“Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années, disait Pierre Corneille. Cette affirmation est le reflet de Suraïya Toni, une adolescente qui se distingue par son charisme.
Originaire du Sourou, dans la région de la Boucle du Mouhoun, Suraïya Toni est une adolescente qui ne passe pas inaperçue tant son éloquence tranche avec son jeune âge. Pour cette jeune fille de 15 ans de teint foncé, au regard vif, le leadership rime avec l’audace.
Assidue et très participative aux cours, Suraïya est une élève disciplinée. Selon son enseignant en théorie de connaissance, Fabrice Aguibou, c’est une élève qui a toujours envie d’explorer les limites ou les zones sombres de chaque situation présentée. « C’est une élève très critique dans ses analyses et très ouverte d’esprit. L’enseigner c’est plus ou moins un challenge », a-t-il laissé entendre.
Une élève intelligente et ouverte d’esprit
Les camarades de classe de Suraïya ne tarissent pas d’éloges à son endroit. Ils la qualifient d’ingénieuse, d’audacieuse, de généreuse et très créative. « C’est une amie très chère. Nous nous sommes rencontrées, il y a deux ans. Elle aime faire plaisir aux gens autour d’elle, elle est très gentille », témoigne Sidya Sanon.
« Elle me montre de nouvelles capacités. Elle est ingénieuse et très douée pour réussir dans tout ce qu’elle fait », renchérit Yanis Kaboré, un camarade de classe de Suraïya.
Avec toutes ces qualités, les résultats scolaires impressionnants de Suraïya ne sont donc pas surprenants. En effet, élève en classe de première à Enko Ouaga , Suraïya a obtenu le BEPC avec un peu plus de 18 sur 20 de moyenne après être passée directement de la sixième en quatrième.
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La lecture, le secret de la réussite de Suraiya
Les secrets d’une telle réussite réside dans la lecture. Passionnée de lecture, elle a grandi au milieu de grandes étagères remplies de livres. Cette appétence pour la lecture lui a été transmise par ses parents. « Ma grande sœur me lisait des histoires avant que je n’aille dormir parce que je ne savais pas lire », se remémore-t-elle. Pour la petite Suraïya , la lecture permet de découvrir le monde.
C’est ainsi que lorsque dans le cadre de ses études, elle doit proposer un projet utile pour sa communauté, sans hésitation, Suraïya décide de créer une bibliothèque bilingue gratuite accessible à tous les burkinabè, sans distinction d’âge ni de sexe. Même si cette initiative découle de sa passion pour la lecture, elle est également née du constat selon lequel les gens n’aiment pas lire. A travers ce projet, Suraïya veut inciter les gens à aimer la lecture. « Lire, c’est entrer dans un monde nouveau. C’est aussi l’opportunité d’apprendre d’autres cultures », est-t-elle persuadée.
Pour la réalisation de son projet, Suraïya a lancé une collecte de livres pour alimenter la bibliothèque. Dans l’optique d’inciter le maximum de personnes à participer à cette collecte, les réseaux sociaux ont été mis à contribution. « On fait beaucoup de stories, beaucoup de publications et on partage énormément », a-t-elle précisé.
Cette stratégie lui a permis de collecter un nombre important de livres, chose à laquelle elle ne s’attendait pas. « Je ne suis pas loin de 200 et il y a des livres qui continuent de venir. Je suis plus que satisfaite », a-t-elle exprimé.
Elle a décidé de baptiser sa bibliothèque « change », une façon d’inciter les gens à donner un livre pour changer la vie de quelqu’un d’autre. Le slogan « change » vise également à changer les mentalités, une technique pour impacter tous les burkinabè.
Pour la réalisation de la bibliothèque, Suraïya a bénéficié d’une salle qui a été mise à sa disposition grâce à sa collaboration avec un centre de langues. Elle a également bénéficié de l’aide de certaines institutions pour la création de la charte graphique et les cartes de membres. Le soutien de ses camarades de classe et des membres de sa famille a été une contribution inestimable dans la réalisation du projet de Suraïya. « 60% de ce projet a été fait grâce à eux », a-t-elle mentionné.
Suraïya, une fierté pour ses parents
Pour la réussite de son projet, la jeune fille peut compter également sur le soutien indéfectible de ses parents. Ils se sont investis dans la diffusion de l’information pour la collecte des livres.
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Pour eux, Suraïya est une source de joie. « Elle s’investit dans son travail. Elle fait tout avec sérieux et elle obtient de bons résultats », témoigne Fatoumata Toni, mère de Suraïya.
Pour son père Désiré Toni, c’est une fille qui a l’attitude d’une personne âgée. Toujours à l’écoute, elle aime discuter et apprendre des autres. « C’est une enfant formidable qui nous surprend », a t-il laissé entendre avec fierté.
Persévérante, Suraïya n’entend pas baisser les bras face aux difficultés. Elle envisage ouvrir d’autres bibliothèques aux quatre coins de la ville de Ouagadougou dans quelques années.
Sans nul doute, Suraïya fait partie de ses jeunes filles leaders qu’il faudra suivre dans les années à venir au Burkina Faso.
Mary Sorgho