La femme d’affaires et artiste musicienne ivoirienne Daisy a mis en place, un business (Daisy mall) qui a été consumé dans un incendie. Depuis quelques jours, l’affaire est devenue virale sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, associées et créancières font nuit blanche et les commentaires vont bon train. Pour sa part, l’écrivaine Mahoua S. Bakoyoko estime que tout accusé doit bénéficier de la présomption d’innocence. Elle pose son regard sur le drame vécu par cette jeune entrepreneure, une histoire abracadabrantesque selon elle.
J’ai voulu comprendre cette histoire de Daisy à travers la tonne de Tik-Tok qui est faite sur le sujet. Deux camps clairement s’affrontent. Le premier camp, les sympathisants de Daisy qui estiment qu’en ces heures où son entrepôt a brûlé, rien d’autres ne devrait prévaloir que des messages de sympathies et de compassions à l’égard de cette jeune dame qui a prouvé qu’elle est une battante.
« Une dette estimée à environ 700 millions de francs CFA ».
Le deuxième camp, c’est ceux qui trouvent particulièrement douteux, l’incendie de Daisy alors qu’elle était acculée par ses nombreuses créancières pour une dette estimée à environ 700 millions de francs CFA. On va tenter de comprendre donc cette histoire vraiment de façon simple sinon…
Il était une fois Daisy…., une jeune dame dynamique particulièrement intelligente. Adulée par beaucoup. Elle va créer un groupe sur télégramme qui prend très vite avec plus de 1000 femmes. Un groupe où les femmes se confient entre elles. Elles parlent de leur situation et de leur envie de s’en sortir, grâce à de petits investissements rentables. Daisy va ainsi leur faire l’alléchante proposition du système de groupage pour la vente d’objets divers.
Le groupage consiste à remettre votre argent à une seule personne qui part faire les achats soit en Chine, Turquie, Inde…..etc…. C’est elle qui affrète le conteneur jusqu’à Abidjan. À l’ouverture, elle remet à chacune des femmes sa marchandise. Les femmes du groupage de Daisy sont partout en Afrique de l’Ouest, le Burkina-faso, la Guinée, Côte-d’Ivoire…. Elles sont toutes séduites par l’idée et commencent à transférer leur fond de commerce.
« Son mari exige le remboursement de l’argent avant sa réintégration dans le foyer… »
Sur Tik-Tok, une femme au Burkina affirme avoir contribué à hauteur de 7 millions et a même entraîné sa sœur qui a misé à son tour 2 millions. Une autre 4 millions en instance de divorce parce que son mari qui serait le contributeur exige le remboursement de l’argent avant sa réintégration dans le foyer… Bref, plusieurs témoignages de femmes qui auraient donné leur argent à Daisy sont sur la toile. Montant estimé….700 millions.
Certaines ont ainsi transféré leur fond à Daisy qui part acheter effectivement une multitude de marchandises, les meubles et des objets d’aménagement d’intérieur dans un premier temps. Sauf qu’à son retour au lieu de remettre à chacune sa marchandise, elle décide elle-même de les vendre et de payer aux femmes l’argent et les bénéfices. Ainsi, en exemple, pour un investissement de 10 millions, tu auras 18 millions. Nombreuses acceptent sa proposition même si, au départ, ce n’était pas leur choix.
Elle crée son entrepôt de meubles avec une bonne communication et mêmes des ventes flashs et ça prend! Fort de ce succès, Daisy aurait ensuite, créé un second groupe télégramme avec le même mode opératoire. Elle va ainsi ouvrir un deuxième magasin. Elles sont nombreuses à y adhérer avec quelques réticences. Un troisième groupe voit ensuite le jour, pour les habits de bébé.
« Les libanais et autres chinois déjà la verraient en concurrente redoutable ».
À la tête de trois magasins, Daisy traînerait à faire les remboursements. Se sentant acculée de toute part, Daisy selon certains, laisse penser que les géants du secteur, les libanais et autres chinois déjà la verraient en concurrente redoutable, la menaceraient.
La colère de ses victimes montant de plus en plus, elle leur dit, être très malade et serait allée se soigner en France. Et elle promet payer à son retour. Elle propose de rembourser par vague. Celle d’août, celle de septembre ou de novembre.
Les femmes ne voient rien arriver. De temps en temps, une personne vient crier sa joie d’avoir été remboursée par Daisy. Quand les femmes tentent de remonter vers cette personne, le compte n’existe pas en réalité. Des doutes sérieux habitent les adhérentes et la peur commence à monter.
Sur un Tik-tok, le seul où je l’entends se défendre, Daisy d’une voix messianique parle du mois de novembre comme un mois difficile parce que commençant par la fête des morts. Elle parle des 40 jours dans le désert par Moïse et son peuple. Un Tik-Tok qui la dessert plus qu’autre chose.
Et, un matin, on se réveille tous avec l’incendie du plus gros entrepôt… avec selon les estimations avancées, 500 millions. La vague d’émotions est palpable partout . Des posts de sympathie et de soutien à Daisy apparaissent de partout.
« Les femmes qui réclamaient leur argent ne savent plus, que faire. »
Les femmes qui réclamaient leur argent depuis, sont mélangées et ne savent plus, que faire. Les langues commencent à se délier et chacune vient expliquer son problème.
L’incendie hasard du destin ou action criminelle ?? Aujourd’hui, on y songe tous. L’entrepôt avec une telle valeur de marchandises 500 millions, n’était pas assuré ? Beaucoup de sympathisants de Daisy affirment que la toile n’est pas un tribunal, chose absolument vraie.
Mais, quand vous écoutez les femmes, vous comprenez que ce sont des femmes qui ont cru en une personne en qui, elles avaient naturellement confiance. Et aucune d’elle n’est allée porter plainte parce que d’abord, un sentiment de culpabilité les habite? Mais, surtout de gêne voire de honte de s’être laissées facilement entraîner par une « petite fille ».
La crainte pour ces femmes surtout c’est de voir Daisy derrière les barreaux avec le risque de ne plus revoir leur argent. Ça tout le monde peut le comprendre.
D’autres n’hésitent pas à les insulter et à plutôt dédouaner Daisy. Mais alors que devient l’argent de toutes ces femmes ?
Que l’autorité se saisisse de cette affaire pour démêler, le faux du vrai afin de situer les responsabilités! Si Daisy est innocente, que son honneur soit lavé! Si non, il faut réfléchir à un remboursement de toutes ces femmes dans la détresse.
Par ailleurs, il faut une enquête approfondie sur les causes de l’incendie de l’entrepôt pour écarter toute main malicieuse ou non. Daisy se disait être menacée. Aucune piste ne sera écartée.
Dur, dur l’entreprenariat. Mais, il faut réunir toutes les conditions avant de s’y lancer.
𝗠𝗮𝗵𝗼𝘂𝗮 𝗦.𝗕𝗮𝗸𝗮𝘆𝗼𝗸𝗼 (𝗘𝗰𝗿𝗶𝘃𝗮𝗶𝗻𝗲)