La dépigmentation de la peau chez les femmes, au-delà de la recherche d’une beauté quelconque, est la matérialisation d’un profond mal-être intérieur. Selon Aïcha Hierbine Palé, spécialiste en droits humains et formatrice en communication non violente, la dépigmentation n’a aucun lien avec le statut social de la femme et le niveau intellectuel. Elle résulte plutôt d’une décision volontaire.
La dépigmentation volontaire de la peau peut être définie comme un ensemble de procédés qui consiste à utiliser un ensemble de produits chimiques afin d’obtenir un éclaircissement de la peau. C’est un phénomène de plus en plus récurrent dans nos sociétés africaines et parfois, à des niveaux insoupçonnés.
En effet, il y a plusieurs années en arrière, j’observais la dépigmentation de la peau chez les femmes qui n’avaient pas forcément un statut social très aisé. Des femmes qui n’avaient pas les bonnes informations concernant les conséquences d’un tel choix.
Aujourd’hui, je constate que ce phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur n’est, en aucun cas, lié au statut social encore moins au niveau d’études de celles qui le font parce que la majeure partie de celles qui pratique la dépigmentation de nos jours, a les informations sur les conséquences d’un tel choix. En plus, elles ont une certaine stabilité financière et une indépendance qui leur permet de prendre des décisions volontaires sans influence. C’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas associer ce choix, à un manque d’informations adéquates ou à une recherche de stabilité financière quelconque.
Ce qui est parfois interpellateur, c’est que ces personnes ont une certaine influence sur la jeune génération. C’est-à-dire que des jeunes filles les considèrent comme un modèle à suivre, un modèle de réussite sociale.
De par mes observations, je peux affirmer sans me tromper que cette pratique témoigne d’un mal-être profond. En effet, il n’est pas aisé pour toutes les femmes de s’accepter et parfois, l’entourage n’est pas d’une grande aide.
Une femme qui n’est pas connectée à sa personne aura du mal à accepter qu’elle est dans toute son entièreté. À force de penser que sa couleur de peau n’est pas meilleure, on finit par tomber dans la convoitise d’une autre couleur de peau et cette convoitise démesurée entrainera tôt ou tard, la dépigmentation et toutes les conséquences qui s’y attachent. Parce que le but ultime serait de ressembler à une autre personne X qui a une couleur de peau autre que la nôtre. Car le but ultime serait de ressembler à X de peau claire qui semble, mieux réussir sa vie.
Il est important, à mon avis, de créer des espaces qui permettront aux femmes vivant de telles situations de mal-être intérieur de se retrouver et de reprendre des forces. Cet espace leur permettrait de connaître véritablement leurs valeurs, leurs personnalités, leur potentiel.
Il s’agit de se connecter avec soi-même avec harmonie car la vraie beauté vient de l’intérieur. La beauté, la vraie ne se trouve pas dans les produits cosmétiques de corps que l’on trouve sur le marché. Il est temps de s’informer sur les vrais contenus des produits cosmétiques.
Nous sommes tous et toutes responsables de notre bien-être et de notre santé.
Aïcha Hierbine Palé, spécialiste en droits humains et formatrice en communication non violente