Au Burkina Faso, de plus en plus de jeunes femmes envisagent de faire carrière dans le domaine de la mode en pleine effervescence. Sont de celles-là, Josiane Rachelle Nikièma et Yacine Doris Garané, deux étudiantes devenues mannequins professionnels. Pour réaliser ce rêve, elles ont dû surmonter moult obstacles et préjugés.
« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité« . Cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry illustre bien la Josiane Rachelle Nikièma et Yacine Doris Garané. Même si ces deux jeunes filles ne se connaissent pas particulièrement, elles mènent le même combat.
Passionnée du mannequinat, Josiane Rachelle Nikièma fréquente des personnalités de la mode et lit les magazines de mode depuis son enfance. Étudiante en licence de sociologie à l’université Joseph Ki-Zerbo, Josiane Rachelle Nikièma évolue dans le mannequinat depuis juillet 2019 où elle réussit un casting et fait un stage de trois mois. « Je rêvais d’être comme ceux qui étaient dans les magazines. J’ai alors commencé à participer aux différentes compétitions de miss depuis le lycée », a-t-elle souligné.
Tout comme Josiane, Yacine Doris Garané est aussi passionnée par la mode depuis son plus jeune âge et l’assume pleinement. « Le mannequinat pour moi est une passion, le monde de la mode me fascine. J’ai même soutenu sur le sujet : « Le mannequinat au Burkina Faso, l’endroit où l’enfer du décor », a-t-elle expliqué.
Titulaire d’un diplôme d’assistant en journalisme, elle poursuit une licence en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université libre du Burkina (ULB) et parallèlement poursuit son ascension dans le monde de mannequin.
Le mannequinat, une porte ouverte sur le monde
Pour Josiane, le métier de mannequin permet d’explorer son pays, le Burkina Faso, et de voyager dans toute la sous-région. « J’ai fait les pays comme le Bénin, le Ghana, le Togo. J’ai aussi été dans des villes comme Manga, koudougou, Banfora, Ouahigouya, Bobo-Dioulasso. En réalité, ce métier est une porte ouverte sur le monde parce qu’il permet de côtoyer de nombreuses personnes. Plus tu voyages, plus tu rencontres des personnes qui ont une culture et une vision du monde, différente des tiennes », a précisé la jeune dame.
Si Josiane met en avant la dimension culturelle, Yacine Garané s’intéresse davantage à l’aspect financier. « Il m’est utile financièrement de temps en temps quand je fais des shootings et ça me donne également de la notoriété », a confié, Yacine Garané.
Les préjugés, le lot quotidien de Yacine et Josiane
Interrogée sur comment son entourage apprécie son métier, Josiane Nikièma, répond dans un ton mélancolique. « Nous nous en accommodons parce qu’il y a des gens qui, dès qu’ils apprennent que vous êtes mannequin, vous traitent de femme facile, pute, prostituée, etc. », déplore-t-elle.
Pour Josiane, exercer cette activité au Burkina Faso n’est pas une sinécure, ni à la portée de tous. « C’est difficile. Mais, si tu es une femme qui a du caractère tu peux t’en sortir. Et pour ceux qui ne comprennent pas notre choix, ils nous voient comme des personnes sans pudeur », a regretté Josiane Nikièma.
Malgré tous les critiques et gros mots de la société, elle ne songe aucunement à changer de direction et peut compter sur le soutien infaillible de ses parents et ami(e)s. « Il y a mon père qui ne voulait pas au début. Mais, il est maintenant fier de moi, même s’il ne l’exprime pas ouvertement. Ma mère m’a toujours soutenue dans mes choix. Elle m’a toujours fait confiance parce que j’ai toujours fait des bons choix. Mes amis mes soutiennent aussi en payant des tickets qui coûtent chers pour venir me voir défiler », confie-t-elle. Et d’ajouter « Je l’ai toujours dit, c’est une passion et je ne crois pas que cette passion me lâchera même à 90 ans ».
Les préjugés sur les mannequins ont la peau dure selon Yacine Garané. « Il y a plein d’amalgames qui se sont faites et je me bats tous les jours pour être mannequin intègre et qu’on respecte ce métier comme il se doit », affirme-t-elle avec détermination.
Ce respect, elle l’a toujours reçu de la part de ses camarades qui ne sont pour rien dans sa carrière de mannequinat. « Mes camarades ont été d’un soutien total pour moi. Ils ont toujours su que le monde du mannequinat et celui des concours de beauté riment avec moi. Donc, ils m’ont encouragée, soutenue et je leur suis reconnaissante pour tout leur bienfait à mon égard », se réjouit-elle.
Contrairement à Josiane, les parents de Yacine sont encore dubitatifs sur son choix. Mais elle est décidé à aller de l’avant pour les convaincre. Malgré les réticences de ses parents, elle défit tout sur le chemin de sa passion. « Ils ont compris que c’est une passion pour moi et même s’ils ne l’acceptent pas forcément, ils m’accompagnent », a-t-elle avoué.
Josiane Nikièma souhaite voir l’Etat se pencher sur le mannequinat au Burkina Faso vu que les défilés ne sont pas bien payés, contrairement à l’extérieur. Le jeune mannequin voudra du changement dans la conception de la mode même si les choses changent. De plus, Josiane espère que d’ici 2030, les choses soient améliorés et que le mannequin puisse vivre de son métier.
Josiane Nikèma nourrit une grande ambition de voir des stylistes burkinabè tels que Oum’C, Sébastien Bazemo, Black, avoir plus de rôle à jouer dans le mannequinat.
- Lire aussi :
Mode : Oumou Compaoré, une jeune styliste au destin prometteur
Yacine Garané quant à elle, souhaite voir au Burkina Faso, le mannequinat présenter un potentiel prometteur en encourageant la diversité culturelle et l’inclusion. Aussi, Yacine invite les industries du mannequinat burkinabé à contribuer au renforcement de la confiance en soi des jeunes et à offrir de nouvelles opportunités professionnelles.
« En investissant dans la formation, la créativité locale et la représentation équitable, le mannequinat au Burkina Faso peut jouer un rôle clé dans le développement de l’industrie de la mode et dans la promotion de valeurs culturelles enrichissantes », conclut-elle.
Abdoulaye Ouédraogo