Poussés dehors par les « obstructions » de la junte au pouvoir à Bamako, la France et ses partenaires européens ont officialisé, jeudi 17 février, leur retrait militaire du Mali au terme de neuf ans de lutte antijihadiste menée par Paris, tout en affirmant vouloir rester engagés auprès des pays sahéliens et du golfe de Guinée.
« Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités de fait dont nous ne partageons ni la stratégie ni les objectifs cachés », et qui ont recours à « des mercenaires de la société [russe] Wagner » aux « ambitions prédatrices », a fait valoir le président français, Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse aux côtés des présidents sénégalais, ghanéen et du Conseil européen. Les autorités maliennes continuent de nier la présence de ces mercenaires sur leur territoire.
Paris et ses partenaires souhaitent toutefois « rester engagés dans la région » sahélienne et « étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest » pour contenir la menace jihadiste. Les « paramètres » de cette réorganisation seront arrêtés « d’ici à juin 2022 », selon la déclaration conjointe.
La France est militairement présente depuis 2013 au Mali, proie des groupes jihadistes qui sévissent aussi dans d’autres États sahéliens. Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et a ensuite mis sur pied une vaste opération régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d’Al-Qaïda et du groupe État islamique.
Concrètement, la fermeture des dernières bases françaises au Mali (Gao, Ménaka et Gossi) prendra de « 4 à 6 mois », a détaillé Emmanuel Macron. « Pendant ce temps, […] nous allons continuer d’assurer les missions de sécurisation de la Minusma », qui continuera de bénéficier d’un soutien aérien et médical français sur place, avant le transfert ultérieur de ces moyens, a-t-il assuré.
Des militaires européens participant au groupement de forces spéciales Takuba « seront repositionnés aux côtés des forces armées nigériennes dans la région frontalière du Mali », a-t-il précisé. Le Niger héberge déjà une base aérienne et 800 militaires français.
Depuis 2013, 53 soldats français ont été tués au Sahel, dont 48 au Mali.
Source : FRANCE24.com