Les candidats au baccalauréat sont désormais situés sur leur sort du premier tour, ce vendredi, 30 juin 2023, dans tous les centres de composition sur le territoire burkinabè. Pour la proclamation des résultats, une équipe de Queen Mafa a marqué sa présence au Lycée technique national (LTN) afin de vous faire vivre l’événement.
8h38. Candidats, parents et amis envahissent petit à petit le Lycée technique national. Ils se mettent en groupe de camarades et les échanges se multiplient. L’heure de la proclamation n’étant pas encore proche, ils semblent moins préoccupés. Loin de leurs cahiers, les téléphones sont au rendez-vous pour minimiser le stress.
Une femme, sur une moto, essaie de remonter le moral une candidate stressée et habillée comme pour se rendre à la mosquée. « Bonjour Adjaa ! Adjaa, oh ! Bonjour Adjaaa », lui lance-t-elle avec un sourire aux lèvres. Cette dernière, concentrée et préoccupée par son résultat, reste muette et sans réaction. Pas d’amusement au rendez-vous et les petites taquineries des camarades ne sont pas la bienvenue.
9h20. Certains continuent d’arriver et le centre est désormais rempli de monde.
Il est 10h15. Un silence de crainte et de peur s’installe de plus en plus. A cet instant, les candidats au baccalauréat se distinguent à travers les visages crispés d’inquiétude.
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Parmi les centaines de personnes, une candidate de taille ronde au visage admiratif surprend tout le monde avec son attitude. Lunette aux yeux, des écouteurs dans les oreilles, habillée d’un pantalon noir et d’un haut blanc, elle met tout son corps en mouvement pour danser au rythme de zouk ou une chanson d’amour. Elle réussit à attirer tous les regards sur sa personne alors que nous sommes à quelques minutes des délibérations.
Pendant ce temps, un groupe de candidats remarque notre présence. « La presse ! Eh, la presse est là ! Oui, le 4ème pouvoir est là !», a déclaré une candidate avec gaieté à ses camarades.
L’horloge tourne. Le temps passe et le stress se lit même sur les visages des parents.
10h23. Le moment tant attendu est enfin arrivé. Devant l’administration, les candidats sont appelés à découvrir leurs résultats. La formule courante est appliquée. « Candidats approchez, candidats approchez !»
Le proviseur, Evariste Millogo, prend la parole. « S’il vous plaît! O
n va procéder aux proclamation des résultats et on va commencer avec le jury 82 », a-t-il affirmé.
Il a également recommandé de la discipline aux candidats afin de faciliter la tâche. « On n’a pas de micro et si vous êtes admis, veillez permettre aux autres d’écouter la suite ! » a-t-il prévenu.
Pendant ce temps, l’on pouvait entendre les mouches voler. Les causeries entre camarades ont pris fin et un silence radio s’est activé.
C’est parti pour les appels et plus d’une heure de suspens. La première gagnante du jour est Elyse Kaboré, avec une mention passable. Appelée trois fois, elle est absente.
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10h32. Les larmes de joie et de tristesse inondent les visages. La pitié s’invite même chez les parents. Une candidate, admise au second tour, fond en larmes. Son père n’a que ses mains et sa bouche pour la consoler.
Adjarata Kaboré a réussi au Bac G2 et est très contente. Elle reconnaît avoir travaillé fort pour obtenir ce bac. « Ça n’a pas été facile mais, nos prières ont été exaucées », s’est-elle réjouie. Comme tout enfant, son message à l’endroit de ses parents est clair. « Je remercie beaucoup mes parents parce qu’ils ont été là pendant mes études », a-t-elle soutenu. Elle souhaite s’orienter en finance-comptabilité.
Mohamed Thiombiano, venu du lycée technique Amilcar Cabral vient de valider son Bac G2 tout comme son prédécesseur. « Je suis très fier de ce que je viens de réaliser parce que c’est une grande surprise pour moi » a-t-il expliqué. Pour lui, ce succès n’était pas prévisible. « C’était bizarre durant la composition. Les épreuves de mathématiques se sont mal passées à mon niveau », a-t-il précisé .
Pendant ce moment de joie, il a tenu à remercier son proviseur qui selon lui, les a beaucoup soutenus avec des professeurs compétents. Il a également dédié son succès, à sa mère.
Venue de l’école des métiers, Marina Tankoano est admise au second tour. Calme, confiante et sereine, sa maîtrise de soi nous pousse à l’aborder. « Mon second tour veut dire que mon nom va forcément sortir. Je sais que c’est comptabilité, maths fines et maths générales qui m’ont amenée au second tour. Mais, je rentre prendre mes cahiers », a-t-elle confié avec assurance.
Quant à madame Diane Ouédraogo, elle a accompagné sa petite sœur qui passe en candidate libre, après avoir échoué trois fois. Cette fois, c’est la bonne pour sa sœur. Toute contente, elle nous parle avec joie. « Ce n’était vraiment pas facile. Elle voulait abandonner et je lui ai dit de continuer et que, quand son jour arrivera, ça va bien se passer. On espérait que cette année soit la bonne et c’est enfin la bonne », a-t-elle laissé entendre.
Souleymane Kologo, enseignant-chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo est le président du jury 83. Selon ce dernier, ce jury compte 59 admis dont 42 filles et 17 garçons, sur un total de 280 inscrits et 274 présents. 88 de ce jury sont également admis au baccalauréat second tour. Il a mentionné l’échec de 133 candidats, soit 116 filles et 17 garçons dans le jury 83.
Souleymane Kologo dit ne pas être fier de cette situation. « Ça fait quelques années que je participe au Bac. Et puis, on est à un taux d’environ 20 à 21%, c’est quand même faible », a-t-il regretté.
Il recommande par ailleurs aux candidats du second tour, de se concentrer. « Pour certains, il ne manquait pas grand-chose. Il suffit de se concentrer dans les matières qui vont être reprises », a-t-il exhorté.
Abdoulaye Ouédraogo