La crise de la faim est une réalité en Afrique. En effet, 322 millions de personnes étaient confrontées à une insécurité alimentaire grave en 2021, soit 58 millions de plus qu’en 2019. Aujourd’hui, 66 millions de personnes risquent de mourir de faim en raison de la sécheresse, de l’irrégularité des précipitations et des conflits. Oxfam a publié un rapport ce dimanche 17 juillet 2022 dans lequel, les statistiques sont parlants.
- 39 États africains ont réduit de 18% la part de leur budget national consacré à l’agriculture entre 2019 et 2021 et deux tiers d’entre eux (26) ont dépensé moins de 5 % de leur budget annuel dans le secteur agricole.
- Le continent africain détient environ 1/4 des terres agricoles du monde mais dépense plus de 60 milliards de dollars par an pour importer des aliments qu’il pourrait produire localement.
- La majorité des États membres de l’Union africaine n’ont pas honoré leur engagement d’investir au moins 10 % de leur budget dans l’agriculture, conformément à la déclaration de Malabo de 2014.
- Les gouvernements africains dépensent des milliards de dollars pour renforcer leurs défenses militaires, ce qui alimente les conflits, les déplacements et la faim.
- Le montant consacré par les 39 pays à l’agriculture entre 2019 et 2021 ne représente que 67 % du budget de la défense. Ce qui montre clairement que les dirigeants ont leur priorité à l’envers.
- De nombreux programmes publics dans le domaine de l’agriculture profitent principalement à une poignée de grandes entreprises agroalimentaires qui monopolisent les exportations de produits alimentaires, laissant les petits exploitants agricoles, qui représentent une part importante de la main-d’œuvre du continent, sans accès au crédit, aux assurances, à la propriété foncière.
- La pandémie de covid-19 a porté un coup dur à l’économie africaine et a affecté la capacité des gouvernements à investir dans des secteurs clés tels que la santé, l’éducation, l’agriculture et la protection sociale.
- La dette absorbe en moyenne 51 % des recettes budgétaires des pays africains.
- 14 des 16 gouvernements d’Afrique de l’Ouest ont l’intention de réduire leurs budgets nationaux d’un montant combiné de 69,8 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.
- La communauté internationale privent l’Afrique d’environ 88,6 milliards de dollars par an. Ce montant est suffisant pour multiplier par dix les dépenses dans l’agriculture.
- La réforme de l’architecture fiscale internationale et l’établissement d’une convention fiscale des Nations Unies, que l’Afrique réclame, seront essentiels pour améliorer la perception des impôts par les gouvernements africains .
- L’Afrique exporte 80 % des engrais qu’elle produit. Or, la quantité produite par le continent suffirait à elle seule à augmenter l’utilisation d’engrais d’environ 80.
- En 2022, l’Afrique (à l’exclusion de l’Afrique du Nord) dépensera 5,4 milliards de dollars pour importer des engrais, ce qui équivaut à 60 % des dépenses agricoles des gouvernements du continent.
- Les gouvernants doivent délibérément chercher à écouter la voix des femmes victimes de harcèlement sexuel et de violences, qui jusque-là reste étouffées par les discussions de haut niveau autour de l’intégration régionale et du commerce.
La publication conclut en faisant comprendre que pour briser le cycle de la faim en Afrique, les gouvernements doivent augmenter les dépenses consacrées à l’agriculture pour atteindre au moins 10 % de leur budget total, en donnant la priorité aux petits producteurs et productrices de denrées alimentaires. Ils doivent renforcer le système alimentaire en démantelant les cartels qui exploitent les agriculteurs, agricultrices et la population qui consomme.