Bahanla Ouali, la fille du Gulmu, peut être fière des résultats de son association Unis pour agir (UPA) .Elle est originaire de la province de la Tapoa, Région de l’Est. Bahanla Ouali, jeune mère de famille, est de ces femmes qui savent saisir les opportunités. Ce qu’on retient de cette fille du Gulmu, c’est une vivacité communicative. C’est aussi son attachement à sa culture et à sa terre, associé à un altruisme et à une philanthropie chevillés au corps. Des traits de sa personnalité qui ont forgé l’actrice ou activiste du développement qu’elle a été très tôt.
« J’ai aimé travailler dans le monde associatif et avec les ONG de développement local », glisse-t-elle avec simplicité. Son installation en terre Suisse, à Genève, en 2017, à la suite de son époux, venu en mission, se vit comme une opportunité, un potentiel pour le déploiement de ses occupations favorites : créer le cadre opportun pour travailler en milieu associatif en faveur des populations rurales en situation de vulnérabilité.
Bahanla Ouali réfléchit à la mise en en place d’une structure associative d’aide au développement, au profit de son Faso et de son Gulmu natal. Son amitié solide avec Fanchette Kunz, cette citoyenne suisse, partageant avec elle la passion caritative constitue le point de départ d’une belle aventure.
Ce lien d’amitié, l’expérience de l’une et de l’autre concourent à l’élaboration des textes créatifs de l’Association Unis Pour Agir (UPA). La naissance de la structure se matérialise par son assemblée générale constitutive, tenue le 8 mars 2019, avec un statut de droit Suisse. Tout un symbole, quand on connait la portée historique du 8 mars pour la femme, au plan mondial et au Burkina Faso particulièrement.
L’UPA obtient sa reconnaissance, en tant qu’association à but non lucratif, par les autorités suisses, le 11 mai 2020. Organisées autour des missions, visions et valeurs de UPA, des filles et femmes de la province de la Tapoa s’organisent et forment UPA Burkina.
L’UPA imprime ses objectifs et engagements dans ses statuts : accompagner l’UPA Burkina par « un soutien financier et matériel » dans la mise en œuvre de ses activités et de l’atteinte de ses objectifs, dans les domaines de l’éducation, de la formation, de la santé et de l’accès à l’eau potable. Elle met un accent particulier sur la lutte contre les mariages des enfants, l’analphabétisme, la violation des droits des enfants, particulièrement les filles, la déperdition scolaire, celle des filles surtout, etc.
« A ce jour, c’est un véritable sentiment de satisfaction qui m’anime, au regard de la mobilisation tant au niveau des suisses que des compatriotes burkinabè qui ont su se mobiliser pour la réalisation de nombreux projets et activités au Burkina Faso ». Sans acrimonie aucune, Bahanla Ouali relève de nombreux défis qui ont pu être relevés, eu égard au contexte sécuritaire que traverse le Burkina et particulièrement la région de l’Est qui en paie un lourd tribut.
« La dégradation de la situation sécuritaire, la fermeture de structures scolaires a obligé les acteurs de UPA Burkina à déplacer les bénéficiaires du soutien scolaire vers des zones plus sécurisées. Malgré tout ce qu’on peut déplorer, nos résultats sont satisfaisants !» L’essentiel, c’est l’atteinte des objectifs ! Et l’UPA, tout comme les autorités locales d’ailleurs, comptabilise bien de motifs de satisfaction.
Document à l’appui, Madame Ouali mentionne certificat de reconnaissance que UPA a reçu de la mairie de Tansarga, en 2021. « Cela traduit l’impact qu’a eu l’action de UPA sur les localités et les cibles bénéficiaires, et la reconnaissance de nos autorités locales. C’est le lieu pour moi de traduire ma gratitude à tous ceux dont nous avons bénéficié de l’accompagnement. ».
Une soirée pour partager le bilan UPA
C’est dans cette dynamique que l’Association Unis Pour Agir (UPA) a procédé à la présentation du bilan des activités, le dimanche 19 juin 2022, à Chêne-Bougeries, dans le canton de Genève. Après trois années d’interventions diverses dans l’accompagnement des filles et des femmes en milieu rural, particulièrement dans la Région de l’Est du Burkina Faso, cette structure a estimé opportun de présenter les fruits des projets mis en œuvre à ses membres, partenaires et sympathisants.
En présence d’une forte délégation de la Mission, Représentation permanente du Burkina Faso à Genève, entourée des membres du bureau, celle qui est actuellement coordonnatrice de l’Association Unis Pour Agir (UPA) depuis la dernières assemblée générale de la structure (après en avoir été, 2 ans durant, la présidente ), a déroulé un programme en trois points : la présentation du contexte dans lequel se sont déroulées les activités, la présentation du bilan narratif des activités et celle du bilan financier.
