19 pays ont pris part à la conférence virtuelle tenue, le mercredi 14 février 2024. Placée sous le thème « One Health : Enjeux, défis et perspectives dans un contexte de changement climatique en Afrique », une cinquantaine de journalistes a échangé sur des thématiques d’actualités. L’initiative est du Réseau des Médias africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN).
One Health (Une seule santé) est une approche santé multidimensionnelle qui revêt deux aspects, elle est transdisciplinaire et multisectorielle. C’est ce qui ressort de l’analyse de Pr Brama Koné, responsable portefeuille changement climatique et santé au bureau régional de l’OMS Afrique (Organisation mondiale de la Santé).
On entend par transdisciplinaire, le travail en commun de plusieurs disciplines scientifiques dont la médecine, la sociologie et l’entomologie. Le médecin prescrit le traitement, le sociologue peut aider à comprendre pourquoi l’individu est tombé malade et l’entomologiste peut mener des actions qu’il faut dans l’environnement de vie du malade pour qu’il ne tombe plus malade.
Ces trois secteurs sont essentiels pour que le traitement et la prise en charge soient durables. Cela veut dire que le malade n’aura plus à revenir voir le médecin qui l’a traité parce qu’il est rétabli et toujours bien portant.
One Health est aussi une approche multisectorielle dans la mesure où elle fait appel au secteur curatif, au secteur du traitement et celui de la prévention. A cela s’ajoute, l’implication des ministères de la santé, de l’environnement, du budget et des finances dans la lutte contre ces maladies.
. « L’approche One Health vise à faire face aux maladies zoonotiques, maladies transmises souvent par les hommes aux animaux et vice-versa. Mais, on va au-delà des maladies zoonotiques. Ce sont des maladies qui sont à l’interface de l’homme, de l’animal et de l’environnement », a indiqué Pr Brama Koné.
Une synergie d’actions
Les pays africains, les populations et les différents acteurs du domaine de la santé ont l’obligation de relever les défis dans ce domaine. Ainsi, ils doivent travailler ensemble et réfléchir à comment aborder une maladie sous l’angle de la santé.
Dans le souci de leur donner un coup de pouce, One Health suggère une meilleure organisation interne et une réorganisation collective. Ce qui a l’avantage de réussir à mieux contrôler ces maladies.
A écouter Dr Brama Koné, lors de la Covid, maladie zoonotique, une chaîne de travail a été mise en place. Des chercheurs, des médecins, des sociologues, des spécialistes de communication, des ressources humaines et financières, des moyens logistiques, des vaccins… ont été mobilisés pour répondre à l’urgence de sauver des vies dans le monde entier. « Et c’est cette manière de travailler qui nous a permis de relever le défi », a-t-il précisé.
Selon le spécialiste, l’approche One Health pousse le gouvernement à ne pas aborder les problèmes de santé sous un seul angle parce que les défis sont de plus en plus complexes. Il s’agit entre autres, de renforcer le système de collecte d’informations sanitaires et environnementales et d’avoir des financements afin de soutenir davantage, les différentes actions déjà sur le terrain ou à venir.
A ce niveau, le conférencier du jour a souligné la résistance aux antibiotiques. Les microbes qui résistent aux antibiotiques ont plusieurs causes notamment la prise de médicaments sans prescription car le citoyen lambda ignore que pour prendre un antibiotique contre une maladie donnée, il faut le prendre sur une certaine durée. « Au bout de trois à quatre jours seulement, s’il a le sentiment que ça va, il arrête de prendre le médicament. Donc, on a un agent pathogène qui peut renaître du traitement et devenir plus résistant », a-t-il signifié.
A l’en croire, il est également impératif que les différents pays s’approprient ces problèmes de santé qui deviennent de plus en plus graves.
En rappel, Pr Brama Koné est enseignant-chercheur à l’université Gon Coulibaly en Côte d’Ivoire. Il a collaboré avec des universités au Togo. Pr associé en génie sanitaire, épidémiologie environnementale du Conseil africain et malgache pour l’Enseignement supérieur (CAMES), ses intérêts de recherche portent notamment sur l’adaptation au changement climatique, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, wash et les risques sanitaires. On retient que l’invité du jour est co-auteur d’une quarantaine d’articles et de livres évalués par des pairs et il a dirigé des projets de recherches régionaux en Afrique de l’Ouest, subsaharienne et bien d’autres.
Françoise Tougry