Les femmes du Burkina ont tenu des échanges avec le président de la transition, ce mardi 18 juillet 2023. L’un des messages adressés au chef de l’Etat porte sur l’impact de la situation sécuritaire et humanitaire sur les femmes et les filles.
La situation sécuritaire au Burkina Faso est préoccupante. En effet, les attaques sont de plus en plus récurrentes avec un impact sur les populations civiles. A cela s’ajoutent les attaques contre les convois de ravitaillement, les embuscades ainsi que les enlèvements. De plus, la population continue de faire les frais des engins explosifs improvisés. Cette situation a engendré une situation humanitaire également de plus en plus préoccupante et les femmes et les enfants sont ceux qui payent le lourd tribut en termes de conséquences.
Les violences basées sur le genre (VBG)
On note d’abord une recrudescence des violences basées sur le genre du fait de l’insécurité, notamment l’augmentation des grossesses non désirées et des cas de mariage d’enfants et précoces, des enlèvements groupés et viols des filles, de l’esclavage sexuel et l’exploitation des filles. À cela s’ajoutent également la stigmatisation des femmes appartenant à certains groupes ethniques ainsi que la prostitution des femmes et des filles. Enfin l’insécurité a engendré des séparations des couples, des divorces et l’effritement des familles du fait entre autres des agressions sexuelles subies par les femmes et l’’accroissement de l’abandon des enfants.
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L’autonomisation économique des femmes
La situation sécuritaire a conduit d’une part au ralentissement de la mise en œuvre des activités génératrices de revenus des femmes et la fermeture des entreprises des femmes, d’autre part, la perte des moyens d’existence des femmes, les difficultés d’accès aux terres cultivables et l’inaccessibilité des matières premières constituent des obstacles à leur autonomisation économique.
Au plan humanitaire
La situation humanitaire est de plus en plus préoccupante du fait de l’insécurité. En effet, elle a entraîné une surpopulation dans les zones d’accueils et une recrudescence de la mendicité des femmes et des enfants déplacés internes aux abords des routes. On note aussi, un accroissement des besoins alimentaires des femmes, une augmentation du nombre de femmes cheffes de ménages et du nombre de veuves avec de nombreux enfants à leur charge.
La pire forme de travail des enfants
La situation sécuritaire a engendré une augmentation des pires formes du travail des enfants. On constate de plus en plus la présence des jeunes filles dans les débits de boissons. A cela s’ajoute, le travail des jeunes filles dans les ménages qui est très mal rémunéré et est source de maltraitance.
La santé
La situation sécuritaire et humanitaire a joué négativement sur l’accès des femmes et des filles aux services de santé sexuelle et reproductive (la PF, les soins natals et prénatals …). En effet on constate une baisse de prise en charge sanitaire des femmes et des enfants du fait de la fermeture de certaines structures sanitaires et de l’absence des agents de santé. En outre, on note une augmentation des avortements clandestins et la propagation des maladies sexuellement transmissibles. Enfin on enregistre un accroissement des besoins sanitaires spécifiques des femmes (kit d’hygiène et de dignité) une insuffisance des soins de santé (liés aux viols).
L’’état civil
La situation sécuritaire a provoqué la fermeture de certains centres d’Etat civil dans les zones à fort défis sécuritaire. Cela rend difficile l’accès des femmes et des filles aux actes administratifs tels que les actes de naissances, les cartes d’identité nationales (CNIB), etc.
L’education
La situation sécuritaire a conduit à la fermeture d’un nombre important d’établissement scolaire, d’où la déscolarisation des filles en particulier celles déplacées internes.
En somme, l’impact de la situation sécuritaire et humanitaire sur les femmes et les filles au Burkina Faso est critique. Les efforts fournis par l’Etat pour l’épanouissement des femmes et des filles ont pris un coup dur.
Cette situation a remis en cause certains acquis en matière de lutte contre les violences basées sur le genre, les obstacles à l’autonomisation économique des femmes, la crise humanitaire, la pire forme de travail des enfants, les obstacles à l’accès aux services de santé, de l’Etat civil et notamment à l’éducation.
Au regard de la situation du pays pour un retour à la paix, une synergie d’actions de toutes les composantes de la société s’impose. Ainsi tous les burkinabè sont interpellés à réorienter notre vivre ensemble, unir les efforts dans tous les domaines de la vie sociale afin d’apporter leurs contributions à la cohésion sociale et la consolidation de la paix au Burkina Faso.