Dans le cadre de la mise en œuvre de ses activités, l’association « Sœurs pour Sœurs, Tond la Taaba » a produit un film documentaire de sensibilisation sur la santé mentale des femmes et des jeunes filles au Burkina. Réalisé par Abdoulaye Dao, la première a eu lieu ce vendredi 10 février 2023 à Ouagadougou.
Rejets, stigmatisations, abandons… C’est le quotidien de ces personnes appelées malades mentaux. En effet, le film retrace la souffrance des hommes, des femmes et des jeunes filles en manque de repères du point de vue psychologique, social et familial.
Entre désespoir, larmes, émotions, témoignages et soupirs, le réalisateur dépeint un triste tableau de ces burkinabè qui peinent à vivre comme les autres. Les femmes et les jeunes filles sont les plus vulnérables. Elles font l’objet de viols pouvant conduire à des grossesses dont le père est inconnu, de répudiation ou des préjugés liés à certaines croyances sataniques.
Dans la plupart des cas, les familles leur retirent la garde des enfants même si ces derniers allaitent toujours. La relation mère-enfant est ainsi mise à rude épreuve. Laissées donc à elles-mêmes et coupées de leurs familles, elles s’enfoncent davantage dans leur mal. Toute chose qui complique leur état psychologique. Parfois, elles atteignent un stade où pour les maîtriser, elles sont enchaînées. Les soins sont longs et coûteux longs.
D’origine mystique ou inconnue selon les considérations, plusieurs facteurs peuvent expliquer les maladies mentales. Dès lors, les proches se tournent vers les tradi-praticiens, la prière ou des pratiques cultuelles dans l’optique de soulager leurs souffrances. Les soins en psychiatrie sont le dernier recours.
Aussi, les spécialistes qui les accompagnent dans le traitement de ces maladies sont pointés du doigt sans oublier ceux qui sont à leurs petits soins dans les centres d’accueil. A ce propos, la présidente de l’association Julienne Zongo estime qu’il urge de lever le voile sur les conditions de vie de ces femmes et filles afin qu’elles retrouvent leur place dans la société. Dame Julienne reste convaincue que les malades mentaux peuvent retrouver le sourire et la dignité. De ce fait, « Pour amener les uns et autres à changer de regard et de comportements, il faut leur apporter la bonne information et nous avons choisi le cinéma comme outil de communication », a-t-elle indiqué.
A en croire Dr Thibault Gérard Zoungrana, ces patients ont encore la possibilité de mener une vie heureuse malgré la délicatesse de leur santé. « On arrive à sonder le mental de la personne, le modifier et le paramétrer pour guider la personne. En menant les activités, on retrouve la dignité, l’estime de soi, la confiance, la joie », a-t-il précisé. Cependant, pour atteindre cet objectif, il estime que ces derniers ont besoin du soutien permanent de leurs proches et d’un suivi médical conséquent. Ainsi, pour une bonne réinsertion sociale et professionnelle, ils pratiquent le maraîchage, le jardinage, l’élevage et les activités ludiques. De plus, ils bénéficient d’une prise en charge alimentaire. Quant aux enfants, ils sont adoptés en plénière totale. Cela signifie, la rupture complète et définitive des liens de filiation de l’enfant avec sa famille d’origine.
La cérémonie était placée sous le parrainage de l’ambassadrice des Pays-Bas, madame Esther Loeffen. Aux dires de la diplomate, la santé physique est importante. Mais, la santé mentale l’est également d’où son accompagnement pour la présente activité.
Françoise Tougry