Les violences basées sur le genre ont fait l’objet d’un panel ce jeudi 25 août 2022 à Ouagadougou. Initié par l’institut panafricain pour le développement Afrique de l’Ouest et Sahel (IPD-AOS) en collaboration avec la Graduate Institute de Genève, ce panel s’est tenu dans le cadre du 3ème colloque genre et développement.
11020 cas de violences basées sur le genre (VBG) dont 9307 femmes et 1713 hommes ont été enregistrés au Burkina Faso durant l’année 2021 selon les services sociaux en charge du genre.
Les dénonciations des violences basées sur le genre à travers le numéro vert font état de 913 cas dont 755 femmes et 158 hommes entre le 02 et 31 mars 2022. C’est au regard de l’ampleur de ce phénomène que ce panel a été initié en vue de trouver des mesures palliatives aux VBG. « Nous voulons à travers cette activité, essayer de voir comment exploiter nos expériences traditionnelles et les joindre à la modernité en passant par nos textes et lois pour trouver une solution durable aux VBG », a confié Dr Sylvestre Ouédraogo, directeur régional de l’IPD-AOS.
Pour trouver une solution durable aux VBG, il est important d’en connaître l’origine. Selon le panéliste Blaise Tienin, les violences prennent le plus souvent racine dans la famille. Certains actes bien que répréhensibles sont considérés comme normaux, contribuant ainsi à amplifier le phénomène. C’est le cas de ceux qui utilisent la culture à tort, pour perpétrer une certaine forme d’inégalité de VBG. Déplorant ce comportement, il suggère une synergie d’actions, un renforcement des capacités à tous les niveaux, la promotion de la masculinité positive, la dénonciation et la sensibilisation afin de pouvoir lutter contre les VBG.
Pour sa part, le paneliste Dr Olivier Zemba estime que la femme burkinabè est toujours sous l’emprise des pratiques culturelles et religieuses. C’est ce qui explique en partie l’ampleur des violences basées sur le genre. Pour y remédier, il propose le féminisme afro-américain comme un modèle d’émancipation pour la femme burkinabè. Ce type de féminisme prône l’égalité et la justice sociale au profit des femmes.
Pour le paneliste Dr Germain Oually, les symboles culturels peuvent être des moyens de préventions et de lutte contre les VBG. Il s’agit du foyer traditionnel, un patrimoine culturel matériel qui symbolise la stabilité, la solidité et la co-construction. Il préconise également le panégyrique familial qui est l’ensemble des valeurs identitaires d’une famille ou d’un clan et qui sert à vanter les qualités d’une personne. Du point de vue du Dr Germain Oually, le panégyrique familial est un patrimoine immatériel, un symbole fort qui permet d’apaiser les tensions. Il peut selon lui contribuer à lutter efficacement contre les VBG si toutefois, il est transmis à la jeune génération.
Ce 3ème colloque genre et développement se tient à Ouagadougou du 25 au 26 août 2022 sous le thème, « Comment trouver des solutions durables aux VBG ? L’empathie comme une solution à la résolution des problèmes inter couple : analyses des méthodes de communication inter-couples dans les sociétés modernes et traditionnelles ».
Marie Sorghp