La ministre en charge de l’Action humanitaire a lancé l’opération de retrait et de réinsertion socioéconomique des personnes en situation de mendicité. Cette opération vise 500 femmes, enfants, jeunes déplacés internes et autres personnes vulnérables en situation de mendicité dans les rues de Ouagadougou. Le lancement de ladite opération qui a eu lieu ce samedi 4 mars 2023, a été marquée par une intervention sur deux sites.
Réunis à l’hôtel administratif aux environs de 8H 30, l’équipe d’intervention composée de 144 travailleurs sociaux ont été repartis en groupes. Avant leur départ sur le terrain, ils reçoivent les consignes d’interventions. « Il faut intervenir dans la discrétion, susciter l’adhésion volontaire, travailler en équipe et consigner les faits importants », a recommandé Rahitaba Compaoré, directeur régional du Centre du ministère en charge de l’action humanitaire.
Une fois, les consignes données, les équipes se déportent sur le terrain avec le ministre en charge de l’action humanitaire. Le cap est d’abord mis sur le rond-point situé à côté de l’hôtel palace de Ouaga 2000.
Sur ce site, l’équipe d’intervention échange avec les femmes déplacées internes. La stratégie d’intervention est de sensibiliser ces personnes déplacées internes (PDI) sur l’offre de services d’accompagnement et d’appui à l’autonomisation afin de susciter leur adhésion et l’abandon par elles-mêmes de la mendicité. « Dès que nous arrivons sur les lieux, nous nous présentons. Nous avons préparé le terrain avant de venir », a indiqué Salif Saré, coordonnateur des équipes terrains.
Dès les premiers instants, certains PDI ont affiché un refus de communiquer avec l’équipe d’intervention. La ministre en charge de l’action humanitaire, Nandy Somé/Diallo venue à la rescousse a réussi à instaurer un climat de confiance et à engager une discussion avec elles.
« Il était nécessaire d’aller constater quelle est la perception de ces groupes cibles par rapport à l’opération. Sur le premier cite, il y avait une réticence, les femmes avaient commencé à fuir quand ils nous ont vu. Mais, quand on leur a expliqué, elles ont commencé à adhérer », explique Nandy Somé/Diallo .
Après un résultat satisfaisant sur ce premier site, l’équipe se déporte sur le second site au niveau du rond-point en face de l’université Aube Nouvelle. Là encore, la ministre a échangé avec les PDI et leur a expliqués le bien-fondé de l’opération. Les PDI présents sur ce site ont prêté une oreille attentive au message du ministre.
Des femmes déplacées internes entre méfiance et lueur d’espoir
Les femmes déplacées internes rencontrées sur le premier site ont fui leur localité à cause de l’insécurité. Parmi elles, certaines ont perdu leurs maris et leurs enfants. Elles mendient pour avoir quelque chose à manger.
Elles ont salué l’initiative du gouvernement et disent être prêtes à mener diverses activités pour se prendre en charge. Certaines femmes souhaiteraient faire du commerce ou tout autre activité rémunératrice de revenus.
« Voir nos enfants côtoyer le danger chaque jour dans la rue nous fait peur. S’il y a une initiative qui peut nous permettre de quitter la rue alors elle est la bienvenue », a confié Binta Diallo (Nom d’emprunt).
La plus âgée des femmes PDI, rencontrée sur le premier site a refusé catégoriquement de collaborer avec l’équipe d’intervention. Selon elle, les agents sociaux doivent venir s’entretenir avec elle à la maison et non dans la rue si toutefois ils sont sincères. Elle a confié ne pas pouvoir prendre de décision hâtive sur le champ.
Awa (nom d’emprunt), une jeune fille rencontrée sur le second site confie avoir perdu ses parents à cause de l’insécurité. Elle a trouvé refuge à Ouagadougou et elle mendie chaque jour pour subvenir à ses besoins. Cette opération de retrait de la rue est une lueur d’espoir pour elle de retrouver une vie normale.
Avec le Sourire aux lèvres, Awa espère très vite quitter la rue. « J’ai bien compris ce que la ministre a dit et je suis d’accord avec elle. J’aimerai faire la couture et quitter la rue », a-t-elle déclaré.
453 déplacées internes dont 157 femmes dans les rues de Ouagadougou
La direction provinciale du ministère en charge de l’action humanitaire a dénombré en février 2023, 1 342 personnes en situation de mendicité dans les rues. Parmi ces personnes, 453 sont des déplacées internes dont 157 femmes, 31 hommes et 265 enfants.
La ville de Ouagadougou bien qu’elle ne soit pas un site d’accueil des personnes déplacées internes a enregistré à la date 31 janvier 2023, 59 822 PDI selon les chiffres de la CONASUR.
Conscient des risques que présente la mendicité pour les personnes qui s’y adonnent, le gouvernement burkinabè a initié l’opération de retrait et de réinsertion socioéconomique des personnes en situation de mendicité.
Cette opération vise le retrait et la réinsertion socioéconomique de 500 femmes, enfants, jeunes déplacés internes et autres personnes vulnérables en situation de mendicité dans les rues de Ouagadougou.
« Il y a des actions qui sont prévues dans ce cadre pour faciliter l’autonomisation économique de toutes ces personnes qui se trouvent dans une situation de rue », a précisé Nandy Somé/Diallo, ministre en charge de l’action humanitaire.
L’opération se poursuit dans les autres quartiers périphériques de la ville de Ouagadougou.
Mary.S