’est quelque chose de passager ou s’il y a une chose grave.
Un écoulement important peut avoir des conséquences sur l’organisme de l’enfant. Il peut perdre beaucoup de sang. Donc, avoir une anémie et il peut rentrer en état de choc. Donc, c’est toujours mieux de l’amener en hospitalisation pour qu’on le prenne en charge pour arrêter l’écoulement et ensuite, chercher la cause.
Le saignement du nez est-il lié à l’état psychologique de l’enfant ou au temps qu’il fait ?
L’état psychologique de l’enfant n’a pas un rôle à jouer. Le saignement du nez peut survenir pendant la période d’hivernage (harmattan) à cause de la sècheresse de l’air et du froid parce que la muqueuse à l’intérieur du nez est très sensible aux éléments atmosphériques. Quand il fait un peu froid, la muqueuse peut s’assécher et on peut donc avoir un écoulement sanguin. On peut également avoir des écoulements qui n’ont pas de cause, qu’on appelle une épistaxis idiopathique. Ça, c’est quand on élimine toutes les autres causes. C’est-à-dire qu’il faut faire les bilans des examens sanguins et parfois des scanners.
Et si on ne trouve aucune cause, cela est appelé, écoulements idiopathiques. C’est habituellement 90% des écoulements qu’on trouve chez l’enfant car il n’y a pas de cause particulière et ils sont bénignes en général (sans gravité).
Quel constat, faites-vous sur le saignement du nez chez l’enfant ?
Dans la plupart des cas, ce sont des épistaxis bénignes. Des petits saignements qui s’arrêtent avec le temps. C’est vrai que ce sont les parents qui sont habituellement plus alarmés mais, au fur et à mesure que les enfants grandissent, ça s’arrête.
Il y a des cas plus graves où ce sont des tumeurs. Et quand ce sont les tumeurs, c’est très difficile à traiter selon la cause. Ce sont des situations qui sont très difficiles à supporter pour les enfants et aussi pour les parents.
Disons que les tumeurs sont des masses qui peuvent pousser à l’intérieur du nez ou à l’arrière du nez et qui peuvent être à l’origine du saignement. Ça peut être des masses bénignes, c’est-à-dire qui n’ont pas tendance à se généraliser et qui peuvent être guéries, comme elles peuvent être des masses malignes, très difficiles à soigner, qu’on appelle habituellement les cancers.
Quel est votre message à l’endroit des parents qui vivent ça au quotidien et qui ne sont toujours pas rassurés par rapport à la santé de leurs enfants ?
C’est d’utiliser tous les moyens préventifs possibles selon la cause du saignement. En général, quand les saignements sont dus à des rhumes à répétition, on leur donne des conseils de protection surtout en période critique. En harmattan, quand le vent est sec et qu’il y a beaucoup de poussière, il faut toujours protéger les enfants.
C’est aussi recommandé de faire le lavage du nez régulier pour humidifier la muqueuse du nez. Cela permet de prévenir les rhumes et les écoulements.
Françoise Tougry
Abdoulaye Ouédraogo