Le Mexique s’apprête à vivre une élection présidentielle inédite en 2024, avec deux femmes comme principales candidates. Il s’agit de Claudia Sheinbaum, l’ex-maire de Mexico, qui représente le parti au pouvoir Morena (gauche), et de Xochitl Gálvez, la sénatrice de droite, qui a remporté les primaires d’une coalition de trois partis d’opposition. L’une des deux succédera au président sortant Andrés Manuel López Obrador, qui ne peut pas se représenter.
Claudia Sheinbaum, la dauphine du président
Claudia Sheinbaum, 61 ans, est la favorite des sondages pour l’élection du 2 juin 2024. Elle a été désignée mercredi candidate du parti Morena, après avoir devancé cinq autres prétendants dans une enquête d’opinion organisée par le parti. Elle bénéficie du soutien du président López Obrador, dont elle est une proche collaboratrice depuis plus de 20 ans.
Physicienne de formation, elle a été chargée des politiques environnementales de Mexico entre 2000 et 2006, lorsque López Obrador était maire de la capitale. Elle a ensuite été élue à la tête d’un district du sud de Mexico, puis maire de la ville en 2018. Elle a démissionné en juillet dernier pour se consacrer à sa campagne présidentielle.
Elle se revendique comme une « fille de 1968 » , en référence aux mouvements sociaux qui ont secoué le Mexique cette année-là. Elle défend le projet de « quatrième transformation » impulsé par López Obrador, qui vise à lutter contre la corruption, la pauvreté et les inégalités dans le pays.
Elle a toutefois dû faire face à des critiques sur sa gestion de la ville de Mexico, notamment après l’effondrement d’une ligne de métro en mai dernier, qui a fait 27 morts et 79 blessés. Elle a également été accusée d’irrégularités dans le processus interne de son parti par son principal rival, l’ex-ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard.
Xochitl Gálvez, la challenger de droite
Xochitl Gálvez, 60 ans, est la candidate de la coalition « Va por México » (« Allons pour le Mexique ») , qui regroupe le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), le Parti d’action nationale (PAN) et le Parti de la révolution démocratique (PRD). Elle a été investie dimanche après avoir remporté les primaires avec plus de 50% des voix.
Ingénieure en informatique, elle a commencé sa carrière dans le secteur privé, avant de se lancer en politique en 2000. Elle a été nommée commissaire au développement des peuples indigènes par le président Vicente Fox (PAN). Elle a ensuite été élue sénatrice en 2012 et en 2018.
Elle se présente comme une libérale progressiste, favorable à l’avortement, au mariage homosexuel et à la légalisation du cannabis. Elle se dit aussi proche des communautés indigènes, dont elle est issue par sa mère. Elle critique la politique économique et sociale du gouvernement actuel, qu’elle juge inefficace et autoritaire.
Elle devra toutefois surmonter les divisions au sein de son alliance, qui rassemble des partis aux idéologies différentes et souvent antagonistes. Elle devra aussi faire face à la méfiance d’une partie de l’électorat envers ces partis, qui ont été associés à des scandales de corruption et à des politiques néolibérales.
Une élection historique pour les femmes
L’élection présidentielle de 2024 sera la première à opposer deux femmes au Mexique, un pays où les violences faites aux femmes sont endémiques.
Les deux candidates ont affirmé leur engagement en faveur des droits des femmes et leur volonté de mettre fin à la culture machiste qui prévaut dans le pays. Elles ont aussi souligné l’importance de la parité dans les postes de pouvoir et de décision.
Le Mexique a déjà eu une femme présidente par intérim, en 1924, lorsqu’Estela Ruiz Medina a assumé la charge pendant quelques heures, en l’absence du président Adolfo de la Huerta. Il a aussi eu une femme candidate à la présidentielle en 2012, Josefina Vázquez Mota, qui a terminé troisième avec 25% des voix.