Face à des adolescents souvent en manque de repère, ce qu’on pourrait appeler, crise de l’adolescence peut avoir un impact sur la relation parents-enfants. Comment briser le silence autour de la sexualité ? Comment établir une relation pacifique, agréable et pérenne ? Dans cet article, Hierbine Aïcha Palé, Alumni de « l’Academy for conflict transformation » de Cologne en Allemagne, par ailleurs spécialiste en droits de l’enfant et formatrice en communication non violente, nous aide à décortiquer le phénomène.
Qu’est-ce que la crise de l’adolescence ? À quel âge se manifeste-t-elle et comment ?
Qu’est-ce que vous appelez crise de l’adolescence ? Pour moi, il n’y a pas de crise d’adolescence. L’enfant ou le jeune enfant cherche tout simplement à se démarquer, car il prend petit-à-petit connaissance de sa personne et de sa différence avec les autres.
C’est une période au cours de laquelle, il ou elle ressent une pression de son entourage qui devient imposante par des questions, des interdictions sans explication et des impositions de tout genre qui ne cadrent pas nécessairement avec les besoins du moment de l’adolescent.
L’adolescence est définie par l’Organisation mondiale de la Santé comme la période comprise entre 10 ans et 19 ans.
C’est une période pendant laquelle l’adolescent.e cherche des réponses aux questions qu’il ou elle pose ou à celles qu’il ou elle n’ose pas poser à haute voix, en raison du milieu dans lequel il ou elle se trouve.
Il ou elle voit son apparence physique changer sans trop comprendre parce qu’il n’a pas été préparé à cela. Par conséquent, au lieu de parler de crise d’adolescence, les adultes gagneraient plutôt à chercher, à détecter et à comprendre l’émotion qui se cache derrière ce qu’ils appellent crise de l’adolescence.
L’adolescent comme chaque individu a droit à une éducation sexuelle. Les mots et les expressions utilisées doivent cependant, être minutieusement choisis en fonction de l’âge et la maturité de chaque adolescent.e.
Cette éducation sexuelle permettrait de lutter contre les violences sexuelles, la sexualité précoce chez les jeunes.
L’éducation sexuelle consiste à donner des informations, des enseignements à l’adolescent.e sur sa santé, le fonctionnement de ses organes génitaux et sur comment en prendre soin.
Elle lui permettra de comprendre ce que c’est que les menstrues, de comprendre ses menstrues, de se connecter à ses menstrues et de mieux les maîtriser.
L’éducation sexuelle donne des connaissances, des compétences et transmet des valeurs à l’adolescent.e.
C’est l’ensemble de ces éléments qui lui permettrait de gérer convenablement sa sexualité dans le futur en toute âme et conscience.
Chaque individu passe cette étape plus ou moins bien.
La crise de l’adolescence varie-t-elle en fonction du physique ou du mental de la personne ?
Comme je l’ai mentionné plus haut, il n’y a pas de crise d’adolescence.
Dans l’évolution normale d’une personne, il y a tout simplement une période au cours de laquelle chaque individu, peu importe le sexe (masculin ou féminin) cherche à se découvrir, à s’affirmer et à exprimer ses besoins dans un environnement qui, pour la plupart, est un peu hostile.
Ce passage est un phénomène naturel. Par conséquent, il n’est ni lié au physique, ni au mental. Le simple fait d’être un être humain, on passe par cette étape. Cependant, il faut noter que chaque individu passe cette étape plus ou moins « bien » en fonction de son environnement de vie.
Quel est le lien entre la sexualité et la crise de l’adolescence ?
Le lien entre la sexualité et ce que vous appelez crise d’adolescence est très étroit. En effet, entre l’âge de 10 et 19 ans, le corps de chaque individu se transforme. Cette transformation passe également par les organes sexuels.
