L’ Institut de Recherche pour le Développement ( IRD), a tenu la 7e édition de la journée consacrée à la présentation des travaux de recherche des femmes scientifiques, ce mardi 29 mars 2022 à Ouagadougou. Au cours de cette journée, trois femmes ont partagé leurs expériences avec leurs jeunes sœurs .
Placée sous le thème « Journée- Femmes et Recherche pour le Développement », cette journée a été marquée par une table ronde sur le parcours de femmes engagées dans la carrière scientifique. Il s’agit du Docteure Félicité Barro, enseignante chercheure en psychologie à l’école normale supérieure (ENS) ainsi que des Docteures Stéphanie Maïga, maître-assistante en chimie et Mariette Minoungou, enseignante chercheure en géologie, toutes deux de l’université Joseph Ki-Zerbo.
Docteure Félicité Barro: « Il fallait rester focus sur ses objectifs »
Félicité Barro rêvait de faire un jour la thèse et se faire appeler docteure. Ayant fait ses premiers pas universitaires à Abidjan, son parcours a été semé d’embûches. Cependant, son courage, sa persévérance et son abnégation au travail lui ont permis d’atteindre les objectifs qu’elle s’était fixée.
La première difficulté selon l’enseignante chercheure est que, vivre à l’étranger pour les études avec des hommes n’était pas toujours évident. « Il fallait rester focus sur ses objectifs», confie t-elle.
Le fait qu’une femme s’en sorte bien dans les études et soit en bon termes avec les enseignants est souvent vu du mauvais œil. Ces préjugés peuvent laisser penser à un recours aux « notes sexuellement transmissibles ». Toute chose qui déçoit profondément.
Toujours selon Félicité Barro, il est difficile pour une femme en tant qu’épouse et mère de faire un parcours complet. Pour réussir, il a fallu faire preuve d’abnégation et de persévérance pour en arriver où elle est.
Docteure Stéphanie Maiga: abnégation et persévérance pour réussir.
Camerounaise d’origine, docteure Stéphanie Maïga a fait ses premiers pas à l’université de Yaoundé 1 où elle obtient une licence en Chimie en 2005. Elle poursuivra sa maîtrise au Burkina Faso car ayant rencontré l’homme de sa vie. Après le DEA, elle décida de s’inscrire en thèse avec l’appui de son directeur de mémoire. En 2014, elle obtient son doctorat .
Tout comme docteure Barro, allier vie de famille et rythme de travail qu’impose la recherche n’était pas du tout aisé.
« Au moment où elle commença son DEA, elle eut son premier garçon. Ainsi, un mois après son accouchement, elle devait sortir pour les analyses sur le terrain.
Lors de sa thèse également, son deuxième enfant vînt au monde. Mais, grâce au soutien de son époux, elle a pu travailler. « J’ai souvent dû amener mon enfant au laboratoire pour faire les recherches. Je l’installais dans une salle à coté avec ma fille adoptive et je travaillais dans le laboratoire », se souvient-elle.
Docteure Mariette Minoungou, un symbole de détermination.
Docteure Mariette Minoungou quant à elle a fait ses études secondaires au Sénégal. Elle obtient un baccalauréat série C et rentre au Burkina Faso pour les études universitaires.
Passionnée de la géologie, elle décide donc d’orienter ses études dans ce sens. Après sa maîtrise, il n’y avait pas la possibilité de continuer en géologie. Il fallait nécessairement avoir une bourse pour poursuivre les études.
N’ayant pas obtenu de bourse, ses frères se sont organisés afin qu’elle puisse repartir au Sénégal. Le DEA en poche, docteure Minoungou rentre au bercail. Sans aucune ressource pour financer son travail de thèse sur le terrain, elle décida de passer ses journées en bibliothèque.
Puis un jour, » j’ai eu la chance de rencontrer un géologue qui me propose de l’accompagner sur le terrain. A l’issue de ma première expérience de terrain, il se propose de m’offrir une bourse de l’IRD et c’est ainsi que j’ai pu travailler sur un autre sujet ».
Grâce à une bourse de l’IRD, elle a pu faire sa thèse à Marseille. « Je suis rentrée au pays après ma soutenance pour travailler », a-t-elle confié.
Pour docteur Mariette Minoungou, « Il faut d’abord avoir la volonté et se dire que le travail est la clé, tout en restant digne. Il ne faut pas vouloir passer par les chemins courts», a-t-elle conclu.
A en croire les participantes, ce partage d’expériences leur a permis de s’identifier à des modèles de réussite. Ces dernières ont compris le secret de surmonter les difficultés.
Du point de vue des panélistes, la femme a réellement sa place dans le monde scientifique, dans le monde de la recherche. Il suffit juste de se donner les moyens pour y arriver.
Berny G