Elles sont des femmes engagées, pétries de talents, animées de courage et d’abnégation, objectives et décisives. Elles sont incontournables dans le domaine scientifique au Burkina Faso. De générations différentes, mais avec un seul objectif : promouvoir le rôle et la place de la femme scientifique dans un monde où l’homme est en perpétuelle compétition avec la femme. Au tour d’une table ronde, trois femmes engagées dans une carrière scientifique partagent leurs parcours inspirants, mais jalonnés d’embuches. C’était à l’occasion de la commémoration de la journée internationale des droits de la femme, organisé le 28 mars par l’Institut de Recherche et Développement (IRD).
Elles sont des épouses, des mères. Elles concilient vie conjugale, familiale, professionnelle, sociale et recherches. Ce sont des femmes qui inspirent par leurs parcours professionnels.
Dynamiques et ambitieuses, elles ont gravi les échelons pour arriver au sommet. Les postes de responsabilités qu’elles occupent actuellement sont le fruit d’un long labeur car selon elles, « la place de la femme dans la recherche scientifique, n’est pas du donné, il faut s’affirmer ».
Alice Somda Somé, chercheure en philosophie à l’Institut national des Sciences de la société (INSS) a fait ses premiers pas dans la fonction publique en tant qu’institutrice.
Institutrice pendant treize ans, elle devient institutrice principale, puis admise au concours professionnel de conseillère pédagogique marquant ainsi, le point de rencontre entre une femme dévouée et la philosophie. Comme l’appétit vient en mangeant, elle décide de poursuivre ses études à l’université de Ouagadougou, après être admise à un test. Ce fut un parcours de combattante jusqu’à l’obtention de sa thèse de doctorant en 2017, à l’âge de 50 ans.
Tout comme Alice Somé, Sanata Bamba Pakotogo est professeure titulaire en parasitologie-mycologie à l’Université Nazi Boni, cheffe de département des laboratoires de biologie médicale au Centre Hospitalier universitaire Sourou Sanou (CHUSS).
Après le baccalauréat, madame Pakotogo entame les études en pharmacie à l’université polytechnique de Bobo-Dioulasso. Impressionnée par tout ce qui est microscope, plasmodium, parasite, elle opte de façon naturelle pour la parasitologie. Attirée également par les sciences pharmaceutiques, elle participe à la formation de contrôle et qualité des médicaments où elle s’est spécialisée, au Sénégal.
De retour au pays, avec le master en poche, surtout inspirée par ses professeurs, elle opte pour l’enseignement. Au-delà de tout cela, elle a poursuivi sa carrière d’enseignante chercheure, en passant par les différents grades du Conseil africain et malgache pour l’Enseignement supérieur (CAMES) et agrégée en 2014 puis titularisée en 2018. Il faut souligner que Sanata Bamba est membre de l’Académie nationale des Sciences, des Arts et des Lettres du Burkina Faso (ANSAL-BF) et de l’Association des Femmes scientifiques du Burkina Faso (AFSCIB).
Nafissatou Ouédraogo, maître assistante en biochimie-microbiologie (virologie), elle est aujourd’hui, directrice du Forum national de la Recherche scientifique et des Innovations technologique(FRSIT). Dès l’âge de 17 ans, elle décroche le baccalauréat et obtient son ticket d’entrée à l’université Joseph KI-Zerbo de Ouagadougou.
Les difficultés sont énormes dans ces hautes études, mais il fallait persévérer, car pas question d’abandonner. Après la maîtrise, et surtout bénéficiaire d’une bourse, elle entame les études de Diplômes d’Etudes universitaires appliquées ( DEAU), puis le doctorat.
Partagée entre les doutes de fonder un foyer, avoir des enfants et soutenir sa thèse, madame Ouédraogo décide de poursuivre ses études grâce à l’inspiration de plusieurs professeurs et surtout l’absence de femmes dans le domaine qui l’incitait à pousser loin pour briser le mythe.
Militante dans plusieurs associations, elle s’affirme hautement par l’atteinte de ses objectifs.
Madame Ouédraogo décroche une bourse de financement pour sa thèse qui lui a permis de poursuivre sa formation à l’extérieur. Elle obtient le doctorat, grâce à une lutte acharnée car selon elle, il faut de la détermination pour y arriver.
« Confrontées à la société, il faut être objective »
La vie de femme scientifique n’est pas choses aisée. Il faut concilier stratégie, organisation et avoir un mental de résistant pour y arriver. Pour les héroïnes du jour, leur parcours inspire, mais les difficultés attirent également.
Selon le professeur Sanata Bamba, il faut d’abord, la confiance en soi, être objective, garder sa dignité pour ne pas céder au harcèlement et surtout persévérer.
Alice Somda Somé abonde dans la même veine en précisant que pour garder haut le flambeau, il faut s’armer de courage.
Pour Nafissatou Ouédraogo, le chemin est long et il faut affronter courageusement et dignement les obstacles.
Pour ces femmes fortes, les difficultés que rencontrent la femme dans la recherche scientifique est de plusieurs ordres. Pour que la femme puisse exercer son pouvoir sur les hommes, il faut du caractère, selon le professeure Bamba. Pour elle, la société a toujours du mal à être sous la coupe d’une femme.
Docteur Ayoro Alamoussa Joëlle du laboratoire de biologie et écologie animal de l’université Joseph KI-ZERBO de Ouagadougou, élue meilleure poster sur 50 représentés, considère le prix comme une invite à redoubler d’effort dans la recherche.
Docteur Ayoro a présenté un poster sur ses travaux de recherche intitulée « les espèces d’amphibiens arboricoles du Burkina Faso », qui a séduit le jury de cette activité.
Mariam Ouédraogo, communicante pour le développement, présente à ce cadre de partage entre femmes, a salué l’initiative et a invité les jeunes filles à persévérer dans les études, à s’affirmer davantage et ne pas se laisser dominer par les préjugés d’une société qui pense que la femme doit être uniquement mère, épouse.
Aminata Ouédraogo, stagiaire