Sawadogo Djamila est une jeune fille de 09 ans qui se promène pour vendre des tourteaux d’arachides communément appelés couracoura dans beaucoup de localités du Burkina Faso. Ce 15 juillet 2022, Djamila a accepté partager son expérience avec Queen Mafa.
Vêtue d’une robe en pagne jaune marron, les pieds dans les sandales, Sawadogo Djamila marche à longueur de journée pour vendre les couracoura de sa grande sœur. Elle aide ainsi sa grande sœur. Elle a commencé ce travail seulement la veille. Dans la journée du 14 juillet, Djamila a quitté le quartier Toukin dans les environs de Somgandé et a sillonné les différentes rues jusqu’à Sankaryaaré. Quand elle rentrait hier soir, tout était fini. Aujourd’hui, elle ressort avec la même quantité dans l’espoir de ne pas rentrer bredouille.
Djamila dit n’avoir pas eu la chance d’être scolarisée. Depuis, un certain nombre d’années, elle s’occupait des bébés qui, maintenant sont grands. Devenus autonomes, il lui a fallu trouver une autre occupation. C’est pourquoi elle a troqué son manteau de nourrice contre celui d’une nouvelle commerçante. Une nouvelle commerçante dynamique et éveillée à en juger par sa façon de répondre aux questions, de traiter les clients et de faire ses comptes.
Pour montrer à ses clients qu’elle a une notion de l’hygiène, elle ne touche pas directement les couracoura avec ses doigts. Elle utilise un sachet bleu pour les servir. Elle n’a d’ailleurs aucun sachet noir sur elle. Une centaine de couracoura, c’est l’équivalent de la quantité qui se trouve dans le grand sachet transparent. La couleur transparente est expressément choisie pour permettre aux clients de voir la marchandise même de loin.
« Une prime journalière qui varie entre 2000f et 2500f
Un vieux sac de maïs est mis au fond du plat pour éviter le contact direct avec le sachet car autrement, le sachet va passer le temps à glisser avec le risque de tout faire tomber puisque le poids va basculer d’un côté. L’unité se vend à 50F et l’huile à 750FCFA, le bidon de 0.66cl. « Le soir à ma descente, on me donne de l’argent. Ça varie entre 2000FCFA et 2500FCFA », a-t-elle indiqué. Une prime journalière qu’elle considère motivante. Elle encaisse son argent dans un petit sac blanc.
Djamila porte toute seule son plat et le décharge avec une telle agilité. « Ce n’est pas aussi lourd que vous le pensez », a-t-elle souligné. Elle n’attend pas d’aide. Un pagne sert d’intermédiaire entre ses cheveux et le bas du plat. Il sert en même temps à amoindrir le poids de la charge et permet de garder l’équilibre. Elle rassure savoir comment traverser prudemment la route.
Comment prépare-t-on les couracoura ? A cette question, Djamila donne une explication détaillée. Choisir d’abord des arachides décortiqués, propres, sans poussière ni grains de sable, les griller dans un récipient sur du feu sans les laisser dorer. Retirés du récipient, il faut enlever le son, ensuite vanner et écraser. Si c’est en grande quantité, c’est mieux de le faire au moulin.
Par la suite, la pâte d’arachide est renversée dans une casserole ou marmite (un ustensile capable de supporter le feu). Puis, l’on ajoute un peu d’eau au fur et à mesure sans cesser de remuer avec une spatule. Elle précise que c’est comme si on fait du tô. La procédure continue jusqu’à ce que l’huile apparaisse. La pâte sera enroulée autour de la spatule.
Dès que l’huile monte à la surface, une autre étape suit. « Verser l’huile dans une autre marmite et mettre au feu doux. De que l’huile et bien extraite, il y aura des grumeaux de pâte au fond de la marmite. Filtrer l’huile pour la séparer des grumeaux », a-t-elle clarifié. A présent, pour obtenir la pâte en tourteaux, « Il faut absolument une surface plane sur laquelle la pâte est transformée en rondelles. Elles sont frites dans l’huile à feux doux », mentionne-t-elle.
Françoise Tougry