Une délégation gouvernementale de la transition a réuni les journalistes afin de présenter la situation sécuritaire du pays, l’évolution et les perspectives. La rencontre a eu lieu, le jeudi 04 mai 2023 au ministère des affaires étrangères.
Après les hommes politiques, les autorités coutumières et religieuses, c’est au tour des responsables des organes de presse d’échanger avec les représentants du gouvernement sur le terrorisme et les droits humains au Burkina Faso.
Cet après-midi, les échanges ont été animés entre autres par les ministres d’Etat Bassolma Bazié et Kassoum Coulibaly, le ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, le colonel Boukaré Zoungrana et son ministre délégué Mahamadou Sana, le ministre de la Communication Jean Emmanuel Ouédraogo, le ministre de la Justice Bibata Nébié.
Au cours de la cérémonie, les différentes communications ont fait ressortir plusieurs facettes du terrorisme.
Le Burkina a connu ses premières attaques terroristes en 2015. Puis au fil du temps, les groupes et sous-groupes se sont développés, parmi lesquels, l’État islamique au grand Sahara (EIGS), le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), Ansardine, Nostra… Ils sont responsables de près de 90% des attaques.
En vue de faire face à cette menace, l’Etat a mis en place des mesures de protection telles que le renforcement du maillage sécuritaire, la création de six régions militaires et bases aériennes, la formation et la dotation des forces de défense et de sécurité, en équipements .
On note également l’acquisition de moyens stratégiques, la poursuite des opérations militaires conjointes, la coopération entre services de renseignements.
A cela s’ajoutent les couvre-feux, la réglementation de la vente du carburant, la restriction de circulation des mobylettes de grosses cylindrées.
Des acquis engrangés
Les différentes stratégies adoptées ont permis aux forces de Défense et de Sécurité d’engranger des acquis.
La situation sécuritaire est à présent marquée par une réduction du nombre des incidents ainsi que des victimes.
Une baisse qui s’explique par la dynamique de reconquête du territoire à travers multiples offensives aéroterrestres et démantèlement de bases terroristes.
Selon l’Agence nationale de Renseignements (ANR), du 31 mars au 1er avril 2023, le quartier général du GSIM située dans la région du Sahel, l’une des plus grandes bases terroristes jamais découvertes depuis l’avènement du terrorisme au Burkina a été détruite en 48h de combats. Toute chose qui a freiné l’élan des groupes.
Par la suite, les enrôlés ont désisté et quitté les rangs. Conscients des abandons, ces terroristes reviennent à la charge en faisant recours aux enfants.
En plus des actions déjà menées, des écoles sont rouvertes dans certaines localités avec l’appui de ravitaillements massifs, les services publics à nouveau fonctionnels, etc.
Pour passer à travers les mailles du filet, les terroristes ont tendance à se confondre aux FDS par leur apparence vestimentaire.
Ainsi, ils saisissent l’opportunité pour commettre des actes au nom des FDS dont des embuscades, des détournements de véhicules, le déguerpissent les populations, des intimidations, des harcèlements de VDP, pillages des biens des populations, destruction de pylônes de téléphonie mobile, sabotage de poteaux électriques et des ponts.
Grace aux opérations de riposte, leurs capacités de mobilisation sont réduites, les obligeant à trouver refuge dans des pays voisins.
La lutte contre le terrorisme, une lutte pour la protection des droits de l’homme
Le respect des droits de l’homme dans le théâtre des opérations découle de la prévention et de la répression.
Concernant la prévention, elle relève de la volonté politique qui se traduit par des formations et des sensibilisations.
En matière de protection des droits humains, les forces armées bénéficient de l’accompagnement des conseillers juridiques.On note le suivi-évaluation des droits humains ainsi que la création d’une commission nationale de mise en œuvre des droits humains.
En outre, toutes les allégations de violations des droits humains sur la sécurité du Burkina font l’objet d’enquête.
C’est le cas du drame de Djibo où personne n’a répondu à la convocation. Malgré l’appel à témoins, il n’y a eu aucune suite. L’enquête n’a pas permis de confirmer l’allégation.
Par contre pour Tawalbougou à l’Est, le dossier a connu une évolution notable. Les personnes mises en cause sont poursuivies.
A propos du drame de Yirgou survenu en 2019, les instructions sont closes et le dossier renvoyé au niveau de la chambre criminelle de la cour d’appel de Ouagadougou pour être jugé. Dans ce dossier, 13 personnes sont mises en cause et plus de 40 victimes ont déjà été entendues.
Quant au dossier Inata, à ce jour, une trentaine de personnes sont mises en examen.
S’agissant de l’affaire de Nagrin, les auteurs sont identifiés.
Le cas le plus récent, celui de Karma est en cours d’enquête en vue de démêler le faux du vrai.
Au terme des échanges, le ministre en charge de la communication Emmanuel Ouédraogo a exhorté les médias à accorder une place plus importante aux langues nationales car le message passe mieux ainsi au sein de la population.
Il a d’ailleurs annoncé l’ouverture d’une chaîne de télévision spécifique de langues nationales. Elle sera effective d’ici la fin de l’année.
Françoise Tougry