PDG de Hadnour Service et présidente du collectif des associations féminines pour des actions citoyennes des Hauts-Bassins (CAFAC-HBS), Angèle Zida Nikièma, est également promotrice de la foire régionale Moussow Akili pour l’autonomisation des femmes des Hauts-Bassins. Dans cet entretien réalisé par téléphone, elle s’insurge contre les récents propos du Premier ministre , Appolinaire Kyelem à propos de l’engagement des femmes.
Parlez-nous de votre association et de votre engagement au niveau communautaire
Le Collectif des associations féminines pour des actions citoyennes est un regroupement d’association qui a pour objectifs, la promotion des activités génératrices de revenu, les activités socio-économiques et la promotion de l’entreprenariat féminin. Ce collectif a un effectif de deux mille (2000) femmes provenant des trois (03) régions des Hauts-Bassins.
Notre collectif est composé entre autres de femmes battantes de toutes les classes sociales. Nous avons des femmes de la société civile, des femmes scientifiques, des femmes politiques, etc. Je représente un collectif qui regroupe plus de 600 associations de la région des Hauts-Bassins provenant du Tuy, Kénédougou et le Houet.
Je suis engagée au niveau communautaire depuis 2009, par des actions citoyennes aux profit des femmes de la région des hauts bassins, au cours de toutes ces années, de mon association femmes d’action pour l’insertion sociale créé en 2009, à mon collectif des associations féminines.
Nous avons réalisé de grands projets pour la promotion de l’autonomisation des femmes de la région, la commercialisation des produits locaux à l’international, la valorisation de nos différentes transformations agroalimentaires.
Nous avons également fait des formations sur le leadership féminin, la réalisation de plusieurs unités de transformation des produits agroalimentaires pour certaines associations et surtout l’unité de tissage du Faso Dan Fani à la Maison d’Arrêt et de Correction de Bobo-Dioulasso en faveur des femmes détenues.
Quelles sont vos aspirations actuelles en tant que femme et notamment basée dans les Hauts-Bassins ?
Mes aspirations actuelles c’est de travailler d’avance à promouvoir l’autonomie financière des femmes rurales de la région des hauts bassins, qui traverse des moments très difficiles à cause de l’insécurité. Je souhaite une meilleure vie pour toutes ces femmes en difficultés.
Les femmes de valeur, battantes et engagées, on en trouve au Burkina Faso. Des Yennega, des amazones, on en trouve.
Que pensez vous de l’affirmation du premier ministre selon laquelle les femmes ne sont pas assez engagée ?
Je suis scandalisée d’entendre que notre premier Ministre affirme sans preuves que les femmes ne sont pas assez engagées. Ma déception est double par ce que ces propos viennent d’un juriste. Il doit chercher des preuves solides irréfutables avant de faire une affirmation gratuite. Qu’est-ce qu’il sait des femmes ? C’est un affront public et dans ma casquette de présidente d’un collectif régional, j’ai le devoir de recarder les choses.
Les femmes de façon individuelle sont engagées et collectivement, elles le sont aussi.
Les femmes de valeur, battantes et engagées, on en trouve au Burkina Faso. Des Yennega, des amazones, on en trouve. Le problème est qu’on n’a pas besoin réellement de ces femmes, on a besoin plutôt de celles qu’on peut manipuler. Qui est à l’origine du développement de la nation ? Les femmes. Qui est à l’origine des mobilisation… ?
Je m’inscris en faux contre cette affirmation et invite le premier ministre à constituer un vrai répertoire de femmes engagées. Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de rage. L’engagement n’a rien à voir avec le genre. Il est d’abord personnel, intrinsèque avant d’être collectif. Les femmes de façon individuelle sont engagées et collectivement, elles le sont aussi. Mettez nous à l’épreuve et vous verrez ce que ces femmes peuvent faire pour notre cher pays !
Propos recueillis par la rédaction de Queen Mafa