Lorsqu’on évoque les grands noms de la littérature africaine, il est souvent question d’hommes. Pourtant, des femmes ont réussi à s’imposer dans ce domaine, abordant des thématiques et des styles d’écriture différente. Portons le regard sur cinq grandes femmes qui ont marqué la littérature Africaine.
Monique Ilboudo
Née en 1959 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Elle est diplômée d’un doctorat de droit privé à l’université de Lille en France, en 1991. Elle débute sa carrière en animant la chronique « Féminin pluriel » dans le quotidien d’information burkinabè « Observateur Paalga » de 1992 à 1995 ou encore la chronique « Point de mire » dans l’hebdomadaire « regard ».
En 1992 également, elle publie son premier grand roman « le Mal de peau » qui remporte un vif succès. Cet ouvrage lui permet de recevoir le grand prix de l’imprimerie nationale du meilleur roman. Une œuvre qui fera par ailleurs d’elle, la première romancière du Burkina Faso.
En dehors de l’écriture, Monique Ilboudo a enseigné à l’Université de Ouagadougou et s’est impliquée dans la vie associative en mettant en place un Observatoire sur les conditions de vie des femmes au Burkina Faso, intitulé «Qui vive !».
Également très engagée dans la vie politique, elle a été tour à tour, membre du Conseil Supérieur de l’Information de 1995 à 2000, secrétaire d’État chargée de la promotion des Droits de l’Homme ou encore ministre de la Promotion des droits humains. En rappel, ses œuvres les plus connues sont : Murekatete en 2000, Amour des villes, villes africaines, ou encore Droit de cité : être une femme au Burkina Faso en 2006.
2. Mariama Bâ
Elle est née le 17 avril 1929 à Dakar, et est morte dans la même ville le 17 août 1981. Elle est une femme de lettres sénégalaise. Dans son œuvre, elle critique les inégalités entre hommes et femmes dues à la tradition africaine. Elle obtient son diplôme de titularisation dans l’enseignement en 1947.Mère de 9 enfants, divorcée, elle a été l’épouse du député Obéye Diop. En 1980, elle a obtenu le prix Noma avec ce premier roman. Elle est morte l’année suivante, peu avant la parution de son second ouvrage.
3. Aminata Sow Fall
Née en 1941 à Saint-Louis. Elle fréquente le lycée Faidherbe puis, le lycée Van Vo, aujourd’hui renommé Lamine Gueye avant de se rendre en France où elle prépare une licence de lettres modernes.
En 1976, elle publie son premier roman « le revenant », aux nouvelles éditions Africaines. C’est l’histoire de Bakar, un modeste employé de postes qui, devant la pression de son entourage, s’improvisera détourneur de fond dans la boîte de son employeur.
Mais, si le nom d’Aminata Sow Fall n’est pas inconnu à la plupart d’entre nous, c’est bien à cause de son roman paru trois ans plus tard : « la grève des bàttu », qui lui a d’ailleurs valu le grand prix littérature d’Afrique noire en 1980. « La grève des bàttu », est l’histoire d’une révolte, celle des « talibés » face à un homme politique qui souhaite les expulser de la ville.
En 2017, Alain Mabanckou la considère comme « la plus grande romancière africaine ». Elle nous dévoile son dernier chef d’œuvre en date « L’empire du mensonge ».
De la fondation de la maison d’édition Khoudia au centre international d’études, de recherches et de réactivation sur la littérature, les arts et la culture à Saint-Louis en passant par le Bureau africain pour la défense des libertés de l’écrivain à Dakar, la vie d’Aminata Sow est une lutte perpétuelle pour faire briller cet art qui jusqu’aujourd’hui, peine encore à s’émanciper totalement.
4. Fatou Diome
Fatou Diome est née en 1968 sur l’île de Niodor au Sénégal. Elle est élevée par sa grand-mère.
Véritable « dissidente », Fatou décide elle-même d’aller à l’école, chose peu courante à l’époque et se passionne pour la littérature francophone.
Cette passion l’amènera naturellement à s’essayer à l’art de l’écriture. En 2001, paraît « La préférence nationale », un recueil composé de six nouvelles qui marque l’entrée de Fatou Diome dans le cercle des auteurs.
C’est en 2003 qu’elle accède à la notoriété internationale avec son premier roman, « Le ventre de l’Atlantique » qui aborde l’épineux problème de l’émigration.
Le livre remporte le prix des hémisphères Chantal Lapicque la même année puis reçoit deux ans plus tard, le LiBeraturpreis, un prix décerné chaque année par un comité de lectrices à une écrivaine originaire d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique Latine. Elle publiera ensuite plusieurs écrits tels que « Ketala » en 2006, « celles qui attendent » en 2010 ou encore « Marianne porte plainte » en 2017.
Fatou Diome est également connue pour son engagement et son franc-parler.
5. Chimamanda Ngozi Adichie
Chimamanda Ngozi Achidie est sans doute l’un des phénomènes littéraires africains de ces dernières années
Née en 1977 à Enugu au Nigéria, Chimamanda quitte son pays à l’âge de 19 ans pour rejoindre celui de l’oncle Ben. Elle intègre l’université Drexel de Philadelphie puis l’Eastern Connecticut State University où elle poursuit des études en communication et sciences politiques. Elle est titulaire d’un Master en création littéraire et d’un M.A (maîtrise des arts) d’études Africaines.
Son premier contact avec le monde de la littérature se fait en 2003 à travers « L’hibiscus pourpre », un roman encensé par la critique et lauréat du Commonwealth Writers’ Prize en 2005.
Mais le succès ne s’arrête pas là pour Chimamanda. Trois ans plus tard est publié « L’autre moitié du soleil », un roman à l’histoire poignante traitant de la guerre du Biafra qui remportera l’Orange Prize for Fiction l’année suivante.
Son roman « Americanah » paru en 2013 et lauréat du National Book Critics Circle Fiction award sera adapté au cinéma avec Lupita Nyong’o dans le rôle principal.
Aujourd’hui, la notorieté de Chimamanda Ngozi Adichie dépasse le cadre du livre. Féministe engagée, elle est l’auteure de la fameuse phrase « Nous devrions tous être féministes », prononcée en 2012 lors d’une conférence TED qui sera reprise par des millions de personnes à travers le monde dont des célébrités telles que Beyoncé et Rihanna.