Passionnée d’art, Muidila Tshibangu a baigné dans l’univers de la peinture depuis son enfance. Du théâtre en passant par le conte, Muidila a sillonné les arts de la scène avant de déposer ses valises dans le domaine de la peinture. Dynamique et cultivée, Muidila voit en la peinture un moyen d’exprimer ses émotions et de transmettre des messages. Présente à Ouagadougou dans le cadre de la 3e édition de « Wékré », Queen Mafa l’a rencontrée…
Comment est née votre passion pour la peinture ?
J’ai aimé la peinture depuis mon jeune âge car mon père était un peintre. J’emmerdais mon père avec les pinceaux. C’est d’ailleurs auprès de lui que j’ai fait mes premiers pas dans la peinture. Au fil du temps, j’ai embrassé une autre filière dans le domaine artistique qu’est le théâtre. Je suis revenue à la peinture car je trouvais que je pouvais mieux m’exprimer à travers cet art. Après la mort de mon père, j’ai commencé à peindre pour exprimer mes émotions, pour me sentir bien et importante. C’est ainsi que j’ai compris que je pouvais faire passer des messages à travers la peinture.
Au-delà de ce que vous avez appris auprès de votre père, avez-vous suivi des formations dans la peinture ?
Je suis une artiste peintre autodidacte et j’en suis très fière. J’ai fait des stages qui ont été très bénéfiques pour moi où j’ai amélioré mon style actuel. J’ai également eu la chance de côtoyer des ainés qui m’ont encadrée et qui m’ont conseillée. Mon dernier stage remonte de septembre 2021 à mars 2022. Au départ, c’était un projet qui devait se dérouler sur 2 mois. Mais, les doyens ont trouvé qu’il était nécessaire de nous pousser encore plus loin. Donc, ils en ont fait 6 mois.
Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos œuvres ?
Je parle des droits de la femme, le droit à l’éducation pour tous. J’aborde également les sujets d’actualité, tout ce qui nous entoure notamment la faim, le terrorisme. Je ne peux pas aider tout le monde. Mais, je me dis que les messages que je transmets à travers la peinture peuvent donner de l’espoir, du courage à d’autres personnes. Il n’y a pas de joie sans peine et vice-versa. Tout va ensemble. Il faut juste rester forte pour pouvoir avoir la chance de rebondir.
Mes œuvres ont beaucoup voyagé plus que moi
Quelle place accordez-vous à la femme dans vos tableaux ?
La femme occupe une place importante dans mes œuvres car on ne peut pas parler de société sans parler de la femme. On ne pas parler d’éducation sans parler de la femme. Tout passe par la femme. Elle est d’ailleurs la source d’inspiration par excellence. A travers mes œuvres, j’exhorte la femme à rester battante et humble.
Comment êtes-vous arrivée à vous imposer dans ce métier qualifié de « métier d’homme » ?
Il faut qu’on arrête de penser que c’est un métier d’homme parce qu’aujourd’hui, nous avons pleines de femmes peintres et elles assument très bien. Je connais pleines de femmes qui sont dans leur foyers et qui s’occupent bien de leur peinture sans problème. C’était un métier d’homme dans le passé. Aujourd’hui, la peinture est devenue un travail de tout le monde. Même les adolescents se sentent bien dedans.
Vous exposez vos tableaux à l’occasion de la 3e édition de Wékré. Que pensez-vous de cette initiative ?
C’est une très bonne initiative et je suis à ma deuxième participation. C’est l’occasion de faire la connaissance des artistes de renom, d’échanger avec eux et partager nos expériences. On est plus fort en équipe et on apprend beaucoup.
La peinture nourrit –il son homme ?
Oui. Il faut être patient. Au début, je ne gagnais pas grand-chose. Aujourd’hui, je suis une artiste professionnelle et j’arrive à gagner ma vie à travers ce métier.
Les burkinabè s’intéressent-ils à la peinture ?
Au départ, non. Mais aujourd’hui, oui, parce que j’ai de la clientèle burkinabè. Lors des expositions, il y a beaucoup qui viennent visiter, chose qui n’était pas le cas. Je vois de plus en plus de burkinabè qui s’intéressent à l’art. Certains mêmes veulent apprendre la peinture. Donc, c’est déjà très bon.
Quelle est votre satisfaction aujourd’hui ?
Mes œuvres ont beaucoup voyagé plus que moi et j’en suis très fière. J’ai eu la chance de parcourir plusieurs pays africains grâce à mes œuvres.
Marie Sorgho