A l’occasion de la 9e édition du Festival International de la liberté d’expression et de la presse (FILEP), les journalistes d’investigations ont échangé avec les participants sur les techniques de l’enquête. Au cours d’un panel organisé ce jeudi 11 novembre 2021 à Ouagadougou, les journalistes ont partagé leur expérience en matière de traitement de l’information relative aux flux financiers illicites.
3 journalistes d’investigations venus du Mali, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire ont partagé avec les participants leur savoir-faire en matière d’enquête. En matière d’investigation, le journaliste doit au préalable avoir à sa disposition des informations d’une source sûre. Après cette étape intervient la phase de vérification de l’authenticité des données. Cette analyse des données se fait en fonction de l’intérêt que le sujet de l’enquête suscite pour le pays. « Il y a un travail d’analyse, d’interprétation qui fait concourir des experts et d’autres personnes ressources pour vous permettre de savoir ce qui se cache derrière ces données », note David Dembélé, journaliste d’investigation du Mali
La culture générale du journaliste est une astuce à prendre en compte dans le cadre de l’enquête. « Quand on exploite des données, il faut avoir une bonne culture. Une fois que la documentation est faite, il faut faire des vérifications au niveau local », conseille Noël Konan, journaliste d’investigation de la Côte d’Ivoire.
Une fois les informations vérifiées, le journaliste doit relater les faits et éviter les commentaires. « Le journaliste ne se contente que de faire ressortir les faits, le commentaire n’a pas sa place », précise Noël Konan, journaliste d’investigation de la Côte d’Ivoire.
Dans le cadre de l’investigation, les panélistes encouragent les journalistes à favoriser la collaboration avec leurs pairs pour gagner en temps et en énergie. Il s’agit d’associer certains collègues à même d’apporter des contributions pertinentes à l’enquête. « Il est important de collaborer avec certains collègues au niveau national de manière à pouvoir sortir quelque chose de solide », recommande Monar Niang, journaliste d’investigation du Sénégal.
Le journaliste d’investigation doit prendre en compte l’éthique et la déontologie
Le journaliste qui investigue doit tenir compte des codes de déontologie et d’éthique. En observant cette recommandation, le journaliste se met à l’abri des poursuites judiciaires. Le journaliste a le devoir d’aller vers les personnes incriminées pour avoir leur version des faits.
« Il faut aller vers les personnes mises en cause dans l’enquête afin de confirmer ou infirmer les faits », préconise Noël Konan, journaliste d’investigation de la Côte d’Ivoire.
Les panélistes conseillent aux journalistes d’intégrer un réseau afin de se mettre à l’abri des pressions nationales. L’appartenance à un réseau limite l’action des pouvoirs publics tendant à intimider les journalistes. « Appartenir à un réseau nous met à l’abri des pressions nationales. Cela limite l’action des pouvoirs publics parce qu’ils savent qu’ils ne doivent pas s’en prendre à vous », mentionne Noël Konan, journaliste d’investigation de la Côte d’Ivoire.
Investigation et lutte contre les flux financiers illicites
Noël Konan, journaliste d’investigation de la Côte d’Ivoire a mené une enquête sur les flux financiers illicites qu’opérait une autorité de son pays. Déterminé et engagé, ce journaliste a été confronté à la résistance de la personne enquêtée.
« La personne qui faisait l’objet de l’enquête a essayé de mettre la main dessus pour empêcher la publication de l’article », confie Noël Konan
Dans le cadre de son enquête, il n’a pas reçu le soutien et l’accompagnement de sa hiérarchie, chose qu’il déplore. Il a donc fait recours à d’autres journalistes qui n’ont pas hésité à l’épauler.
« Ce qui était plus grave c’est que mon journal n’a pas publier l’enquête, c’est un autre site qui a accepté publier », déclare Noël Konan
A travers son engagement et sa persévérance, ce journaliste d’investigation a réussi à boucler son enquête. Contre vents et marées, il est parvenu à dévoiler les flux financiers illicites que menait cette autorité.
« Il fallait montrer que les autorités ne sont pas au-dessus de la loi. Elles sont redevables vis-à-vis des citoyens et nous en tant que journalistes, c’est notre rôle en tant que 4e pouvoir de contrôler l’action publique. C’est ce fil rouge-là qui m’a conduit jusqu’à la fin », conclut Noël Konan.
La 9e édition du Festival International de la liberté d’expression et de la presse (FILEP), se déroule à Ouagadougou du 10 au 13 novembre 2021 sous le thème « Des médias résilients au service des citoyens africains ».