Résidant au Burkina Faso, Clémence Houssoukpé, une étudiante béninoise en biologie médicale est un exemple de leadership féminin pour la frange jeune. Brillante, engagée et ambitieuse, elle tient les rênes du Club des Étudiants en Biologie médicale de l’Université Saint Thomas d’Aquin (USTA).
Clémence Houssoukpé a passé son enfance à Porto-Novo, une ville du sud du Bénin. Sa mère, agent de santé dans un centre hospitalier n’est pas tout le temps présente à ses côtés. Ses parents la confie alors, à sa tante maternelle. Une tutrice auprès de qui, elle a une enfance joyeuse. « Mais, ma tante était très protectrice et très rigoureuse dans les études », dit-elle. Cette rigueur au travail finit par payer car la jeune fille figure parmi les meilleurs de sa classe. « J’étais major des promotions. Les professeurs et maîtres me félicitaient », signale-t-elle.
En quête de succès, elle place la barre, haut au secondaire en étant première de sa classe jusqu’en terminale, suivie de l’obtention de son BAC D. Des résultats satisfaisants qui lui ouvrent la porte des tableaux d’honneurs. Quelle fierté pour Clémence de voir sa photo sur la banderole des meilleurs élèves du CEG (Collège d’Enseignement général) de Konaboin!
Après son succès au BAC, elle a les yeux rivés sur son avenir. En effet, elle ambitionne de faire la médecine au détriment du journalisme, son premier métier de rêve. Cependant, le test de sélection n’a pas marché. Le destin en a décidé autrement et Clémence débarque au pays des hommes intègres pour poursuivre ses études, sur recommandation de son père, en 2021. Pas facile pour la béninoise qui est toute dépaysée ! « Je n’avais pas de parent au Burkina Faso, je ne connaissais personne. Il fallait que je me réveille », détaille-t-elle.
Et c’est à l’université Saint Thomas d’Aquin qu’elle dépose ses valises, en médecine. Pourquoi, ce choix ? Clémence se rappelle. « C’était mon rêve de m’inscrire en médecine pour devenir un agent de santé comme ma mère ». Malheureusement, les cours avaient déjà commencé et l’étudiante se voit obliger d’attendre l’année prochaine pour pouvoir s’inscrire. Déception totale pour celle qui se voyait déjà en blouse blanche. « Il a fallu que je suive les cours en auditrice libre et ce n’était pas facile », souligne-t-elle.
Le gong sonne ! Composer les devoirs, apprendre à intégrer le monde associatif notamment la jeune chambre internationale (JCI)… A l’occasion, Clémence rencontre un ressortissant béninois qui initie des compétitions en art oratoire, auxquelles elle prend part.
En dehors de l’église, elle n’avait jamais parlé devant un grand public. « J’étais une personne qui manquait d’assurance, qui s’énervait pour rien. Pour remédier à cela, je me suis inscrite en art oratoire pour avoir de la confiance », signifie-t-elle. Cette première fois de s’afficher réellement devant une grande foule se présente comme un défi à relever.
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En avril 2021, lors de la conférence de production locale qui devait se tenir à Dano, Clémence, novice se lance dans la compétition au nom de la JCI de l’université Ouaga 2. Son coup d’essai est un coup de maître. La candidate est lauréate. De là est née, sa passion pour l’art oratoire. Touchée par cette performance, elle ne doute plus de son potentiel.
L’année d’après, Clémence réoriente son profil et se focalise sur la biologie médicale. La raison de ce revirement, selon elle, est que la formation en médecine prend sept à huit ans et la scolarité est très coûteuse. Or, aînée de la famille, Clémence estime que c’est une lourde charge pour ses parents d’assurer ses besoins et ceux de ses frères et sœurs. Elle espère poursuivre ses études jusqu’au master voire au doctorat. Toutefois, elle souhaite, dès qu’elle aura sa licence en biologie médicale, travailler dans le domaine du suivi-évaluation des projets et programmes de santé.
Clémence, un exemple de leadership féminin
Clémence est la présidente du Club des Étudiants en Biologie médicale de l’Université Saint Thomas d’Aquin. Une idée qu’elle justifie par la volonté de redonner confiance à ces jeunes qui comptent apporter leur contribution au développement de la nation. Depuis six mois, elle est aux commandes de cette structure.
Pour la dirigeante de ce club, la biologie médicale est une science qui n’est pas appréciée à sa juste valeur par certaines personnes. Les étudiants font l’objet de mépris, de propos blessants et décourageants. « On nous dit : vous n’êtes que des techniciens de laboratoires, vous n’êtes pas pleinement des agents de santé. Ça diminue la confiance en nous et l’amour que nous avons pour ce travail-là », indique-t-elle. L’association a vu le jour afin de donner de la visibilité à ces gens, relève de demain.
Clémence Houssoukpé, aimerait que la jeune génération notamment les jeunes filles lui emboîtent le pas afin de valoriser davantage les compétences féminines.
Françoise Tougry