A chaque fois que j’ai voulu me libérer de ce poids qui émousse mon esprit et le perverti en racontant cette sombre histoire de ma vie, j’ai toujours eu l’impression de raviver la douleur ; l’impression de remuer le couteau dans la plaie. Il m’a fallu plus que du courage pour l’aborder. Je ne vous en livrerai qu’une partie.
Je m’appelle Marie-Jeanne et j’ai 18 ans à ce jour. Je suis une ‘’ blessée de guerre ’’. C’est le vocable qui est utilisé pour désigner toutes ces femmes pour qui, le mariage n’a pas marché, peu importe la raison ou les circonstances ayant conduit à cela.
Mon mari ou devrai-je dire mon ex-mari est un fonctionnaire international. Il était âgé de 35 ans et moi à peine 15 ans au moment où il a voulu faire de moi son épouse. Cela n’a d’ailleurs pas été chose simple car légalement, je n’avais pas la majorité civile pour me marier. C’est à dire qu’aux yeux de la loi, je ne pouvais pas me marier. Pour jouir de ce droit, il fallait avoir 18 ans. Alors que moi je n’en avais que 15. Mais avec les gracieuses relations de mon mari, nous avons pu le faire au grand bonheur de celui-ci et de ma famille.
Au début de notre mariage, tout semblait bien aller. Mais ma misère n’allait pas tarder à commencer après les 6 premiers mois de notre mariage. Mon mari qui est tout le temps parti pour des missions internationales et tout le temps occupé, m’avait déposé dans cette maison comme une statuette servant à la décoration et aussi comme sa fille. Une fille qu’il n’arrêtait de solliciter et de dominer au lit.
Je ne sais pas s’il ignorait, mais j’étais une très jeune fille, énergique et assez douce avec une virginité jamais été entamée. Je crois que c’est ce qui l’a d’ailleurs poussé à jouer de tout son poids pour obtenir des hommes de loi, cette union.
Pour lui j’étais un adolescent qui ne devrait se plaindre ni de son absence ni de son infidélité répétée et qui, à la limite, devenait un manque de respect. Pour faire court, j’avais eu à un moment donné, l’impression de me marier à mon père qui avait tous les droits sur moi mais qui aimait bien m’avoir dans le lit. Malheureusement il était mon mari.
Chaque jour, chaque minute, chaque seconde qui passait, je supportais de moins en moins les traitements qu’il me faisait subir. Il m’humiliait devant les invités et me versait en face son soutien à ma famille. Il ne cessait de me répéter que j’étais une analphabète et me molestait à toutes les occasions. Mais j’ai supporté tout cela. Il m’a toujours brutalisé au lit.
J’en souffrais silencieusement et tellement, qu’il m’arrivait de me voir en paria. Que peut bien une si jeune adolescente de mon âge à un respectable monsieur de cette classe sociale? Il avait aussi son emprise sur moi car il est celui qui m’a fait femme même si c’est de la plus brutale des manières. Il est celui qui a soutenu et soutien toujours ma famille. C’est peut-être pour ça qu’il me fait subir tous ces traitements humiliants et méprisants.
Je sais que vivre en couple n’est pas chose facile et même que c’est à considérer comme une guerre en partie pacifique. Mais j’avais été déjà préparée à endurer les épreuves de cette institution dite sacrée. Cependant, je ne m’attendais pas à cette purgatoire où j’avais l’impression de payer pour la naïveté dû à mon jeune âge, pour la pauvreté de mes parents, pour tous ces pêchés que j’ai commis en étant une douce jeune fille adolescente, énergique mais surtout innocente.
Je n’arrivais pas à comprendre comment un intellectuel de sa trempe pouvait se comporter de la sorte à l’égard de celle qu’il a prise pour épouse. Justement, si j’ai cette conception de ces types d’hommes c’est dû à la mentalité rependue ici dans ma société.
Beaucoup de personnes et surtout les filles, pensent que tous ces hommes qui ont atteint un certain niveau avancé d’études, ont ce sens distingué du respect de leur femme et savent ce que c’est qu’un foyer. Par conséquent, ils savent mieux aimer et mieux choyer leur femme. Mais hélas !!! Grande est ma déception et profond est mon regret d’être entrée dans ce mariage.
En attendant de vous livrer le reste de mon histoire, je vous prie de me laisser sécher mes larmes car elles coulent fortement et la suite est encore plus dure à relater.
Mais là, je me demande si le comportement de mon mari envers moi, est dû à son statut de cadre par rapport au mien; ou si c’est sa véritable nature ?
Extrait de « La vie de Femme au foyer «