Martine ouédraogo épouse Ilboudo, originaire de Ziniaré et spécialiste en art culinaire traditionnel est l’une des quatre femmes consacrées Trésors Humains Vivants du Burkina Faso. Membre de la délégation reçue par Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, ministre en charge de la culture, elle s‘est confiée à l’équipe de Queen Mafa à l’issue de l’audience.
Quel message avez-vous à l’endroit de votre ministère de tutelle ?
S’ils nous ont choisis comme Trésors Humains Vivants, qu’ils nous mettent dans les conditions nécessaires et nous donnent les moyens d’atteindre nos objectifs qui consistent à former et partager nos expériences avec les jeunes.
Partagez avec nous quelques-unes de vos préoccupations !
Nos plantes traditionnelles ont des valeurs thérapeutiques. Les feuilles soignent, les écorces aussi. Mais, les enfants l’ignorent. Notre alimentation moderne n’est pas compatible avec nos mets locaux et cela cause des maladies. Nos grands-parents nous ont montrés les aliments qu’il faut consommer pour être en bonne santé. Malheureusement, à notre tour, nous n’avons pas les moyens de former les enfants. De nos jours, nous travaillons avec le bois, or les enfants d’aujourd’hui ne sont pas à mesure de faire ces genres de travaux physiques.
Maintenant, les gens utilisent les foyers à gaz qui ne dégagent pas de la chaleur vive face à la personne comme c’est le cas du bois où on est en contact direct avec le feu et la fumée. Nous, nous sommes habitués. Mais, la jeune génération n’est pas prête à endurer de telles épreuves. Ce qui rend l’apprentissage difficile.
Nous avons vu qu’il y’a des machines qui permettent de sécher les feuilles tout en gardant la couleur verte et d’autres équipements pour la conservation. Par exemple, les grands fûts en plastiques conservent mieux les feuilles sèches. Ils les gardent intactes et propres. Par contre avec les sacs (boro en dioula ou yologo en mooré), elles s’encombrent et au contact d’autre matériel, elles se réduisent facilement en poudre. Stockées dans ces fûts, on les utilise comme on veut jusqu’à la prochaine saison sans soucis. Voici entre autres des équipements qui nous sont utiles.
En tant que Trésor Humain Vivant, quel héritage avez-vous légué à vos enfants ou petits-enfants ?
Ma spécialité, c’est la cuisine des mets traditionnels. Un de mes enfants, un garçon a quitté les bancs pour se consacrer entièrement à ce que je fais. C’est vraiment un choix personnel. Mais comme j’utilise le bois, ce n’est pas simple. Si tu ne trouves pas quelqu’un d’assez motivé pour se donner à ce travail, c’est peine perdue.
Selon vos connaissances, quels sont les interdits pour une femme selon les coutumes de Ziniaré ?
Quand une femme s’en va dormir sans avoir achevé sa cuisine, on ne doit pas la réveiller pour qu’elle termine. Et si c’est le cas, son mari ne doit pas manger la nourriture. C’est interdit. C’est un cas parmi tant d’autres.
La plupart du temps, on ne dit pas le pourquoi ou les risques qui peuvent en découler.
Nos grands-parents nous ont dit que la coutume ne ment jamais. Quand on dit que c’est un interdit, il faut strictement le respecter, ne jamais le braver. Pour mériter ces savoirs et savoir-faire, il faut être digne de confiance.
Francoise Tougry
Fatim Korgho, stagiaire