Avant la présentation du bilan narratif des activités, Paul Miampo, membre du comité exécutif et secrétaire d’UPA, a tenu à décrire le contexte dans lequel les projets d’UPA ont été mis en œuvre dans la province de la Tapoa. En effet, selon lui, « la Tapoa fait partie des zones les plus touchées du pays par l’insécurité ».
Selon Madame Bahanla Ouali, l’association a mis en œuvre quatre (4) projets dans la province de la Tapoa, à savoir :
- le projet « d’appui à l’amélioration des conditions d’études des enfants en milieu rural, notamment, dans les villages de Bobomondi et de Bodiaga», dans la commune de Tansarga ;
- le projet «éducation des filles et autonomisation des femmes en milieu rural » qui couvre 6 villages de la commune de Tansarga (Bobomondi, Bodiaga, Kotchari, Banduo, Natongou et Malpoa) ;
- le projet d’appui au CSPS de Bodiaga, dans la commune rurale de Tansarga ;
- le projet de soutien aux filles vulnérables dans un contexte d’insécurité à l’Est du Burkina Faso.
Les objectifs de ces projets étaient respectivement :
- l’amélioration des conditions d’études des enfants en leur apportant des assises ;
- le soutien à la scolarisation et à l’achèvement scolaire des filles ; la contribution à l’amélioration des revenus des femmes ;
- l’amélioration des conditions de soins et de vie au sein du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Bodiaga;
- la promotion de la motivation scolaire auprès des filles déplacées internes à Diapaga.
Les résultats atteints pour les membres d’UPA donnent des motifs de satisfaction. L’on peut capitaliser respectivement :
- l’acquisition et la mise à disposition de 5 écoles de la commune de Tansarga de 110 table-bancs ; 330 élèves dont l’âge est compris entre 6 et 11 ans ont été directement bénéficiaires de ce projet ;
- l’accompagnement dont ont bénéficié 100 femmes, en termes de formation en entreprenariat et de financements pour mettre en œuvre leurs activités génératrices de revenus (AGR) ; et l’accompagnement dont ont bénéficié 100 filles en termes d’appui, conseils, matériel (vélo, lampe et kits scolaires);
- l’amélioration, pour le compte du CSPS de Bodiaga, des conditions de soins et de vie en son sein, avec l’acquisition et le don de 10 lits, de 10 potences et de 10 matelas, ainsi que la construction d’une salle d’hospitalisation et d’un hangar.
- l’acquisition et le don de 50 vélos et 53 lampes solaires au profit de 53 filles dont l’âge est compris entre 11 et 15 ans ;
Selon le bilan financier présenté par Fanchette Kunz, membre du comité exécutif de UPA et trésorière, la mise en œuvre de toutes les activités a mobilisé un budget estimé à environ 88 000 CHF (francs suisses), soit plus de 55 millions de francs CFA.
Pour la jeune structure, les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de ces projets ont certainement joué sur les résultats, même s’il y a lieu de s’enorgueillir. Ces difficultés ont essentiellement découlé de la situation sécuritaire qui s’est de plus en plus dégradée. Les conséquences en ont été, entre autres : le transfert des filles bénéficiaires dans d’autres zones ; la difficulté de réunir la population cible (menacée par l’insécurité), pour les causeries éducatives et les séances de sensibilisation ; le déménagement des relais communautaires vers le chef-lieu de province ; les problèmes d’acheminement des fonds de la Suisse jusqu’à Diapaga, avec la fermeture de toutes les institutions financières à Diapaga eu égard à l’insécurité.
En dépit de tout et avec des acquis très encourageants, l’UPA n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. La structure a formulé la suite de ses actions en termes de perspectives, à savoir, engager un consultant pour l’évaluation à mi-parcours du projet éducation et autonomisation des femmes ; étendre le projet éducation et autonomisation des femmes à d’autres villages ; élaborer un projet pour un meilleur accompagnement des filles déplacées à Diapaga.
Mesdames Bahanla Ouali et Fanchette Kunz, aux termes de la rencontre, ont tenu à saluer les membres et sympathisants, qui par leurs contributions diversifiées, leurs cotisations et dons privés, ont permis la mise en œuvre des activités qui ont impacté la vie des populations cibles, surtout dans un contexte sécuritaire difficile. Elles ont exprimé leur reconnaissance aux structures institutionnelles et confessionnelles suisses, qui ont prêté une oreille attentive aux sollicitations de UPA et qui lui ont apporté un appui conséquent, preuve d’une générosité agissante au profit de populations vulnérables au Burkina Faso.
En trois années d’exercice, l’Association Uni Pour Agir a pu susciter et mobiliser un partenariat agissant avec plusieurs partenaires dont : l’Église évangélique du réveil, le Cercle Féminin des Nations Unies (CFNU), l’ONG La Brique, la Délégation de Genève, Ville Solidaire, les communes de Plan-les-Ouates, Lancy, Carouge et Onex, de Chêne-Bougeries, de Bernex, de Thônex, de Pregny-Chambésy, ainsi que de nombreux donateurs privés.
Maria Sompougdou