Le viol conjugal est devenu un phénomène qui prend de l’ampleur. De nombreuses femmes en souffrent dans leur foyer sans pour autant en être conscientes. Kadi Sinka, psychologue revient sur quelques aspects.
Que faut-il entendre par viol conjugal ?
Il faut entendre par viol conjugal pour l’homme ou la femme, une relation sexuelle sans consentement mutuel, qui n’a pas été accordé avant la pénétration sexuelle.
Pourquoi les femmes victimes de viol conjugal n’arrivent pas à briser le silence ?
Il faudrait que les habitudes sociales s’y prêtent. En général, en Afrique les questions intimes sont gérées dans la discrétion car tabou. Ce qui rend difficile l’accès à des confidences et à des témoignages. La personne concernée peut ne même pas vouloir s’exprimer.
Viol conjugal et devoir conjugal, quelle est la limite entre les deux ?
Le viol conjugal, c’est la relation sexuelle à contrecœur. Le devoir conjugal, c’est la capacité de prendre conscience des enjeux d’un équilibre utile à l’autre.
Pour une femme qui est consciente qu’elle est victime de viol conjugal, comment selon vous peut-elle arriver à en parler ?
Elle en parle d’abord avec le conjoint. Cher monsieur ou chère madame qui partage mon lit, je pense que cette manière de faire peut être améliorée pour que j’ai une satisfaction en retour de nos relations sexuelles.
Quel peut être l’impact psychologique du viol conjugal sur la victime ?
Si c’est une victime consciente de son état et qui adhère volontairement à cette situation, la victime n’en fera pas un problème.
Si la victime est une personne encline à être égoïste et à ne penser qu’à elle-même, elle voudra aussi que ce soit elle-même son épanouissement qui compte.
Comment amener la victime à s’en remettre et à se reconstruire ?
Nous passons en revue l’ensemble des lignes de détresse que la personne a vécues et nous la faisons sortir de son silence. Il faut pouvoir arriver à discuter, convaincre, recadrer la relation pour arriver à créer les conditions d’une relation sexuelle épanouissante.
Quels conseils pour une femme victime de viol conjugal qui n’est pas consciente de ce qu’elle vit ?
Lorsqu’une personne n’est pas consciente de sa situation, en général, elle ne vient pas chez le psychologue. Le plus important, le premier pas serait d’amener les femmes à s’ouvrir sur la réalité vécue. Extirper la souffrance hors de soi est un deuxième pas. La prise en charge intégrale permet à la personne de prendre finalement conscience et d’obtenir les bonnes relations sexuelles dans le futur.
Quelle peut être la contribution des parties prenantes dans cette lutte contre le viol conjugal ?
Si nous voulons lutter contre le viol conjugal, nous devrons éduquer depuis la petite enfance, l’adolescence. Ce travail d’éducation demande d’associer l’expertise psychologique aux autres expertises qui se développent actuellement. Les gouvernants ont cherché d’abord à faire des routes et des maisons avant de faire de bons humains.
Pour faire de bons humains, il faut éduquer l’enfant de sorte à ce qu’il comprenne les liens humains, les amours qui sont possibles et ceux qui sont interdits. Apprenez-lui tout ce qui est mécanisme concret qu’une personne dans une famille doit apprendre ! Après les 14 ans, apprenez à votre enfant à raisonner. D’abord, l’obéissance et ensuite, la réflexion poussée pour frayer son chemin de vie, encadré par la loi.
Marie Sorgho