L’Organisation pour de nouvelles Initiatives en Développement et Santé (ONIDS) a présenté, ce jeudi 28 septembre 2023, une pièce théâtrale à Gounghin, Ouagadougou. A travers cette pièce, l’ ONIDS entend contribuer au renforcement de la communication pour le changement juridique, social et le comportement en faveur de l’accès aux droits et en santé sexuelle et reproductives.
Dans la pièce, le personnage principal Sali(e) est une élève en classe de première, âgée de 17 ans. Vierge et violée, elle tombe enceinte. Après les conseils de son amie Victo, elle se rend au commissariat afin de faire une déclaration. Mais, c’est sans compter sur l’accueillant, qui commence à lui faire la cour avant de l’accuser à tort.
De retour du commissariat, Sali(e) est déterminée à avorter. Elle se rend cette fois-ci à l’hôpital pour la cause. Une fois sur place, Sali.e est rejetée par la sage-femme avec un ton sévère et des propos blessants. « Qui t’as envoyée ? Tu cherchais pine non ? Tu as eu. Tu as cherché, tu as eu », lui crache-t-elle au visage sans prendre la peine de l’écouter.
Confuse et perdue, Sali (e) n’a qu’un seul recours, Albert, son amoureux à qui, elle pensait un jour donner sa virginité. Poussée par Victo son ami, elle le lui fait savoir. Albert refuse d’entendre raison et refuse de comprendre celle pour qui, il chantait l’amour au quotidien.
De retour à nouveau chez une sage-femme, cette dernière fait savoir à Sali(e) que l’Interruption sécurisée de Grossesse (ISG) n’est autorisée que si la grossesse met en danger la santé de la mère et qu’au-delà de 14 semaines, la loi interdit l’interruption de la grossesse. Ce verdict tombé, Sali(e) se tourne vers des voies d’avortement inappropriées qui finissent par lui ôter la vie.
Ce n’est pas qu’une histoire africaine ou Ouagalaise, c’est aussi une histoire mondiale
Compositeur et metteur en scène de la pièce théâtrale Sali (e), Aristide Tarnagda déplore la limite de la loi vis-à-vis de l’avortement. « Je ne suis pas un juriste en la matière. Mais, je pense que c’est du Block le fait de limiter la loi à 14 semaines. Dans les circonstances compliquées comme celle du viol et l’inceste, les victimes ont besoin du temps pour aller dénoncer », a-t-il relevé. Et d’ajouter : « Je voulais attirer l’attention des législateurs pour qu’ils révisent la loi ».
Safourata Kaboré comédienne et narratrice de la vie de Sali.e dit être tombée sous le charme du message que dégage le texte. « Il y a cette œuvre qu’Aristide a écrite et que je trouve très belle. Il a choisi les angles qu’il fallait parce qu’il y a une dimension poétique très importante pour aborder des sujets aussi difficiles. Pour parler du drame, il était important d’aller vers la poétique et je trouve cela magnifique et tout ce que ça porte », a-t-elle souligné.
Pour elle, l’histoire que raconte la pièce, c’est une histoire de femme, de famille et de société. « En tant que femme, ça touche nos intimités, nos frustrations, nos humiliations. C’est donc un devoir, de le restituer en tant que femme », s’est-elle réjouie.
Ce genre d’histoire, a-t-elle précisé, existe partout dans la société. « Ce n’est pas qu’une histoire africaine ou ouagalaise, c’est une histoire mondiale », a laissé entendre la narratrice principale.
Actrice de cinéma et narratrice dans la pièce Sali.e, Sandrine Kibora, était impatiente de se voir sur scène. « Je sentais déjà l’émotion à la lecture. Tu ne peux pas voir un tel texte et rester insensible », a-t-elle avoué.
Elle ne manque pas de message à l’endroit des partenaires ayant commandé le spectacle. « C’est de vraiment faire en sorte que ce spectacle ne reste pas juste ce soir. Il doit voyager. Il doit être entendu, écouté et transmis de centre en centre, de ville en ville et de région en région parce que c’est un thème assez poignant », a-t-elle souhaité.
A l’en croire, il faut que le message voyage pour que la jeune fille comprenne. « En parlant de la femme, on sait qu’il y a certains droits qui ne sont pas respectés et il y a des lois que la femme ne connaît pas », a-t-elle déploré.
Aminata Ouattara, la voix du ministère de la santé
Selon Aminata Ouattara, au niveau du Burkina Faso, il y a un taux de mortalité de13 % dû aux grossesses non désirées. « Des actions comme ça, ça permettrait de lister et de sensibiliser d’avantage afin que ces actions puissent être réduites avec des actions », a-t-elle reconnu.
Que ce soit par les actions du ministère ou les ONG, a-t-elle relevé, nous sommes là pour la même cause. Elle invite la population à s’investir pleinement, pour la cause, afin d’en venir à bout.
En matière d’avortements clandestins, elle souligne un manque d’informations et rappelle les efforts du ministère de la santé. « Il y a beaucoup d’activités qui sont entreprises par le ministère de la santé, notamment par la création de la direction de la santé de la famille », a-t-elle-confié. A l’en croire, il y a un volet spécialement dédié à la jeunesse et qui fait des efforts sur le terrain. « Malgré tout ça, on voit qu’il y a des problèmes qui surgissent », a-t-elle déploré.
Abdoulaye Ouédraogo