Malheureusement, toutes ces personnes ne sont pas préparées psychologiquement à ce changement. En plus, elles n’obtiennent pas toujours des réponses aux questions qu’elles posent auprès des personnes ressources qui, pour la plupart, sont les parents, tuteurs et tutrices.
Par conséquent, les plus jeunes se dirigent vers les plus âgés à la recherche d’informations. Les informations reçues ne sont pas nécessairement les bonnes.
Ainsi, étant dans une période où le goût du risque, le besoin de s’affirmer et l’envie de découverte de « nouvelles » choses sont très élevés, ils ou elles se retrouvent pris au piège dans la sexualité active afin de s’affirmer et ou, de découvrir par la pratique, la réponse aux questions qui n’ont pas trouvé réponse auprès des adultes qui, pour la plupart sont les parents, tuteurs et tutrices. Nous pouvons résumer ce lien en parlant de deux éléments à savoir le besoin de découverte de soi et d’affirmation de soi.
Comment gérer ces moments que traversent les adolescent.e.s ?
La gestion de cette période passe par une préparation psychologique de la part des parents ou de toute personne ayant en charge l’accompagnement d’un adolescent.e.
Les parents, tuteurs et tutrices doivent personnellement faire la paix avec leur adolescence afin d’accompagner sereinement leurs adolescent.e.s.
Cette gestion passe par l’information, l’enseignement et la transmission de valeurs familiales, sociétales et religieuses.
Les parents, tuteurs et tutrices doivent accepter que l’adolescence est une étape naturelle dans le développement d’un individu. Ils doivent accepter répondre aux questions des adolescents et adolescentes en tenant compte de leur âge et de leur degré de maturité pour ce qui concerne le choix des mots.
Pour gérer efficacement cette période d’adolescence, chaque adulte en présence d’un ou d’une adolescent.e dont il a la charge doit faire preuve d’une écoute active et utiliser cet outil efficace qu’est la Communication non violente pour une meilleure communication avec son adolescent.e.
On ne peut donner que ce qu’on a reçu.
La sexualité étant un sujet tabou dans certaines familles, quelle peut être la contribution des parents pour une adolescence épanouie ?
Malheureusement, les échanges autour du sexe, de l’évolution sexuelle ou la sexualité sont quasi inexistants au sein de nombreuses familles de notre société, peu importe le niveau de vie sociale de ces familles.
Pour une adolescence épanouie de leurs progénitures, les parents doivent faire la paix avec leur propre adolescence et accepter avec une éducation sexuelle pour ceux qui n’en n’ont pas afin de la transmettre à leurs adolescent.e.s.
Dans le cas contraire, ils ne pourront que reproduire ce qu’ils ont reçu. Car, on ne peut donner que ce qu’on a reçu. N’ayant pour la plupart pas reçu une éducation sexuelle de la part de leurs parents, il leur sera difficile voire impossible d’aborder le sujet de la sexualité avec leurs adolescent.e.s s’ils refusent de désapprendre pour réapprendre.
Pour une adolescence épanouie, les parents doivent apprendre nécessairement deux choses à savoir l’écoute active de leurs adolescent.e.s et la Communication non violente.
Les parents doivent oser parler de l’éducation sexuelle avec leurs adolescent.e.s. Ainsi, il est important que chaque parent comprenne que parler de sexualité avec un enfant ne signifie en aucun cas l’inciter à pratiquer l’acte sexuel de manière précoce. Au contraire.
Ils doivent prendre le temps d’encadrer leurs adolescent.e.s afin justement qu’ils ou elles n’aient pas besoin de chercher par eux ou elles-mêmes.
Que recommandez-vous aux jeunes et adolescent.e.s ?
La recommandation que j’ai pour les jeunes et adolescent.e.s se résume en des questions de réflexions. Quelles sont mes valeurs ? Qu’est-ce qui est important pour moi ? Où voudrais-je être dans un an, deux ans et dans quelles conditions ?
Entretien réalisé par Françoise Tougry