En Côte d’Ivoire, le football féminin peine à prendre son envol économique. Corruption, exploitation des ressources humaines et bien d’autres injustices sont enregistrées dans ce milieu. Cynthia Djohoré, gardienne de but des éléphantes et Dominique Thiamale, ex-capitaine des éléphantes à la retraite ont, ce lundi 19 février 2024 à l’émission C’Midi sur le plateau de la RTI1, ont exprimé leur ras-le-bol par rapport à cette situation déplorable.
Les deux joueuses de la sélection dame de l’équipe de football de la Côte d’Ivoire ont dépeint la triste réalité qu’elles vivent. Voici leur témoignage :
Dominique Thiamale, ex-capitaine des éléphantes de la Côte d’Ivoire
Nous avons mal parce qu’au même titre que les hommes, nous jouons 90 minutes, nous défendons le drapeau de notre pays. Mais financièrement parlant, il n’y a rien. Comment comprendre que nous partons représenter la Côte d’Ivoire à une coupe du monde sans cinq francs dans la poche et on revient sans cinq francs ? On nous octroie des licences. Donc, nous sommes toutes licenciées professionnelles. Mais sur notre licence, c’est écrit amateur. On ne sait pas pourquoi.
Quant on demande au président, on nous dit que le football féminin n’a pas de sponsor. Certains présidents disent que, ce qu’ils dépensent sort de leurs poches. Donc, il n’y a pas de salaire. Quand nous nous retrouvons blessé, c’est un problème. Il y a de nombreuses joueuses qui ont arrêté pour cause de blessure. Moi qui vous parle, je suis blessée. J’ai des problèmes au niveau de mes genoux mais, j’insiste. Quand on arrive en sélection, tu te dis que c’est gagné. Mais c’est pareil, là-bas aussi.
Avant d’aller jouer le mondiale, nous en avions tellement marre de l’hôtel où nous étions logées que nous avons marché, toutes les joueuses, jusqu’à la fédération. Nous sommes allées trouver le manager général de la sélection et nous lui avons dit ce que nous vivons. C’était en pleine fête des mères et on lui demandait de nous donner juste quelque chose pour qu’on puisse acheter un cadeau pour nos mamans.
Mais, nous avons amèrement regretté les retombées. Après, nous avons entendu dire que nous l’avons séquestré. Il a dit plein de choses et ils nous ont réuni dans la soirée. Sidi Diallo et Sorry Diabaté sont venus en son temps, nous voir. Mais, ce n’était pas bon pour nous. Pour finir, nous n’avons pas pu manger le repas qui a été servi ce jour. Ensuite, nous sommes allées au mondiale sans cinq francs dans la poche. A notre retour, quand nous sommes arrivées à l’aéroport, nous avons été déshabillées des tenues que nous avons portées pour aller. On enlève ça dans le car. Les survêtements, on nous les arrache. Ils reprennent et là on vient avec une feuille, tee-shirt rouge, bleu, blanc. On t’appelle et on te donne 10 mille francs et on te dit qu’on va t’appeler.
Cynthia Djohoré, gardienne de but des éléphantes
C’est maintenant qu’ils ont donné la prime de victoire. En cas de défaite, il n’y a pas de prime et la prime est divisée par deux en cas de match nul. Le montant de la prime, c’est 1 millions sur match aller et retour.
Moi, c’est à travers facebook j’ai appris que l’équipe féminine a signé forfait. Ça ne vient pas de nous. C’est la fédération qui a signé forfait sinon l’équipe ne l’a pas fait. On ne donne même pas la chance au coach de faire ses entrainements à temps. Il y a assez de talents mais, les moyens ne sont pas mis à notre disposition.
J’interpelle la première dame qui est notre marraine, pour qu’elle se penche un peu, sur notre cas. Franchement, nous avons besoin de beaucoup de soutien. Nous avons été championnes deux fois successif avec Athlético d’Abidjan. Mais, il n’y a pas eu de médailles, de trophées et d’enveloppes.
Abdoulaye Ouédraogo